Beauté

Naali. Safran du collier

Le safran aux vertus ancestrales a inspiré à Nadir, Karim et Abde­rha­man une gamme disruptive de compléments alimentaires. Baptisée Naali, elle exploite les ressources de la Safranothérapie, discipline que les 3 start-uppers ont inventée pour le bien de leurs concitoyen·nes mais aussi des femmes afghanes, dont le pays en proie à l’obscurantisme fournit pourtant le précieux or rouge qu’ils utilisent, considéré par les experts comme le meilleur du monde.

Si vous avez lu le Shennong bencao jing ou à peu de choses près Classique de la matière médicale du Laboureur Céleste, vous savez déjà que le safran figure en bonne place au nombre des plantes que recense cette bible chinoise des drogues naturelles compilée – clament les laudateurs de l’empereur Chen Nong – 2 700 ans avant notre ère. Une datation largement exagérée, exemple flagrant de proto-propagande sinocentrique, et qui ne saurait masquer le fait que la précieuse épice a d’abord été cultivée en Méditerranée, comme en atteste la très sérieuse mythologie grecque – le safran rouge originel ayant fleuri du sang versé par le dénommé Krokos, blessé à la tête lors d’un tournoi de lancer du disque au côté du dieu Hermès – ou encore une antique fresque minoenne polychrome découverte à Knossos en Crète. Alexandre le Grand en aurait d’ailleurs fait de fréquents bains censés guérir ses blessures, accroître sa force impériale et repousser les frontières.

Grand est ainsi le prestige du safran, plus encore le prix de cet or rouge (dont le kilo se monnaie le prix d’une Volkswagen Golf toutes options), justifié par l’infini soin apporté à la production d’une plante miraculeuse qui, sans l’homme, n’existerait pas. Au fil des siècles, de nombreuses régions du monde en ont développé la culture et revendiqué la meilleure qualité. Interrogez donc Abde­rha­man Nour Ebad, Nadir Tayach et Karim Boucenna, ils vous diront que le meilleur est aujourd’hui cultivé, contre toute adversité et selon les méthodes les plus traditionnelles, en Afghanistan. Un safran rouge de catégorie 1, certifié ISO 3632 par l’International Taste Institute de Bruxelles. Pourquoi diable les 3 amis lyonnais, frais émoulus du programme Entrepreneurs dans la Ville d’EM Lyon, se sont-ils pris de passion pour le safran afghan ? 

Avisés des bénéfices pour la santé des précieux pistils, ils ont décidé de lancer leur start-up sur le créneau disruptif de la Safranothérapie, discipline qu’ils ont inventée et défrichent en développant leurs gammes de compléments alimentaires. Des formulations originales, fondées sur les ressources anti-âge, anti-inflammatoires ou anti-stress tirées – selon une méthode d’extraction moléculaire exclusive – des principes actifs de la plante (safranal, crocine, crocétine et autre picrocrocine aux sonorités plus proches de Rabelais que du Vidal) auxquels on peut ajouter à l’avenant bonne influence sur la santé mentale, soulagement du syndrome prémenstruel ou encore réveil de la libido. 

Leur créativité galénique, qu’illustrent gummies anti-stress, collagène marin au safran, crème visage spéciale cycle menstruel ou masque de nuit rééquilibrant, s’augmente plus encore d’une vision d’entrepreneurs en quête d’impact positif. Car les bienfaits du safran, ils ont d’emblée décidé de les mettre à profit pour guérir les maux de la société afghane, terre natale d’Abderhaman. Promouvoir la culture du safran à forte valeur ajoutée permet de soutenir une économie agricole locale et vertueuse, en faisant reculer les cultures génératrices de trafic (en clair, la drogue). Mais aussi de dégager des profits pour défendre l’accès des femmes afghanes à l’éducation en soutenant Code to Inspire, la première académie de codage pour filles à Herat, dans l’ouest de l’Afghanistan. Longue vie donc à Naali qui soulage nos bobos occidentaux en repoussant les talibans.

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