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Auteur

Luc Clément

Luc Clément

SOS MÉDITERRANÉE, LA CROISIÈRE NE S’AMUSE PLUS.
Société

SOS MÉDITERRANÉE, LA CROISIÈRE NE S’AMUSE PLUS.

écrit par Luc Clément

Cette semaine, fuyant une actualité par trop anxiogène où, malgré la timide lueur d’espoir sortie des urnes brésiliennes, dominent des ombres grandissantes, plus ou moins postfascistes, bravant de même la météo désormais capricieuse, où novembre a cessé de se prendre pour juillet et nous gratifie d’épisodes diluviens à tendance cévenole, partons prendre le large quelque part en Méditerranée.

Une croisière, donc, au sens originel du terme – popularisé en son temps par un certain Thomas Cook ou la P&O, lointaine ancêtre de la MSC, compagnies plus versées dans l’acronyme que dans le zèle pour l’environnement – qui nous conduit à croiser quelques réalités dont notre monde, pourtant avide de découvertes, semble étonnamment se détourner. Fruit sans doute d’un nouveau marketing touristique particulièrement pervers, sa conception intègre une série de trouvailles qui en font, à en juger par son succès, un filon en apparence inépuisable.

Particularités de ce concept ? D’abord, on voyage non pas sur un mais sur deux embarcations. On partagera la première, le plus souvent pneumatique et parfaitement exposée aux cieux étoilés comme aux coup de grain assassins, avec une foule surnuméraire qui défie Archimède et partage la surprenante particularité de ne pas savoir nager. À noter que le changement d’embarcation s’effectue en pleine mer, au gré de navettes qui, à défaut d’être tellement plus confortables, préfigurent néanmoins le salut potentiel. Parfois, le changement d’embarcation ne s’effectue pas du tout car Archimède a perdu.

Sur le pont du second navire, le fier Ocean Viking dont le pavillon n’a rien de complaisant croyez-le bien, les codes là aussi sont disruptés, pour reprendre une expression chère à notre Président qui, pourtant, n’a jamais pris ce bateau et semble même en ignorer totalement l’existence. En guise de couchettes, de grands dortoirs où la promiscuité stimule la camaraderie. En lieu et place de carte signée d’un chef étoilé, le restaurant sert de belles plâtrées de riz blanc dont on ne dira jamais assez tous les bienfaits pour un organisme fraîchement repêché en haute mer.

Le dress-code lui-même, loin de l’étiquette des grands transatlantiques de légende, traduit malgré tout un certain relâchement, notamment dans les fibres textiles mises à rude épreuve par les paquets de mer qui transforment tout vêtement en pièce vintage plus efficacement que les procédés en trompe-l’œil de la fast fashion. Que dire des activités ? Ateliers langue, pour apprendre les rudiments de survie en milieu étranger. Soirée psycho, pour relâcher la tension du voyage et plus encore celles, le plus souvent indicibles et sans aucun doute impossibles à retranscrire ici, qui ont conduit à prendre son billet pour cette traversée désespérée.

Et puisqu’on parle de billet, disons-le tout de go : le navire a beau arborer une flamboyante couleur orange sanguine, ce n’est pas une compagnie low cost. Si vous vous plaignez du coût de la vie, sachez que c’est ce que peuvent payer les candidat·es au voyage. Un prix facturé, non par l’équipage de l’Ocean Viking évidemment, au contraire héroïque  et tout entier dévoué à économiser des vies au sein de l’admirable ONG SOS Méditerranée, mais par un nouvel éco-système touristique baroque constitué pêle-mêle d’agents de voyage freelances, que l’on nommera passeurs pour simplifier, de garde-côtes cyniques et corrompus, et d’autorités euro-méditerranéennes, qu’elles soient portuaires ou gouvernementales, désireuses de retourner à l’envoyeur – c’est-à-dire, la guerre, la dictature, la famine, l’esclavagisme sous toutes ses formes – des êtres humains qui ont eu la malencontreuse idée de naître du mauvais côté de la mer.

Marseille, 3 novembre 2022 – Malgré de multiples demandes d’assignation d’un port sûr envoyées aux centres de coordination de sauvetage de Malte et d’Italie, l’Ocean Viking reste confronté à une impasse. Conformément au droit de la mer, SOS MEDITERRANEE demande aux autorités maritimes de la France, de l’Espagne et de la Grèce, qui sont les plus à même d’apporter leur assistance, de faciliter la désignation d’un port sûr pour le débarquement des 234 rescapés bloqués à bord de l’Ocean Viking. Une solution doit être trouvée sans délai.

Depuis 2014, plus de 25 000 hommes, femmes et enfants sont morts en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. SOS MEDITERRANEE est une association humanitaire européenne de sauvetage en mer constituée de citoyens mobilisés pour la recherche et le sauvetage des personnes en détresse en mer. Depuis le début de ses opérations en février 2016, SOS MEDITERRANEE a secouru plus de 37 000 personnes avec l’Aquarius puis l’Ocean Viking. Le quart d’entre elles étaient mineures. L’association est basée en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse. Elle a reçu le Prix Unesco Houphouët-Boigny 2017 pour la Recherche de la Paix. Le 19 octobre 2022, elle a remporté le prestigieux prix de la Fédération Internationale du Sauvetage en Mer (International Maritime Rescue Federation, IMFR) pour la « contribution exceptionnelle d’une équipe aux opérations de recherche et de sauvetage en mer ».

Pour soutenir SOS MEDITERRANEE, c’est ici. 

Luc Clément

Crédit photo : © Camille Martin Juan – SOS MÉDITERRANÉE

4 novembre 2022
CQFD, démonstration de mode positive
Mode

CQFD, démonstration de mode positive

écrit par Luc Clément
Plus habituée aux chaînes TV qu’à la chaîne et trame ou la maille, Céline Bosquet a pourtant franchi le pas, quelque part pendant le confinement, et troqué ses habits de journaliste en vue pour la tenue de combat de cheffe d’entreprise à la tête d’une start-up de mode éthique. Un projet façonné au fil d’un processus aussi exigent que ses enquêtes journalistiques. Et, pour tout dire, aussi séduisant qu’une belle aventure.

“J’ai conçu ma marque comme je mène mes enquêtes.”. Ainsi parle Céline Bosquet. De fait, ce n’est pas un nouveau papier que la journaliste a bouclé pour son journal télévisé mais une véritable entreprise textile, bâtie au fil d’une investigation au plus profond des ateliers du luxe français. Le confinement aura servi de déclencheur et incité la journaliste à embrasser le projet entrepreneurial qu’elle portait intuitivement depuis longtemps. Titillée par ses interviews de grands patrons du luxe, elle a choisi le textile comme champ propice à sa quête de sens. Comment produire en France des vêtements de qualité à des prix accessibles ? Comment redonner du sens à une marque de mode entre fast fashion délétère et ultra-luxe spéculatif ? La réponse traduit une vision lucide et un engagement courageux : pas de campagne publicitaire à 7 chiffres, ni d’égérie transcontinentale, mais une fabrication sur précommande, des marges serrées et un business model de DNVB (Digital Native Vertical brand), qui permet à la créatrice de maîtriser l’ensemble de la chaîne, de la conception à la distribution.

CQFD veut faire la démonstration qu’une autre mode est possible, respectueuse des savoir-faire et, en particulier, ceux des ateliers français. “Je n’ai rien contre Roberto au Portugal mais c’est avec Robert, au moins aussi qualifié, que j’ai envie de travailler en France.“ Le Made in France est pour Céline la condition sine qua non pour maîtriser la qualité de sa production et tisser un réseau de sous-traitance d’excellence. Plus proche géographiquement mais aussi humainement, avec l’espoir de contribuer à la réindustrialisation de la filière textile française.
Derrière l’étiquette CQFD s’affirme aussi la volonté de respecter les différences et de rendre ses pièces accessibles non seulement financièrement mais aussi à toutes les morphologies. Ainsi, la marque a choisi d’assumer une démarche inclusive, proposant ses pièces du 34 au 56 et même au-delà, adaptant ses coupes à la silhouette de ses clientes plutôt qu’aux courbes optimisées d’une segmentation marketing. Un autre parti-pris courageux qui impose à la marque de multiplier les patrons pour un même modèle et donc de voir sa production rendue plus complexe et coûteuse, aux antipodes des standards de la production industrialisée de masse.

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En outsider autodidacte, aussi bien informée qu’inspirée, Céline Bosquet n’a finalement rien fait de « ce qu’il fallait » choisissant pour sa marque, plutôt que de surfer sur son aura médiatique, un acronyme un peu magistral au doux parfum de mathématiques élémentaires.

