Mode

CQFD, démonstration de mode positive

Plus habituée aux chaînes TV qu’à la chaîne et trame ou la maille, Céline Bosquet a pourtant franchi le pas, quelque part pendant le confinement, et troqué ses habits de journaliste en vue pour la tenue de combat de cheffe d’entreprise à la tête d’une start-up de mode éthique. Un projet façonné au fil d’un processus aussi exigent que ses enquêtes journalistiques. Et, pour tout dire, aussi séduisant qu’une belle aventure.

« J’ai conçu ma marque comme je mène mes enquêtes.” Ainsi parle Céline Bosquet. De fait, ce n’est pas un nouveau papier que la journaliste a bouclé pour son journal télévisé mais une véritable entreprise textile, bâtie au fil d’une investigation au plus profond des ateliers du luxe français. Le confinement aura servi de déclencheur et incité la journaliste à embrasser le projet entrepreneurial qu’elle portait intuitivement depuis longtemps. Titillée par ses interviews de grands patrons du luxe, elle a choisi le textile comme champ propice à sa quête de sens. Comment produire en France des vêtements de qualité à des prix accessibles ? Comment redonner du sens à une marque de mode entre fast fashion délétère et ultra-luxe spéculatif ? La réponse traduit une vision lucide et un engagement courageux : pas de campagne publicitaire à 7 chiffres, ni d’égérie transcontinentale, mais une fabrication sur précommande, des marges serrées et un business model de DNVB (Digital Native Vertical brand), qui permet à la créatrice de maîtriser l’ensemble de la chaîne, de la conception à la distribution.

CQFD veut faire la démonstration qu’une autre mode est possible, respectueuse des savoir-faire et, en particulier, ceux des ateliers français. “Je n’ai rien contre Roberto au Portugal mais c’est avec Robert, au moins aussi qualifié, que j’ai envie de travailler en France.“ Le Made in France est pour Céline la condition sine qua non pour maîtriser la qualité de sa production et tisser un réseau de sous-traitance d’excellence. Plus proche géographiquement mais aussi humainement, avec l’espoir de contribuer à la réindustrialisation de la filière textile française.
Derrière l’étiquette CQFD s’affirme aussi la volonté de respecter les différences et de rendre ses pièces accessibles non seulement financièrement mais aussi à toutes les morphologies. Ainsi, la marque a choisi d’assumer une démarche inclusive, proposant ses pièces du 34 au 56 et même au-delà, adaptant ses coupes à la silhouette de ses clientes plutôt qu’aux courbes optimisées d’une segmentation marketing. Un autre parti-pris courageux qui impose à la marque de multiplier les patrons pour un même modèle et donc de voir sa production rendue plus complexe et coûteuse, aux antipodes des standards de la production industrialisée de masse.

En outsider autodidacte, aussi bien informée qu’inspirée, Céline Bosquet n’a finalement rien fait de « ce qu’il fallait » choisissant pour sa marque, plutôt que de surfer sur son aura médiatique, un acronyme un peu magistral au doux parfum de mathématiques élémentaires.

Autant dire que la démonstration nous a convaincu·es. Et nous ne sommes pas les seul·es : son premier costume en précommande s’est envolé en quelques jours à peine. Suivent un pull 100% cachemire, merveille de maille italienne qui ne se cache pas derrière un made in France falsifié, plus tard, une ligne homme, dans une même démarche intègre qui redonne le goût et les moyens de s’offrir de beaux vêtements durables. Au fait, Céline est Niçoise (et on n’en est pas peu fier).

cqfd.com

« J’ai conçu ma marque comme je mène mes enquêtes.”

Céline Bosquet.