Art de vivre

Emilie Borel, enracinée parmi les oliviers

À 30 ans, Emilie Borel abandonne une carrière dans l’humanitaire pour renouer avec ses racines méditerranéennes. Ce sera en Corse, au milieu des oliviers, et peu importe les obstacles à affronter.

Sous la douceur de la voix pointe l’ardence de la passion, le poivré du culot et la fraîcheur du courage. Depuis bientôt 10 ans, Emilie Borel ne fait plus qu’un avec ses oliviers et les adjectifs utilisés pour qualifier ses huiles ont fini par s’appliquer à sa personnalité. Arrivée en Corse au début des années 2000, elle n’était pourtant pas destinée à devenir oléicultrice : J’avais une carrière toute tracée dans l’humanitaire, raconte-t-elle. J’ai travaillé pour l’ONU en Asie et en Afrique. Après avoir vu la guerre, j’ai voulu revenir à quelque chose de serein et paisible. Emilie cherche alors à renouer avec ses racines méditerranéennes mais elle ne retrouve pas à Marseille l’ambiance de son enfance. C’est en Corse qu’elle se sent bien. Ici, la Méditerranée prend tout son sens : c’est le soleil, la joie, mais aussi le drame et la souffrance. Les oliviers sont pour elle la continuité logique de ce retour à la terre.

L’huile d’olive n’est pas seulement une culture au sens agricole mais aussi un pan de la culture méditerranéenne, estime Emilie. Elle se met donc en tête d’acquérir du terrain pour y planter des oliviers. Un parcours du combattant jalonné de coups de chance. J’ai commencé avec 5 hectares et aujourd’hui, nous en avons 35. Nouveau signe du destin lorsqu’elle demande l’aide d’un moulinier. Il s’appelle Ivo, il est Italien et débarque en Corse pour ne plus repartir : c’est aujourd’hui son mari. Emilie, Ivo et leur fille ont fait terre sur leur oliveraie de Linguizzetta. Leur maison parmi les oliviers domine le moulin où sont pressées les huiles du Domaine Oltremonti. Emilie et Ivo visent l’excellence du vierge extra et leurs méthodes détonnent avec la tradition : des engrais biologiques, des tailles régulières pour que l’olivier respire, un délai très court entre la cueillette et la pression pour conserver toutes les vertus de l’olive encore verte. Même si, pendant 3 mois de l’année, Ivo ne dort presque pas, même si Emilie sillonne l’île pour les foires et marchés, même si des dents grincent encore autour de ce couple d’agriculteurs qui casse les codes, on y a toujours cru, assure-t-elle.

Les récompenses amassées lors des concours internationaux prouvent qu’ils ont eu raison : double médaille d’or à Athènes, prix « Best of France » au Japon, médaille de bronze au concours du Conseil oléicole international… À ces distinctions s’ajoutent la fidélité des clients, l’amitié des chefs, et l’intérêt des touristes qui pourront, dès cet été, déguster les huiles autour d’un dîner sous les oliviers du domaine. Si Emilie n’a jamais baissé les bras, c’est surtout parce que ses racines sont profondément ancrées dans cette terre corse qui lui a rendu au centuple ce qu’elle lui a donné : Quand on voit notre fille courir parmi les oliviers, on sait pourquoi on fait tout ça.

Domaine Oltremonti
Lieu dit Tristani, Bravone, 20230 Linguizzetta
Dégustation & vente sur place toute l’année.
Visites guidées du 1er mai au 30 septembre.
Soirées « Les Mardis du Moulin » du 20 juin au 12 septembre 2017 : visite du moulin, initiation à la dégustation d’huile d’olive suivie d’un cocktail dînatoire dans l’oliveraie.

oltremonti.com

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée