Mode

Bleu Citron. Mode d’expression pour kids in progress

Bleu Citron, ce sont les vêtements pour enfants dont on a tou·te·s rêvé. Prolongements colorés de l’imaginaire et du savoir, ils laissent parler la créativité des plus petits, à coup d’écussons à scratcher ou encore de dessins à broder soi-même. Un monde merveilleux imaginé par Clémence et Thomas, qui ont très certainement conservé une bonne part de cette précieuse âme d’enfant. 

Bleu Citron habille les enfants d’une façon inédite. Pouvez-vous expliquer le principe ?

Clémence : C’est une idée qui a germé quand j’étais étudiante à l’école d’Art et de Design de Saint-Étienne. J’avais créé à l’époque une robe pour rendre hommage à l’artiste Jean Tinguely. C’était une robe avec des feutres accrochés un peu partout, qui constituaient un motif un peu hasardeux quand la robe est en mouvement. De là, j’ai eu l’idée de créer des vêtements sur lesquels on va pouvoir intervenir, avoir une action, notamment pour les enfants parce que je pense que les enfants adorent être créatifs, et que la mode qu’on leur propose est trop souvent dictée par les adultes. Je trouvais assez fort de permettre aux enfants de comprendre que le vêtement peut être un moyen de dire des choses, d’être créatif, de faire des choix et de se construire. De construire son identité en même temps qu’on sélectionne des couleurs, des motifs…

Thomas : C’est un peu ça la mission de Bleu Citron, créer de nouveaux supports d’expression pour les enfants. Les vêtements ont été adaptés pour que les enfants puissent vraiment montrer qui ils sont à travers leurs créations. On a commencé avec le vêtement qui se scratche, avec des sets d’écussons que l’on peut ajouter, pour l’adapter tous les jours différemment, au gré des émotions, ou de l’envie de dire quelque chose tout simplement. 

Les écussons que vous proposez, comme le set géométrie par exemple, ont une portée pédagogique. Comment définissez-vous les différents thèmes et leur valeur ajoutée ? 

Clémence : C’est toujours une recherche d’équilibre entre ce que nos clients et la communauté demandent et ce qui m’inspire, parce que c’est moi aujourd’hui qui dessine tous les écussons. Il faut que le thème fasse sens par rapport à l’univers de Bleu Citron, on a eu des propositions de collaborations mais on ne peut pas tout accepter. On se verrait mal par exemple un jour faire des motifs dans un univers très commercial comme La Reine des Neiges (rires). On essaie quand même toujours d’avoir une approche artistique en travaillant un univers qui va permettre aux enfants de développer leur imaginaire. On fait aussi attention à ce que les écussons soient très abstraits pour laisser plus d’espace afin que les enfants puissent imaginer et construire leurs propres représentations.

Vos écussons aident à découvrir le monde,  mais aussi à explorer ses émotions comme l’illustre la collaboration avec Pipouette, une marque de peluches qui aide les enfants à exprimer ce qu’ils ressentent. Vous pensez que la mode aide à se connaître, s’affirmer et gagner en indépendance ?

Clémence : Nous, adultes, avons un regard sur la mode. On va, de manière inconsciente, choisir nos vêtements en fonction de qui on est, de ce qu’on aime. Le vêtement est un reflet permanent de notre identité et je pense que dans la mode pour enfants, qui est un univers en soi assez particulier, ce sont les adultes qui conçoivent les vêtements. Du coup, on ne peut pas s’empêcher d’y mettre notre patte, nos idées, de projeter aussi un peu parfois l’idée de mini-soi, de mini adulte. Bleu Citron, en fait, c’est le contre-pied de tout ça . On a envie de créer des vêtements vraiment pour les enfants en partant de l’enfant lui-même et de ce qu’il aimerait porter, ce qui LUI ferait plaisir tout simplement. Je pense que l’inviter à être acteur de son vêtement, cela va lui permettre d’avoir un lien avec ce qu’il porte, de comprendre qu’il peut s’exprimer ainsi, qu’il a un rôle. S’il dessine un cœur, il va savoir que ça envoie un message, et je pense que ça va permettre aux enfants de prendre conscience que le vêtement peut être un réel outil de communication. 

La mode pour enfants est souvent très genrée, suivant des codes de couleurs et de formes. C’était important pour vous de proposer un pull unisexe ? 

Clémence : Complètement, c’est un aspect hyper important pour nous. On a choisi des coupes qui sont unisexes, effectivement, et on fait très attention aux couleurs également. Par exemple, on a sorti une couleur rose et une couleur bleue en septembre dernier, parmi d’autres, et quand j’ai fait le choix des modèles sur le shooting, j’ai veillé à ce que ce rose et ce bleu ne soient pas utilisés selon les stéréotypes de genre.

L’avenir, c’est quand même de parvenir à se détacher de tous ces codes genrés, les créateurs le font de plus en plus, mais ce n’est pas tellement le cas pour les marques historiques. Même Petit Bateau produit les mêmes t-shirts pour les filles et les garçons, mais ceux des filles vont avoir des petites dentelles sur le col. Plein de petits détails que l’on ne remarque presque plus, mais qui sont présents et clivants. Pour nous, ce n’était pas envisageable. 

Pouvez-vous me parler du rôle de la psychométricienne dans le processus de fabrication ? C’était important pour vous de faire appel à des spécialistes pour concevoir un vêtement enfant ?

Clémence : Elle est intervenue assez vite dans le processus, parce qu’après avoir créé cette robe avec des feutres, j’ai eu tout de suite l’idée de décliner l’idée en une gamme de vêtements pour enfants. Et comme le concept touchait à la motricité fine, et que je ne suis pas professionnelle dans ce domaine, je me suis dirigée vers une spécialiste à Lyon. On avait pu discuter du projet et elle m’avait aidée à définir différentes activités qu’elle pouvait utiliser dans son cabinet pour développer la motricité fine. Notamment des éléments à scratcher. J’ai donc pu identifier celles qui pouvaient très bien fonctionner pour les appliquer sur des vêtements et tout est parti de là ensuite. C’était important aussi pour moi également de confronter le côté artistique, aux côtés éducatif et pédagogique.

Vous avez lancé un nouveau concept de vêtement à broder et modulable pour s’adapter aux saisons. Comment avez-vous eu cette idée ?

Thomas : C’était un peu un hasard. Clémence avait déjà eu l’idée de trous dans les vêtements mais il fallait trouver une solution technique. Du coup, on a travaillé avec une styliste pour trouver la meilleure méthode, et au fil des tests, on a trouvé la solution des œillets. En discutant avec elle, on s’est rendu compte que l’on pouvait l’utiliser pour composer son vêtement en entier. On voulait rajouter de la modularité aux vêtements, plus pour le fun et la créativité, pour que les enfants puissent être uniques. Après, on s’est rendu compte que c’était génial parce que le vêtement lui-même pouvait devenir multi-fonctions.

Vous expliquez que Bleu Citron est né d’une réflexion plastique autour du vêtement, du geste et de la philosophie de l’habillement. Peut-on s’attendre à d’autres diversifications ou projets de votre part dans ce sens ?

Clémence : On aimerait faire des jouets, des ateliers créatifs aussi. Par exemple, ce serait sympa de faire un atelier pour créer son propre écusson. Si on devait élargir encore, on se verrait faire des ateliers de bien-être pour les enfants, pour les initier à la méditation, à la relaxation. Moi en fait, j’ai une pratique de thérapeute énergéticienne, donc je suis aussi sensible à tout ça. Si je dois aller encore plus loin, mon rêve un jour, ce serait de pouvoir mettre en place avec les enfants des performances artistiques avec le vêtement feutres dont je parlais au début. Bleu Citron c’est plus large que seulement des vêtements, ça touche à la globalité du bien-être des enfants. 

Et comment as-tu lié ton parcours artistique à celui d’énergéticienne ?

Clémence : J’ai travaillé pendant deux ans au Palais de Tokyo, le grand centre d’art contemporain à Paris et là-bas, j’ai commencé à mettre en place des ateliers de rencontres avec les œuvres en état modifié de conscience grâce à la méditation. Donc l’idée, c’était d’aller rencontrer les œuvres de manière sensible grâce à la méditation. De pouvoir en fait s’y connecter d’une manière différente, essayer de percevoir ses messages, de l’appréhender en se détachant du mental. Et je continue toujours ma pratique en parallèle de Bleu Citron, avec ma sensibilité spirituelle.

Vous imaginez aussi des histoires audio de mythes, d’aventures, mais aussi des affiches, des protocoles d’activités pour accompagner vos produits. Bleu Citron c’est un peu le studio créatif qui crée tout ce dont vous rêviez enfants, non ?

Thomas : C’est sûr. On a créé Bleu Citron avant même d’être parents, et je pense que j’aurais adoré avoir des sweats comme ça à customiser, raconter des histoires. J’étais assez dans mon monde étant enfant et j’aurais adoré le décrire sur mon vêtement. 

Clémence : J’aurais apprécié c’est sûr. Pour les vêtements à broder, on comprend comment les habits sont faits, en les touchant, c’est presque comme de les coudre ! Je pense que cela donne un sens à l’habillement tout en restant ludique, et j’aurais adoré comprendre ce processus. 

bleucitron.fr