Mode

Les Mains de Mamie, retricoter une société

Refabriquer du lien social intergénérationnel en produisant des pièces en maille d’essence familiale, c’est la mission derrière Les Mains de Mamie. Lancé à Marseille par le duo frère et sœur John et Aurélie, ce projet d’économie joviale et solidaire sollicite et valorise le précieux savoir-faire de nos aînées, qui sont déjà plus de 100 à avoir repris du service et à fabriquer main des pièces uniques sur commande. Merci qui ? 

À Marseille, la fratrie John et Aurélie aime particulièrement ses mamies, qu’elles s’appellent Jo, Michèle, Mauricette, Luce, Muriel, Claude, Christiane ou encore Betty, Jeanne, Pascale ou Myriam. Fait assez rare pour être souligné, le duo compte déjà plus d’une centaine de grands-mères, qu’il a réunies autour du projet marseillais exemplaire d’économie sociale et solidaire Les Mains de Mamie. L’idée est simple, constituer un gang de super grand-mères (les papis sont d’ailleurs acceptés, si jamais) pour tricoter des pièces en maille sur commande, entièrement à la main et sur mesure. Bien plus que de simples pièces vestimentaires, les créations de ces fines aiguilles du tricot sont des modèles d’inclusion et de lien social intergénérationnel. C’est Aurélie qui a l’idée un jour de renouer ce lien précieux lorsqu’elle décide de se remettre à la couture avec sa propre grand-mère paternelle, ancienne couturière. Malheureusement, celle-ci est diagnostiquée Alzheimer. Aurélie sait que, dès lors, les années passant, la relation va s’avérer de plus en plus compliquée. Avec l’aide de son frère, elle réfléchit alors à une manière de favoriser la transmission du savoir-faire de nos aînées et c’est ainsi qu’en 2019, Les Mains de Mamie voit le jour.

Aurélie décrit les mamies comme des « personnages ordinaires avec des vies extraordinaires », des personnalités résolument humaines dont on a beaucoup à apprendre et qui s’accomplissent dans des tâches qui leur permettent de transmettre leurs connaissances et expérience en retrouvant un statut social valorisant. Pour prendre part à cette généreuse aventure de mamie de substitution, il suffit d’être passionnée par le tricot, de créer son statut d’auto-entrepreneur et d’avoir beaucoup d’amour (et d’humour) à revendre. En plus d’une rétribution touchée sur chaque maille tricotée par nos mamies adorées, qui constitue un complément de retraite parfois non négligeable, le partage entre toutes ces fan de maille est un élément moteur de l’aventure. Ce joyeux gang se réunit par exemple lors de Mamies Brunch pour échanger autour de leur passion et profiter d’un moment convivial bien entourées. Un nouveau paradigme pour la mode qui remet l’humain et le temps – car il faut en moyenne une vingtaine de jours pour que votre nouveau pull préféré soit tricoté – au cœur de la chaîne de valeur, en donnant une chance à ces femmes d’éviter la solitude ou l’inaction.

Faits mains, pensés pour durer, les pulls, gilets et accessoires que produit le collectif Les Mains de Mamie font plus qu’habiller car ils font aussi société. Vecteurs d’une vision vivante et altruiste de la mode, ils ne sont pas figés dans le temps bien que porteurs de mémoire, mais incarnent l’enthousiasme et la jeunesse d’esprit du gang. Chez les mamies, évidemment, pas de synthétique ni de mauvaise pratique, seules les matières nobles sont utilisées, mohair, alpaga et soie aussi douces à porter que chaudes pour les cœurs. Une bonne nouvelle pour celles et ceux qui n’ont pas la chance d’avoir une mamie tricoteuse. Non content d’offrir du sur mesure à la commande, Les Mains de Mamies offre désormais la possibilité de personnaliser totalement son pull iconique Colette, en jouant sur 1 500 combinaisons possibles. Couleur, motifs ou dimension des manches, Mamie sait tout adapter et veille sur vous. Avec elle, vous n’oublierez plus votre petite laine.

À gauche, le pull Monique et à droite le pull Colette, désormais entièrement personnalisable. © Les Mains de Mamie