Mode

BENOA, color-block de famille

Depuis 10 ans, Anne et Virginie Canioni annoncent la couleur avec Benoa, par amour de la Corse, de la mode et de leurs clientes. Un vrai succès assemblé au fil du cœur et du talent naturel.

Vous qui avez un avis sur la mode, est-ce que vous pensez qu’on devrait se développer ailleurs ? Entendre, physiquement, sur le continent, à l’étranger. Me voilà bien embarrassé. Évidemment, une entreprise se doit de grandir, sans quoi elle périclite. Mais comment échapper au risque pour ses créatrices de perdre le contact avec cette réalité qui leur a valu dix ans de succès croissant ? Cette alchimie intuitive de style qui séduit, d’attention qui touche et de partage qui rassemble ? À vrai dire, je ne suis pas franchement inquiet pour Anne et Virginie Canioni, nos Corsica sisters, promises à une brillante carrière dans le marketing et l’hôtellerie et qui, au hasard d’une autre île – Bali – virent leur destin bifurquer vers un chemin inattendu (malgré leurs deux grand-mères couturières).

Initiées par une couturière balinaise, elles vivent un choc esthétique et se découvrent une passion commune qui aussitôt s’enflamme. Voilà l’acte de naissance de Benoa. Une aventure démarrée au pied levé dès le retour au pays et qui puise, aujourd’hui encore, toute sa vitalité dans le ciel de Balagne. Chaque matin, j’appelle ma meilleure amie en FaceTime, elle sur le périph et moi dans le bleu, la lumière, c’est essentiel, me dit Anne (ou est-ce Virginie ?), impossible d’activer Skype, pas grave, l’essentiel passe par la voix. La franchise et la spontanéité (promis, je n’écrirais pas tout ce que nous nous sommes dit), la chaleur et la sincérité, l’assurance aussi, née d’un parcours professionnel jusqu’ici sans faute, guidé par des valeurs solides et des têtes bien faites. En autodidactes, elles suivent de très près les tendances et les évolutions de style pour coller à l’air du temps, retravailler sans cesse leurs coupes pour trouver la forme juste. Pourtant, ce n’est pas dans leur bagage marketing qu’elles tirent leur ligne de conduite mais dans la très grande proximité qu’elles gardent avec le terrain, leurs boutiques, chacune de leurs clientes dont on pourrait imaginer qu’elles connaissent le prénom, les goûts ou la couleur préférée. J’adore ce modèle, vous ne l’avez pas fait en rose poudré ? Pourquoi pas. Ici, vous l’avez compris, il n’est pas question de rationalisation et de production de masse. On veut faire plaisir à nos clientes, on fait tout pour ça. D’ailleurs, la marque est née de la nécessité pour les femmes corses qui aiment s’habiller de trouver sur l’île une mode qui leur convienne. Il n’y avait pas de Zara, H&M ou d’autres grandes enseignes. Il n’y en a toujours pas, qui s’en plaindra ? En Corse, en effet, on aime s’habiller, toutes générations confondues, qui se retrouvent chez Benoa. En famille, entre copines, pour aller travailler ou pour une soirée, on peut trouver une tenue qui plaît. C’est l’un des secrets de la maison. On pourrait presque parler de magie.

En ouvrant notre boutique d’Ajaccio, nous avons assez vite trouvé une équipe formidable mais, curieusement, pas de manager. Nous y avons passé du temps, veillé à tout jusqu’au jour où, fortuitement, un ami nous demande si nous n’avions pas des contacts professionnels pour sa femme. Nous la connaissions, elle était parfaite pour le job.
Encore un signe du destin. L’harmonie est-elle toujours de mise chez Benoa ? Ah, ah, non, ce n’est pas un long fleuve tranquille, nous avons deux visions, deux caractères, mais complémentaires, nos différences sont une force. Il flotte comme un parfum de talent spontané, un esprit de famille, qu’a su capter l’Atelier Altagna d’Ajaccio en créant la délicieuse fragrance de figue sauvage qui signe les boutiques Benoa. De plaisir communicatif surtout. On se régale, on est libre. Amen.

Benoa
Boutiques à Saint-Florent, Île-Rousse, Calvi, Ajaccio et Porto-Vecchio.
benoashop.com

Anne et Virginie Canioni, aujourd’hui et photo de famille.

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée