Mode

En janvier, je vire vegan

De sacs à main en cactus aux sneakers à base de maïs, voici une sélection de sept marques cruelty free qui ne manquent pas de chien.

Attention, être vegan, ce n’est pas seulement veiller à ce que l’on met dans son assiette, en débusquant tous les produits d’origine animale. C’est aussi choisir scrupuleusement ce que l’on range dans ses placards à vêtements, accessoires et chaussures. Rassurez-vous, il est de plus en plus facile de succomber à la tendance sans céder à la cruauté. De sacs à main en cactus aux sneakers à base de maïs, voici une sélection de sept marques cruelty free qui ne manquent pas de chien.

Sac à main végan à base de cuir de cactus de la marque Bihotz.

Chez Bihotz, on se pique du cuir de cactus

En langue basque, Bihotz signifie le cœur et c’est peu dire que la marque éponyme n’en manque pas. Déterminée à ne plus exploiter de nouvelles ressources pour produire ses créations, Bihotz cultive depuis cinq ans une maroquinerie vegan, faite en France à partir de matériaux éco-responsables. Chaque sac est dessiné à Bayonne par Céline, créatrice de la marque, avant d’être réalisé dans le Tarn par un atelier labellisé EPV (entreprise du patrimoine vivant). L’ensemble de la collection utilise un cuir végétal de belle allure, provenant de feuilles de cactus mûres, associé à un suède au toucher sensuel, dont on est loin de se douter qu’il est tiré d’un assemblage hétéroclite et improbable de bouteilles plastique et de pellicules de films recyclées. La jeune marque s’inscrit ainsi dans une démarche éco consciente, qui privilégie une production respectueuse, autant de l’animal que de l’humain sans oublier la terre, qu’elle soit basque ou planétaire. Faisant déjà travailler une vingtaine d’artisans, la marque trace une ligne éthique où créations soignées et intemporelles s’accompagnent de couleurs sobres et élégantes. Si l’essentiel est invisible pour les yeux, on voit surtout très bien avec le cœur, comme chacun·e sait.

Le Sac Zego Camel, bihotz.co

Image d’un homme et d’une femme posant pour la marque de chaussure végan française « Good Guys Don’t Wear Leather ».

Les gens bien ne font plus l’animal

Fondatrice designeuse de Good Guys Don’t Wear Leather, Marion Hanania, en pionnière incontestée de la chaussure vegan française, a fait ses premiers pas à Paris dès 2011, après avoir trainé ses guêtres chez Isabel Marant, Dévastée ou Feiyue. Ses collections pour Good Guys mais aussi Cool Girls sont made in Europe, quelque part entre l’Italie, l’Espagne et le Portugal, pensées pour marier éthique et durabilité en optant pour des matériaux eco-friendly et non toxiques. Ainsi en va-t-il de la collection Good Guys don’t Wear Leather, entièrement réalisée en Apple Skin, cuir végétal biosourcé composé à plus de 50% de fibres de pomme, issues des déchets de l’industrie agro-alimentaire. Adam pouvait-il se douter que les épluchures du Jardin d’Eden produiraient un jour des santiags, boots dorées, argentées et autres sabots ? Par-delà le bien et le mal, le tour de force de Marion est d’avoir converti au véganisme des maîtres chausseurs italiens sérieusement à cheval sur la tradition. Résultat, la marque est estampillée PETA Approved et les veaux, vaches et agneaux applaudissent. Elle a en outre décroché deux PETA Awards, en 2014 et 2015 (“Meilleures Chaussures Hommes” et “Marque Vegan à suivre”), suivis d’un Fashion Net Award en 2015 pour “Best Vegan Brand”.

Bottines OLIVER White Climb, Blaze Classique, GoodGuysDontWearLeather.com

Femme marchant dans la rue et portant un sac de la marque de haute maroquinerie végan « Alénore ».

Alénore, reines de la maroquinerie vegan

Anne-Laure et Noémie partagent une amitié d’enfance et le fait d’être toutes deux  jeunes mamans. Autant dire que leur marque de haute maroquinerie Alénore, créée en 2020, a mis d’emblée éthique et fonctionnalité au cœur de son projet. Les sacs et accessoires en Apple Skin sont fabriqués à la main en circuit court dans le Sud-Ouest, au sein d’un atelier familial labellisé EPV, et vendus en pré-commandes pour éviter toute surproduction. Alénore ne produit pas de déchets et confie ses transports à un professionnel neutre en carbone. Quant aux modèles présentant des défauts minimes, joliment baptisés appelés les imparfaits, ils sont proposés à prix léger, pour éviter destruction et donc pollution. Les deux super mums ont voulu leurs modèles engagés, durables, adaptables à toutes les situations – esprit pratique oblige – et peuvent se targuer d’être PETA approved. Sur chacune de leurs créations, séduisantes de douceur classique, le nom de la marque, que l’on devine imbrication de leurs deux prénoms, est tracé au fil d’or manuscrit et n’est pas sans évoquer les illustres Aliénor d’Aquitaine ou, avant elle, Aliénor de Provence qui toutes deux épousèrent un roi d’Angleterre et se hissèrent sur le trône outre-Manche. Souhaitons à nos vegan queens d’être à leur tour couronnées de succès.

Le Sac Pâquerette Navy, alenore.com

Création colorée végan imaginée par Roman Raibaudi.

Les créatures unies de Roman Raibaudi

Originaire du Sud, Roman Raibaudi est lyonnais depuis peu et témoigne du même amour pour sa famille bien sûr, qui lui a transmis ses valeurs de respect et de cœur, mais aussi pour tous les humains et les animaux. Pour les réconcilier, le créateur a imaginé une ligne de maroquinerie vegan en cuir végétal réalisé à partir de peau de raisin, réunissant des sacs et accessoires pour homme et femme (pochette rouge à lèvres, porte-clé, étui à lunettes, bracelets, trousse à maquillage, porte-cartes) et des colliers so chic pour chiens et chats. Mieux encore, il a décidé que 12% du fruit de ses ventes seraient reversés à l’inflexible association L214 qui se bat contre la cruauté envers les animaux. En réduisant le processus de fabrication de ses sacs et accessoires au strict minimum, il a su limiter les coûts et démontrer qu’un autre modèle que l’ultra-libéralisme sauvage est possible. Non content d’utiliser exclusivement des matières premières végétales, il veille sur son empreinte carbone en ne faisant appel qu’à un nombre réduit de sous-traitants de proximité.

Sac Rouge Ruby,  romanraibaudi.com

Femme portant des vêtements à base de fibres recyclées et biologique de la marque « Thinking Mu ».

Thinking Mu, Flamingo’s Life, Walk with Me, 3 exemples venus d’Espagne

Créée en 2008 à Barcelone par une bande d’amigos prêts à en découdre avec l’industrie de la mode, Thinking Mu défend un modèle plus juste, plus conscient, transparent et vertueux, pour celles et ceux qui n’aiment rien faire comme tout le monde (ça vous rappelle quelqu’un ?). Résultat : des vêtements colorés, dans l’air du temps, réalisés à base de fibres recyclées, biologiques et labellisées fairtrade. Comme gage de sa transparence et de son engagement, la marque affiche empreinte carbone, consommation d’eau, production de déchets, matériaux utilisés directement sur son site web. L’emblème de Thinking Mu, le soleil, s’avère tout à la fois symbole assumé de Méditerranée, de Barcelone, de nouveaux horizons et d’un réveil collectif face aux enjeux de la mode.

© Chaleco Ginger De Punto Beige, thinkingmu.com

Homme posant pour la marque de chaussures végan « Flamingo’s Life ».

Tout aussi ibérique et sympathique, Flamingos Life fabrique, depuis 2015 dans ses ateliers de production à Elche (province d’Alicante), des chaussures à partir de déchets de végétaux recyclés, comme le maïs ou le bambou, et utilise des lacets en coton bio, cultivé dans de petites plantations respectueuses de la Terre et des humains. Le fondateur de Flamingo’s Life, Carlos Garcia, travaille main dans la main avec l’association Agua ONG pour construire des accès à l’eau potable en Ouganda (1 000 personnes ont depuis accès à l’eau), ou avec Eden Reforestation Projects pour replanter des arbres à Madagascar et au Mozambique, avec au compteur 239 853 arbres plantés. La marque collabore aussi avec Waste Free Oceans pour l’élimination de déchets dans les fonds marins, avec quelque 22 tonnes de plastique déjà collectés. Tout est pensé pour réduire l’impact carbone de la production sans réduire celui du style et surtout pour maintenir durablement à zéro le nombre d’animaux transformés en soulier. Classiques, intemporelles ou vintage, leurs sneakers sont non-genrées et chaque paire affiche son score environnemental.  

en.flamingoslife.com

Femme montrant un sac baguette rouge de la marque végan « Walk with Me ».

Dans un bel exemple de darwinisme de mode, la barcelonaise Walk with Me invite ses afficionados à suivre le mouvement avec son mantra We walkWe evolve. Chantre d’une maroquinerie fun réalisée à partir d’un cuir cruelty free appelé Future leather, fait de microfibres recyclées, la marque prône une ligne claire avec ses créations simples et sans détour, colorées et inspirantes. Son approche évolutionniste créative nous persuade qu’un futur plus respectueux est à notre portée et que le salut est dans un mouvement collectif et conscient. Sur son site web, la marque propose des guides à expérimenter, parcours urbains réalisés par des locaux, sac en bandoulière et nez au vent. Bien plus qu’une collection de sacs et accessoires cool et pratiques, Walk with Me incarne non le sulfureux fire lynchien mais une nouvelle humanité générationnelle.

Sac Baguette, walkwithmebrand.com