Art de vivre

Bastia, la Citadelle s’éveille

La Citadelle de Bastia aurait pu s’endormir pour longtemps, façon décor de carte postale. Mais depuis un an, des artisans s’y réinstallent pour en faire un lieu d’art et de création.

Il faut gravir l’escalier Romieu ou s’aventurer dans les ruelles du Puntettu pour l’atteindre. Perchée au dessus du Vieux Port, la Citadelle de Bastia ne se livre pas facilement. « Les gens qui arrivent ici ont l’impression d’avoir découvert quelque chose », sourit Rose Lucchesi, la brocanteuse. Sur la place Guasco, où elle a ouvert sa brocante il y a un an, les enfants jouent et on salue les voisins qui passent.

Cette ambiance de village dans la ville, c’est ce qui a séduit Christine Ollivier, créatrice de bijoux installée à la Citadelle depuis juillet 2016.
« Ici, il n’y a ni bruit ni pollution, s’enthousiasme-t-elle. Il y a moins de passage qu’en bas, mais comme j’aime expliquer mon travail aux clients et être au calme, j’y suis très bien. »
Si ce calme peut plaire, il a aussi fait fuir nombre de commerces. Aline Tapiero, une mémoire du quartier dont les ateliers de patchwork ont résisté à la désertion, se souvient de l’époque où « il n’y avait plus que deux commerçants et un seul restaurant ».

Depuis l’ouverture fin 2015 de l’Hôtel des Gouverneurs, seul quatre étoiles de la ville, la Citadelle sort de sa torpeur. Christine Ollivier et ses voisines sont convaincues que le patrimoine historique du quartier est le cadre idéal pour mettre en valeur le savoir-faire des artisans locaux. « Pour que la Citadelle attire du monde, il faut y créer un vrai pôle d’artisanat et pas y mettre des chinoiseries ! », pense Valérie Fleury, qui a ouvert une épicerie fine dans la rue Notre-Dame. Gaby Mamberti, artiste peintre, rêve de faire de la Citadelle un « Saint-Paul-de-Vence corse » mais « en conservant l’aspect village avec une boulangerie et des commerces comme il y en avait quand j’étais gamine. »

La Communauté d’agglomération de Bastia s’est déjà engagée à mettre trois de ses locaux dans la Citadelle à disposition d’artisans d’art. Courant mai, une créatrice de bijoux en bois flotté ouvrira son échoppe et viendra ainsi agrandir le cercle des fées penchées sur la Citadelle endormie.

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée