Droits des femmes, parité, francophonie, lutte contre les discriminations, la liste de ses missions à la Ville de Nice situe cette femme de coeur et d’engagements. Idéaliste, atypique aussi, mais pas utopique.
La Journée Internationale de la Femme est à l’origine de notre rencontre et, bien sûr, au coeur des préoccupations de Maty Diouf.
“Des progrès ont été accomplis depuis 1977 [ndlr : date de création de cette journée dans le monde entier.] mais, qu’on le veuille ou non, nous sommes toujours dans une société patriarcale. Le combat continue.” Un combat qui porte sur la place des femmes dans la société mais aussi, singulièrement à Nice, sur la question des violences faites aux femmes, le département des Alpes-Maritimes détenant un bien préoccupant record en la matière.
Pas née avec une cuillère en argent dans la bouche
Détendue, souriante mais concernée, Maty Diouf se prête au jeu des questions sans langue de bois.
Première élue noire de l’histoire du conseil municipal de Nice, elle décevra ceux qui l’attendent comme faire-valoir. “Je sais ce que les gens ressentent, quand je les croise dans la rue, que je leur parle.” Même si la pudeur est de mise et que la personnalité s’efface derrière la mission d’intérêt général, les paroles de la déléguée aux droits de femme sonnent juste, sincères, empreintes de l’expérience de la vraie vie. “Je veux rendre à Nice et à la France tout ce qu’ils m’ont apporté.”
Le politique a-t-il encore un pouvoir sur la réalité ?
Dans la jungle en feu, le colibri transporte toute l’eau qu’il peut dans son bec.
Au toucan qui lui demande à quoi bon, il répond : ‘au moins, j’aurais fait ma part.’ “Je crois beaucoup dans l’enseignement de ce conte africain.”
Incarnée par Maty Diouf, la part du colibri gagne en intensité, en force de caractère et de conviction. “Il faut essayer de convaincre, tout le temps, faire bouger les lignes. Résister aussi. Je crois fermement dans l’idée de résistance, presque de résilience.”
L’action politique a bien un sens pour Maty Diouf et prend des accents quasi-gaulliens lorsqu’elle défend l’idée d’une société idéaliste où chacun trouve sa place, cette ville de tous les Niçois qu’elle appelle de ses voeux, pronant paix sociale et intégration, sécurité et bien vivre ensemble.
“Bien sûr que c’est difficile, il faut se battre.” répond celle qui avoue militer depuis l’âge de 17 ans. Courage et engagement sincère, assurément, le meilleur visage de la politique.
Ma plus grande fierté ? Il y en a tellement, les succès de tous les jours, sûrement
“Pour s’engager en politique, il faut aimer l’autre, se mettre au service, à l’écoute.” Empathie et désir d’être utile, une propension toute naturelle chez cette adjointe au Maire de Nice qui se dit être totalement en phase avec Christian Estrosi sans pour autant renier sa conscience et ses propres convictions.
Elle s’est ainsi déclarée en faveur de Jacqueline Sauvage et confesse une certaine admiration pour Christiane Taubira.
Si elle est fière du travail accompli chaque jour sur le terrain, elle se souvient en particulier qu’elle a été la première à Nice à porter sur la place publique la question de l’excision dont sont victimes 3 millions de femmes chaque année. “Le sujet est tabou mais il fallait en parler.”
Maty Diouf rêve-t-elle d’une carrière politique ? “Pour faire ce travail, il faut faire des sacrifices, beaucoup de sacrifices. Si on n’est pas habité, il ne faut pas y aller. C’est une question d’engagement et de conviction, pas de vision carriériste.” On retrouvera donc plus volontiers Maty Diouf autour d’une table avec des associations comme Femmes 3000 et dans l’action. La résistance. Oui, mais avec le sourire.
Journée internationale de la Femme le 8 Mars 2016 à Nice
Tout le programme sur www.nice.fr
Propos recueillis par Luc Clément
© Karolina Kodlubaj