Art de vivre

Sur la route des domaines bio, nos adresses dans le Luberon

Le Luberon grandit entre garrigue, terres cultivées, sous-bois de chênes truffiers ou oliveraies, mais aussi hectares de vigne, peu à peu convertis en bio. Voici notre route des vins et des sens, à suivre sans modération.

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Château La Verrerie
À la hauteur d’une sage réputation

Au détour d’une route qui grimpe au creux de la combe ombragée, le chemin ménage la surprise. Métissage d’inspirations provençales et toscanes, la magnifique bâtisse se réchauffe doucement après les dernières pluies d’un printemps capricieux. Le ciel vire à l’azur. Durance bleu glacé, vert cyprès, mistral cristallin, le Château La Verrerie respire la fraîcheur. Dans les pas d’Olivier Adnot, nous entamons la visite. L’œnologue est venu de sa Champagne natale explorer les richesses de ce domaine depuis une douzaine d’années. Sourire en bandoulière, avec l’œil pétillant de ceux qui aiment leur métier, il explique le terrain en restanques comme façonné pour y construire une cave ; la diversité des cépages (5 blancs – 5 rouges) autorisant une cueillette à parfaite maturité ; les foudres en chêne Stockinger flambant neufs, spécialement venus d’Autriche, ou les nouvelles cuves béton, comme on en avait avant. Et puis bien sûr, ce sol argilo-calcaire recouvert d’éboulis, aux confins de la vallée du Rhône et de la Provence. « Un terroir particulièrement propice à l’élaboration de rouges magnifiques, comme en rêvait Monsieur Descours ! » se réjouit l’œnologue. André Descours – l’ancien patron de la marque de chaussures André – avait acheté le domaine en 1981 sur un coup de cœur. À l’origine, il ne cultivait que 20 ha de vignes récoltées et vinifiées en coopérative. Il en recense aujourd’hui 60, convertis au mode d’agriculture biologique depuis 2009. « Nous avons alors opéré un virage, en travaillant plus sur l’acidité, en vendangeant plus tôt pour des vins plus aériens et gourmands, avec plus de fraîcheur et de finesse » précise Olivier Adnot. Si en Provence, les vignerons font 80 % de rosé, ici, c’est 35%, 10% de blancs et 55% de rouges. André Descours serait content. Côté Rouges, la gamme offre 3 options. La Bastide de La Verrerie, assez frais et léger, pour les tables d’été. Le Château La Verrerie rouge 2015, plus gourmand et puissant. Enfin, la cuvée Grand Deffand, pépite du domaine, qui s’affirme comme un vin de gastronomie élégant et racé pouvant se garder 15 à 20 ans. Souvent primée, elle n’est élaborée que lors d’années exceptionnelles. Côté Blancs, des vins un brin plus acides et fins que ceux de la région. Côté Rosés, le Château La Verrerie 2016 séduit par sa robe diaphane, ses arômes de fruits et d’agrumes, ses notes de fleurs blanches. Nouvelle boutique ouverte toute l’année, dégustations des cuvées et huiles d’olives du domaine, parcours dans les vignes, masterclass dégustations et accords des vins, pique-niques en musique, un rendez-vous s’impose.

1810, route du Luberon, Puget-sur-Durance, 04 90 08 97 97, chateau-la-verrerie.com

vins-bio-luberon-Domaine-de-Fontenille-©-Serge-Chapuis

Domaine de Fontenille
Engagé de nature

C’est à Lauris, joli village proche de Lourmarin, que l’ex-PDG d’un empire de mode et le propriétaire d’une des galeries les plus en vue de Paris ont posé leurs valises. En déclin, le domaine viticole de Fontenille ne demandait qu’à renaître. Trois années auront été nécessaires pour que le Domaine puisse revendiquer le label Agriculture Biologique. Et l’on parle déjà de biodynamie et de permaculture. Caractéristiques de l’AOP Luberon, les cépages de syrah, grenache noir, grenache blanc, vermentino voisinent ici avec d’autres plus spécifiques qui entreront dans la réalisation de cuvées spéciales : viognier, petite syrah, mourvèdre. Première expression de cette conversion, le Rosé Bio 2017 du Domaine dévoile au nez un mélange de parfums floraux où se marient des notes subtiles de pêche, de nectarine et d’épices. La bâtisse du XVIe a également été rénovée avec brio pour devenir hôtel 4 étoiles. Architecture classique, déco contemporaine ponctuée d’œuvres d’art issues des collections des propriétaires, 17 chambres, spa et piscine, un restaurant gastronomique où officie le chef étoilé Jérôme Faure et une table façon bistrot. Le tout dans un écrin végétal où se mêlent la délicatesse des rosiers, la noblesse des arbres centenaires et le bonheur d’une vie à la campagne. On en oublierait presque le centre d’art et le fonds de dotation « The Ivory Foundation » qui accompagne 15 projets de potagers en Afrique australe.

Lauris, 04 13 98 00 00, domainedefontenille.com

vins-bio-luberon-chateau-Fonscolombe-2-tours-©-Michel-Trehet

Château de Fonscolombe
Conte de fée moderne

Si vous rêvez d’une vie de princesse moderne, bienvenue au Château de Fonscolombe. Erigée au XVIIIe siècle face à la montagne du Luberon et à 15 km d’Aix-en-Provence, la bâtisse se niche au cœur d’un domaine de 168 ha, dont 40 de vignoble blanc, rosé et rouge. Inspirée du Quattrocento italien, son architecture, qui abrita des hôtes de renom – les marquis de Saporta, de Fonscolombe, même la Reine d’Angleterre – a été rénovée avec un sens inouï du détail. Si la propriété s’est aujourd’hui muée en hôtel de luxe au charme romantique, elle produit sur 17 ha, en merlot, chardonnay et cabernet sauvignon, des vins au « nez fin et fruité » labellisés Agriculture Biologique. Ici, le terroir très caillouteux associé au climat méditerranéen marque le vin de son empreinte. Le Rouge s’affiche très puissant, de bonne bouche avec des tanins bien équilibrés, des arômes de fruits rouges et de sous-bois. Subtil et délicat, le Rosé déploie des arômes de rose et de mûre. La Cuvée Spéciale rosé Bio se réserve les meilleurs raisins des parcelles la Butte et St-Barthélemy, plantées de vignes âgées taillées court. Reconnue pour ses notes florales qui parfument un vin plutôt sec, la Cuvée gourmande blanc Bio enchante la chair d’un poisson grillé ou la fraîcheur de coquillages et crustacés.

3301, route de Saint Cannadet, Le Puy Ste Réparade, 04 42 21 13 13, fonscolombe.fr

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Domaine de MasLauris
Le respect du terroir

C’est encore l’histoire d’un changement de vie, celle d’un avocat amoureux du vin, et d’une rencontre avec un œnologue de renom, enfant de Lauris. Didier Théophile cherche un vignoble, Michel Tardieu lui prodigue des conseils avisés. Assez pour qu’en 2010, l’avocat jette son dévolu sur le Domaine de MasLauris et sa dizaine d’hectares de vignes. Le panorama est magnifique, embrassant le Luberon jusqu’à la montagne Sainte-Victoire. Le terroir allie les qualités de terres sablo-limoneuses et de cailloutis bien drainées, riche en oligo-éléments, et bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel. Mais l’état des vignes est catastrophique. Il faut tout arracher, laisser les terres au repos. Puis se lancer dans un travail acharné de replantation. Avec humilité, nos vignerons passionnés choisissent des cépages de la région, mourvèdre, syrah, serine (ancêtre de la syrah), grenache noir, grenache blanc, roussane, cinsault, vermentino et viognier. Et conduisent courageusement leur vignoble en mode biologique. Journées brûlantes suivies de nuits fraîches en été, hivers secs et rigoureux, et ce fameux mistral. Les conditions sont là pour favoriser naturellement des vendanges saines. Aurélien Le Tellier, jeune vigneron passionné, veille désormais au grain. Impliqué, scrupuleux, il met en pratique ses convictions : le vin se fait à la vigne. A la cave, les vinifications sont menées de façon douce, naturelle et respectueuse, suivant les conseils de Michel Tardieu, respectant amoureusement ces raisins vendangés à la main, à maturité optimale. Avec le millésime 2015, le Domaine MasLauris lance enfin sa gamme, en appellations Luberon et IGP Vaucluse. Les vins rouges doivent beaucoup au palais affuté de Michel Tardieu, tant en entrée de gamme avec la cuvée « les terres de Maslauris » qu’avec l’Inopiné, 100% serine, qui exprime un fier profil méridional. Matière dense et concentrée, tannins d’une belle finesse et arômes flatteurs – fumé, lardé, fruits noirs – pas étonnant que de nombreux restaurants gastronomiques aient déjà décidé de le proposer à leur carte. Le succès du domaine se précise : trois nouvelles parcelles viennent d’être plantées ce printemps. Dégustation et visite du Domaine sur rendez-vous.

Les Grès, Lauris, 06 79 80 03 35, maslauris.fr

Et aussi sur notre route des vins bio du Luberon, on y rencontre …

Château La Canorgue
Pionnier du vin bio, Jean-Pierre Margand a converti son exploitation à l’agriculture biologique dès les années 70. Avec sa fille Nathalie, ils produisent aujourd’hui un vin rouge (grenache – carignan – dominante de syrah), remarquable. Très floral, parfumé, aux arômes nuancés, il sait rester gourmand et digeste. Caveau de vente sur place.
Route du Pont Julien – D149, Bonnieux, 04 90 75 81 01, chateaulacanorgue.com

Château Fontvert
Exploité par la même famille Monod depuis plus de cinquante ans, la totalité du vignoble est travaillée en agriculture biologique depuis 2008. Des convictions qui se sont encore renforcées en 2009 en choisissant la culture en biodynamie. Différentes préparations naturelles (« bouses », composts, décoctions…) pulvérisées sur le vignoble stimulent les systèmes de défense naturels. Au final, quatre cuvées de rouge, deux de blanc et deux de rosé. À découvrir, pourquoi pas, lors de cette dégustation de vins bio organisée au château par le groupe de vignerons « BioDynDinguesDonc », le samedi 21 Juillet, de 17 à 20 heures.
15 chemin de Pierrouret, Lourmarin, 04 90 68 35 83, fontvert.com

Domaine La Cavale
Voulu par Paul Dubrule, propriétaire du Domaine La Cavale, une cave signée Jean-Michel Wilmotte, un bar olfactif de 36 arômes enomatic délivrant des dégustations au verre et une top-cuvée Le Blason de Cavale à base de vieilles parcelles de grenache et de syrah qui vaut le détour. Le tout sur 56 hectares d’un domaine magnifique. Visite du caveau sur réservation.
3017, route de Lourmarin, Cucuron, 04 90 77 22 96, domaine-lacavale.com

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée