Culture

La Semaine culturelle méditerranéenne, un dialogue poétique et politique

En prélude du futur Forum des Mondes méditerranéens, voulu par le Président de la République, place à la Semaine culturelle méditerranéenne. Tour à tour hommage et soutien aux artistes mais aussi passionnante découverte des scènes émergentes qui animent notre Méditerranée. Aux commandes, Julie Kretzschmar, directrice du festival Les Rencontres à l’échelle qui souffle à l’événement sa programmation riche de sens, poétique et politique, chargée d’histoire et source de bien commun.

En prélude du futur Forum des Mondes méditerranéens, voulu par notre Président de la République, place à la Semaine culturelle méditerranéenne. Tour à tour hommage et soutien aux artistes mais aussi passionnante découverte des scènes émergentes qui animent notre Méditerranée. Aux commandes, Julie Kretzschmar, directrice du festival Les Rencontres à l’échelle qui souffle à l’événement sa programmation riche de sens, poétique et politique, chargée d’histoire et source de bien commun.

Mon ami n’est pas d’ici, à la Friche La Belle De Mai

Commissariat : Bruno Boudjelal
Du 12 novembre 2021 au 03 février 2022

Huit photographes, huit regards différents sur des parcours de vie chaotiques, en Afrique. Pour cette exposition, cinq hommes et trois femmes originaires d’Afrique du Nord ont été sélectionnés pour mettre en image des récits de vie, qui font parfois échos à leur histoire personnelle, de migrants venus d’Afrique subsaharienne, poussés à quitter leur pays pour le travail, les études, pour fuir la guerre ou les changements climatiques. Un travail photographique guidé par la nécessité de montrer, de témoigner d’un quotidien qui nous est étranger, où la différence définit l’identité. La nationalité, la langue, les coutumes, la couleur de peau, dite « noire », dans une Afrique septentrionale dite « blanche », chaque partie de l’être est le miroir de son origine. Ce sujet peu traité jusqu’à maintenant est un travail de longue haleine, un regard subjectif qui apporte une vision personnelle sur les migrations humaines contemporaines.

« Tous, à travers leur travail, ont décidé d’aller à la rencontre de celui qui n’est pas d’ici, celui que l’on ne voit pas, celui à qui l’on ne parle pas, pour témoigner de sa vie. Ils nous disent ainsi qui est cet autre, ce qu’il ressent et les raisons de sa présence à cet endroit. Qu’il soit un migrant en attente d’une possibilité de passage en Europe ou encore un migrant qui, devant l’impossibilité de continuer son voyage, a décidé de tenter de s’installer là où il est, qu’il soit venu étudier ou chercher du travail, les raisons sont multiples et bien plus diverses que ce que l’on peut imaginer. »
Bruno Boudjelal, photographe et commissaire de l’exposition. 

Sinawi Medine, Forgotten Eritrean Refugees

Né en 1983 à Robto (Érythrée), Sinawi Medine vit aujourd’hui à Nice. Dans sa série photographique, il choisit de traiter un sujet qu’il connait bien et qu’il a expérimente depuis des années malgré lui, l’exil. Un combat constant contre les regards, les reproches invisibles, le manque de ses proches et de tout ce qui lui était familier. Il mène un travail qui relève pour lui de la responsabilité, et endosse la lourde tâche d’illustrer la condition des Érythréens exilés depuis une vingtaine d’années. En 2010, cette communauté délaissée par son pays et par la communauté internationale est victime d’un système de traite d’êtres humains mis en place par des trafiquants. Les survivants sont aujourd’hui dans des camps de réfugiés dans le nord de l’Éthiopie, où Sinawi Medine a pénétré. À travers l’image, il met en lumière leur histoire tragique, retranscrit leur souffrance, le poids de leur passé, leur sentiment d’injustice, et donne la parole à ce peuple silencieux de la Corne de l’Afrique, réduit au silence.

Sinawi Medine, Forgotten Eritrean Refugees pour la semaine culturelle méditerranéenne.

Abdo Shanan, Dry

Né d’une mère algérienne et d’un père soudanais, Abdo Shanan s’interroge sur son identité, qu’il croyait connaître. À 28 ans lorsqu’il s’installe en Algérie, sa différence lui saute aux yeux, puisque ceux qui l’entourent lui lancent au visage. Les regards, les questions répétitives des policiers « D’où venez-vous ? », le prouvent : les points communs ne sont pas si nombreux finalement. Abdo Shanan se considère comme une île dans l’océan. Il existe, mais vit dans l’incertitude que les eaux l’engloutissent un jour. Il fait de la photographie sa langue principale, la plus forte, et réalise Dry, une série d’impressions, d’idées et surtout de questions, qui retrace ses rencontres avec d’autres îles. Il s’interroge sur l’appartenance, sur ce qu’elle signifie vraiment, et comment l’atteindre. Notre appartenance à une communauté se définit-elle par notre volonté à imposer notre présence, ou par la capacité des autres à la tolérer ?

Guy Gilles pour la semaine culturelle méditerranéenne.

Au Mucem, les “ciné dimanche” sont l’occasion de découvrir ou redécouvrir la filmographie restaurée par Lobster Films (avec le concours du CNC), du cinéaste considéré comme le plus doué de sa génération, Guy Gilles. Pour faire vivre ses histoires, à l’imaginaire et à la poésie unique qui le caractérise et ont fait son succès, il choisit les plus grands, Alain Delon, Jean-Pierre Léaud, Jean-Claude Brialy, Juliette Gréco, Annie Girardot… Ses films seront projetés dans l’auditorium dimanche 28 novembre. Pendant ce temps, les enfants sont conviés à participer aux ateliers « Les Petites Bobines ».

Réservation :
04 84 35 13 13
www.mucem.org

Les Rencontres à l’échelle

La seizième édition du festival marseillais Les Rencontres à l’échelle, dirigé par Julie Kretzschmar, a commencé depuis mardi 8 novembre. À la Friche la Belle de Mai, La Criée et LE ZEF, la programmation fait se succéder le meilleur de la création internationale, à travers des œuvres engagées, militantes ou poignantes. Un cocktail culturel à coup sûr émouvant à voir jusqu’au 27 novembre.