Art de vivre

Marseille, bientôt un vrai modèle green ?

Décidément, cette ville ne fait rien comme les autres. Elle, qui avait la conscience écolo en berne, dépasse aujourd’hui toutes nos espérances.

Cultures atypiques

Onet, La Banque Postale… Que font ces sociétés dans notre dossier ? Et bien, en accueillant des ruches sur leur immeuble, elles participent à la biodiversité – donc à notre survie. C’est Gérard Jourdan, ex-moniteur de moto et apiculteur par passion, qui a eu l’idée de vendre un Miel de Marseille (IGP) issu d’une récolte sauvage dans un jardin de la rue Paradis. Pour l’avoir goûté, un dirigeant du Sofitel en est tombé dingue, lui a proposé ses toits et, depuis, les commandes affluent.
D’ailleurs, prêter un bout de terrasse ou de jardin à ses abeilles donne droit à une part de récolte. Sinon, on le trouve aux marchés des Chartreux, des Réformés et de la place Sébastopol (06 83 50 57 32).

00 grammes récoltés en 2015, ça paraît maigre. Mais on parle ici de safran, cultivé à Saint-Loup sur les terres paternelles par Brigitte Chenot-Kaftandjian, seule safranière intra-muros à ce jour. Forte de 1 000 métiers, sa vie consiste aujourd’hui à dépierrer, sarcler, guetter l’éclosion des fleurs, en couper les stigmates, les sécher, les conditionner. À s’émerveiller de la solidarité des Marseillais qui lui prêtent main-forte. Et encore réaliser chaque semaine des repas tout safran dans une totale ambiance cabanon. (Facebook : lesafrandemarseille).

Bonheur dans le pré au pied des cités

Dans le genre surprenant, direction les quartiers Nord : voici 2 ans, Marie Maurage lâchait sans regret sa ferme des Hautes-Alpes pour 12 hectares prêtés par la Ville, au pied d’une cité des Flamants peu réputée pour son bucolisme. Elle y élève vache jersiaise, chèvres, brebis, cochons, et vend sur place ses yaourts, fromages, poulets ou agneaux bio. Visites pédagogiques et ateliers de fabrication complètent ses activités.
Son rêve ? Encourager les gosses du quartier, qu’elle adore, à se nourrir plus sain. (Facebook : fermedelatourdespins).

 

En attendant, son fumier fait des heureux : non loin, de jeunes paysagistes ont converti une terre en friche de 11 hectares en potager. Cours de maraîchage en permaculture, vente hebdomadaire de légumes, traque aux sangliers ravageurs, rien ne leur fait peur. Et s’ils poursuivent leur métier de créateurs d’espaces verts, ils sont en prime traiteurs à domicile et de toutes les manifs de gastronomes.
terredemars.fr

Pas question de quitter le 14e arrondissement sans citer l’EARL Le dernier paysan de Marseille. Comme leurs parents, Delphine et Lionel Garnerone cultivent avec amour et sans pesticides mescluns, roquette et autres pousses vertes. On les trouve chez des primeurs comme l’Épicerie Paysanne, rue Léon-Bourgeois, pionnier d’une lignée ultra locavore qui fait des émules en ville, et c’est tant mieux.

Remue-ménage en boulange

Qui l’eût cru ? Une floppée d’artisans boulangers, hantés par leur passion, ont envahi la cité en un rien de temps. Le Pain des Collines, chouchou des restaurateurs, a enfin pignon sur rue aux Camoins. Le quartier d’Endoume a sa part de gâteau avec les ouvertures simultanées de Maison Saint-Honoré et de Dame Farine. Un Bar à pain, craquant, a éclos cours Joseph-Thierry. Boulevard Chave, la toute fraîche boulangerie Les Mains Libres met un point d’honneur à se fournir dans les Bouches-du-Rhône, farines et œufs bio inclus. Que du bonheur.

Les becs sucrés, alléchés par les effluves s’échappant d’un porche rue Sainte, découvrent La Pépite, un atelier de pâtisserie flambant neuf, dont les brownies et tartes au citron ne contiennent ni gluten ni lactose. Avis aux intolérants, ils sont exquis (04 91 61 47 50).

Avec ça, on boit quoi ?

Exploités jusqu’au XVIIe siècle, les vignobles à Marseille ont totalement disparu. Qu’à cela ne tienne. Licenciée de Chimie et Diplôme national d’œnologue en poche, Fabienne Völlmy cueille manuellement les fruits de parcelles anciennes autour de la ville et les rapporte dans son chai, derrière la mairie. Là, miracle ! De chaque parcelle, elle soutire un vin unique, sans assemblage. D’où ses séries très limitées de cuvées aux étiquettes folles et au caractère stupéfiant (microcosmos.fr).

Moins couture mais fort gourmande, la cave Au cœur des vignes, rue d’Endoume, louche du côté des vins locaux en biodynamie : lasse de surfer dans les hautes sphères de l’édition, Bella Bouaziz préfère convier de petits producteurs autour de buffets à thème, poissons de la rade ou champignons des collines, concoctés par son ami Loris. Le jeudi, tout le quartier y récupère un panier certifié Ecocert, où s’invitent les légumes de 20 petits producteurs locaux. L’art de tisser du lien ne s’invente pas (04 91 52 85 47).

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée