Art de vivre

Taera, la force vive

Réchauffement gastronomique en vue dans le solennel patio de l’Hôtel de Paris à Monte-Carlo où la cheffe Victoria Vallenilla a déployé toute l’authenticité du Venezuela et sa propre énergie rose irrésistible. Une pop-up table réjouissante à laquelle on a envie de souhaiter longue vie.

Le cœur feutré du plus beau palace de la Principauté bat un peu plus fort depuis que Victoria Vallenilla, dont on a pu apprécier la maestria à la tête de Coya Monte-Carlo, autre propriété du groupe Monte-Carlo Société des Bains de Mer, y a posé ses valises. Loin d’un concept culinaire de plus, cette nouvelle adresse presque un peu secrète respire la sincérité et le projet de cœur, porté par le talent et l’audace d’une jeune trentenaire à l’énergie communicative.

La réinvention d’une cuisine familiale

Pour nommer sa première table personnelle, Victoria, qui partage désormais son temps avec l’estival et très couru Coya Monte-Carlo, a choisi Taera, qui signifie force dans l’une des langues autochtones de son Venezuela natal. Une force comme celle qui lui a fallu pour relever le défi que lui ont lancé les responsables du groupe Monte-Carlo Société des Bains de Mer, à la recherche d’une nouvelle proposition culinaire. Esquivant ceviche et autres sushis, elle propose sur un coup de tête d’adapter sa cuisine familiale d’enfance dans une approche contemporaine. Une cuisine qu’elle garde comme un merveilleux souvenir d’enfant mais qu’elle n’a jamais apprise, ayant été formée aux canons de la gastronomie française comme en témoigne son parcours auprès de Joël Garault à l’Hôtel Hermitage ou Alain Ducasse. 

Puisant dans la mémoire et le tour de main familial, elle revisite en un temps record les recettes emblématiques de son pays natal et réalise un testing qui emballe ses commanditaires, pourtant sceptiques. Dans la foulée, elle se voit confier une carte blanche pour développer son idée au cœur du plus beau palace de Monte-Carlo. Le résultat ? Absolument réjouissant. Travailleuse acharnée (elle a appris à écrire le français en quelques semaines pour son diplôme de cuisine) et control freak invétérée, Victoria brille surtout par son talent lumineux et son sens généreux du collectif. Pour le décor flamboyant de Taera, elle n’a pas hésité à associer Viviana Grondona, artiste colombienne chouchou des réseaux, et composé à 4 mains une ode à la biodiversité et à la joie de vivre du Venezuela. Histoire de dénier avec force – là encore – les clichés qui accompagnent l’image de son pays. 

Décor et assiettes au diapason

Passionnée de déco, celle qui se destinait à une carrière d’architecte a supervisé chaque détail de son micro-restaurant que l’on découvre presque par hasard, comme elle le souhaite, dans le monumental patio de marbre de l’Hôtel de Paris. Toute la collection d’assiettes, alternant jeux de terre brute et émaillée, a été pensée par Victoria en dialogue avec des céramistes de la région et en harmonie avec ses plats, les objets décoratifs, peints à main par ses soins. Les tenues, réalisées sur mesure, associent volants d’inspiration flamenca, en vert amande et sur tous les tons de rose, la couleur fétiche de la cheffe qui a même fait réaliser sa blouse d’après ses dessins, pour apporter plus de confort et de féminité à son exercice quotidien. 

À la carte, on se régale de croustillants Tequeños au fromage, sauce guasacaca, piquantes Sardinas encurtidas et pickles de légumes, fondant Queso crema aux poivrons confits, déclinaison d’Arepas, galettes de maïs au tartare de saumon, au jambon de wagyu et fromage crineja, sans oublier le Pabellón criollo, effiloché de bœuf, riz et haricots noirs, banane plantain et œuf de caille, plat emblématique du patrimoine vénézuélien, et l’irrésistible Quesillo, flan crémeux caramel vanille, réalisé selon la recette fidèlement reproduite de la grand-mère de Victoria.

Omniprésente en cuisine, parmi sa brigade exclusivement féminine, en salle pour expliquer les plats, détailler les recettes, conseiller les accords mets et jus de tamarin, elle incarne une vision totale de la cuisine où la déco ne bluffe pas mais se met au diapason des nouvelles saveurs que l’on découvre avec ravissement. Projeté le temps d’un repas à l’atmosphère joyeuse vers les rivages de l’Île de la Margarita, comme invités en famille chez Victoria Vallenilla. Son oncle, artiste vénézuélien réputé, fournit même la bande son de ce voyage savoureux. Divine surprise.

Image principale : lumineuse Victoria Vallenilla dans sa veste de cheffe sur mesure, dessinée par elle-même, et devant la fresque de son amie l’artiste colombienne Viviana Grondona Ci-dessus : l’ambiance pétillante de Taera, table vénézuélienne authentique qui donne des couleurs au patio de l’Hôtel de Paris Monte-Carlo. © Photos Monte-Carlo SBM.