Beauté

13byHC, le tatouage sans le feu.

Lauris Giacalone et Mary Allaria ont imaginé, depuis Grasse, une crème plus saine spécialement conçue pour les peaux tatouées. Exit les compositions à rallonge, 13byHC va à l’essentiel. Rencontre de tatouée à tatouée avec la dynamique Mary, pour parler tatouage (donc), science (pas de panique) et bienfaits des actifs naturels. 

D’abord, que cache le nom de code 13byHC ?

À la base, nous avions une société dans la métallurgie, nous fabriquions des pièces en acier forgées pour l’industrie, notamment pour les sous-traitants d’EDF. En 2019, Loris a fait un burn-out après 25 ans à travailler dans cette branche et il a décidé pour sa reconversion de suivre une formation de naturopathe. De là, nous avons ouvert un centre de naturopathie et bien-être dans lequel je m’occupais de tout ce qui était massage. Puis Loris a choisi de se spécialiser dans le traitement des infections de la peau, ayant été très marqué par l’acné quand il était adolescent. Il a alors commencé à concevoir des crèmes pour les problèmes de peau.

L’élément déclencheur  c’est en 2021, quand il décide de se faire tatouer sur l’épaule. Le tatoueur lui conseille d’acheter une crème de soin en pharmacie, type Cicaplast, Bepanthen. En bon naturopathe, il se méfie car il pense immédiatement aux huiles minérales, mauvaises pour la peau, contenues dans ces produits. Mais il décide de se fier aux recommandations du tatoueur, comme c’était son tout premier tatouage. Il constate rapidement que la crème laisse un effet gras sur la peau, sans aucun soulagement du tiraillement, ni de la sensation de brûlure que l’on appelle le feu. Au bout de deux jours, il fabrique sa propre décoction à la maison et, dès la première application, c’est le jour et la nuit. Il retourne alors voir son tatoueur et lui demande pourquoi il ne préconise pas de crèmes naturelles, et il lui répond que, justement, il en cherchait une. Le projet est né de là et il faudra 13 formulations pour trouver la bonne, d’où le nom. 

Vous avez travaillé main dans la main avec un naturopathe, une tatoueuse, un biologiste et un dermatologue. Expliquez-nous le processus. 

Lauris, avec son expertise de naturopathe, Arnaud Gea, biologiste chimiste et professeur de physiologie et biochimie en première année de médecine, Cyril, le tatoueur de Lauris, puis Caroline Avetand pour les aspects techniques du tatouage et moi, avons formulé une crème pour la recherche. Ensuite, nous avons créé le comité scientifique, pour professionnaliser notre démarche, travailler en synergie avec les tatoueurs et être en accord avec le statut d’expert naturel de la peau auquel nous aspirons, pour pousser la recherche vers d’autres produits à venir. Philippe Andres, le dermatologue, est arrivé à ce moment-là et Lauris, qui ne pouvait pas être juge et partie a été remplacé par François Benavente, naturopathe lui aussi.

Pouvez-vous me parler des éléments principaux qui composent votre crème ? Et leurs vertus pour les peaux tatouées, qui ont sûrement des besoins particuliers ? 

On est parti de chaque problématique que peut présenter le tatouage, et avec un ingrédient naturel, on y répond. Pour ça, on est allé chercher dans la littérature scientifique les études disponibles sur chaque ingrédient choisi. Il fallait d’abord une crème qui s’étale facilement sur la peau et qui n’accroche pas, pour qu’il n’y ait aucune sensation de douleur à l’application, un bon slide. Pour ça, on a utilisé l’huile de ricin lubrifiante. Il fallait également couper la sensation de brûlure, et c’est le rôle de l’huile de coco, qui est en en plus anti-microbienne. La crème est aussi composée d’huile de jojoba et de chanvre, qui pénètrent rapidement dans la peau, d’huile essentielle de lavande pour favoriser la cicatrisation, d’immortelle anti-inflammatoire, de Q10 (une coenzyme naturellement présente dans le corps humain qui stimule notamment la production de collagène, ndlr), d’acide hyaluronique au fort pouvoir hydratant et de vitamine E.

Un point sur lequel j’ai été intransigeante, c’est que je ne voulais pas que la crème reste grasse, de sorte que l’on puisse enfiler même un chemisier blanc après avoir appliqué de la crème sans aucun problème. Pari tenu. 

Votre produit est à 98% d’origine naturelle et ne contient aucune huile minérale, controversée et mauvaise pour la planète et notre corps. C’était important pour vous de mêler la dimension environnementale à celle de la santé ? 

Oui complètement, c’est pour cela d’ailleurs que l’on a décidé d’éliminer tout ingrédient nocif ou polluant et de conditionner notre crème dans un pot en aluminium recyclable. L’éthique, c’est un tout. On ne peut pas dire que l’on ne met pas d’huile minérale et utiliser du plastique à foison. Nos présentoirs sont en bois recyclés et recyclables, les tatoueurs peuvent les garder des années. Contrairement à ceux en carton, peu solides, que l’on doit fournir à chaque commande. On travaille sur du long terme sur tous les niveaux, même avec nos tatoueurs. 

Votre crème est scientifiquement pensée pour les peaux tatouées, mais son usage peut-il être étendu à tout le monde ? On pourrait-on, par exemple, penser à un usage médical ? Que pouvons-nous attendre de 13byHC dans le futur ?

Lorsqu’elle était en phase de test, nous avons fait circuler la crème autour de nous et nous avons eu des retours sur ses multiples usages, souvent dans des cas de brûlures ou encore d’eczéma. Ce ne sont pas ses fonctions premières, mais ça paraît logique car le tatouage crée pas mal des problématiques que peut rencontrer la peau. Nous sommes d’ailleurs en train de travailler sur un produit pour traiter l’eczéma de manière naturelle. Sans cortisone, ni produits chimiques. 

On associe rarement l’univers du tatouage à des aspirations vegans et naturelles. Est-ce votre mission ?

Le monde du tatouage est un monde particulier, on le découvre au fur et à mesure. Il y a plusieurs sortes de tatoueurs : celui qui exerce depuis 20, 30 ans, et reste fidèle à ses crèmes chimiques, parce que pour lui il n’y a pas de quoi s’inquiéter, et les tatoueurs nouveaux venus dans le métier, qui sont beaucoup plus ouverts et en demande de naturel. 

On s’est rendu compte que les tatoueurs ne sont absolument pas formés aux problèmes de peau et de cicatrisation. Du coup, on offre cette formation qu’Arnaud Gea, du comité scientifique, a mise en place pour mieux connaître la cicatrisation post-tatouage. Les tatoueurs peuvent aussi se montrer sensibiles à la préservation de l’environnement. Ce sont plutôt ceux-là qui travaillent avec nous.

13-byhc.com