Autant dire que la démonstration nous a convaincu·es. Et nous ne sommes pas les seul·es : son premier costume en précommande s’est envolé en quelques jours à peine. Suivent un pull 100% cachemire, merveille de maille italienne qui ne se cache pas derrière un made in France falsifié, plus tard, une ligne homme, dans une même démarche intègre qui redonne le goût et les moyens de s’offrir de beaux vêtements durables. Au fait, Céline est Niçoise (et on n’en est pas peu fier).

cqfd.com

28 septembre 2022
Maison Mani, de Oaxaca à Nice en un tour de mains et quelques objets authentiques
Déco

Maison Mani, de Oaxaca à Nice en un tour de mains et quelques objets authentiques

écrit par Luc Clément
Entre clichés réducteurs et appropriation culturelle, le Mexique peine à préserver son authenticité, de ce côté-ci de l’Atlantique, c’est-à-dire chez vous (et moi). Pourtant, ses traditions ancestrales, l’infinie richesse de sa culture précolombienne (c’est-à-dire d’avant le cyclone Christophe), son humanité, qui habite la moindre de ses créations artisanales, tombent à point nommé pour nous réchauffer le cœur. Avec l’aide d’un e-shop bien inspiré et de sa bonne étoile nommée Paulina.

Si votre vision du Mexique tient dans un sombrero, un poncho multicolore et des mariachis pétaradants, on pourrait bien vous mettre dans le même sac (bariolé) que, par exemple, ces deux éminents labels français de mode, pourtant de bon ton, qui se sont fait épinglés pour avoir récemment détourné sans aucun tact (et s’en sont platement excusés depuis) quelques archétypes culturels amérindiens. Alors, entre clichés réducteurs et appropriation culturelle, que faire lorsque l’on rêve de chaleur venue d’ailleurs pour réchauffer notre quotidien ? Demandez donc à Paulina Meléndez Caballero, la souriante créatrice et âme fervente de Maison Mani, e-shop sensible et réjouissant. Et, puisqu’on y est, traversons donc l’écran avec elle pour un tour de back office magique, qui nous conduit tout droit à Oaxaca.

Paulina Meléndez Caballero n’est pas vraiment niçoise.

Vous l’aurez deviné. Elle est née un beau jour pas si lointain dans le sud-ouest du Mexique, dans une ville qui n’a pas la chance de se prononcer aussi facilement que Vera Cruz, Acapulco ou Tulum. On essaiera donc de la nommer Wah-Ra-Kah et surtout de chercher à en savoir plus sur la capitale de l’état éponyme (5e plus grand de la fédération mexicaine), terre autrefois des peuples Mixtèques et Zapotèques, largement ignorée des hordes touristiques en quête d’exotisme caribéen, voire pacifique, à bon marché. Et pourtant, Oaxaca s’avère riche d’une tradition artisanale et décorative unique, source apparemment inépuisable d’inspiration pour de pâles copies destinées à égayer depuis des lustres nos espaces de vie urbains calibrés. Amoureuse de son pays natal, désireuse d’en partager l’essence et la créativité, Paulina a décidé de mettre à profit ses compétence dans le monde digital pour créer une ambassade modeste et géniale de l’art décoratif et du savoir-faire vernaculaires de ses racines. Maison Mani, e-shop et vitrine prosélyte de quelques artisans aussi talentueux que touchants. Maison, parce que l’objet est résolument familial, au sens où la seule industrie dont il est question est celle de l’amitié, du partage et de la transmission. Mani, non pas en hommage plus qu’improbable au bassiste qui fit les belles heures des Stones Roses et de Primal Scream (qui ça ?) mais tout simplement une traduction en ancienne langue mixtèque de ce qui nous intéresse ici : avec respect et amour (la traduction est de Paulina qui sait de quoi elle parle).

Les mains de Oaxaca

Si les lecteurs attentifs de Malcolm Lowry (et les amateurs de films séries B) se souviennent des Mains d’Orlac, celles qui façonnent les objets d’art que l’on déniche depuis des siècles avec bonheur dans les ateliers obscurs d’Oaxaca racontent des histoires parfois tout aussi étonnantes (mais nettement moins inquiétantes). En ambassadrice dévouée corps et âme à faire découvrir l’authenticité du registre créatif mexicain et voir reconnaître à leur juste valeurs les métiers d’art de son pays, Paulina nous a conté trois histoires parmi les plus édifiantes qui ont jalonné sa quête de l’excellence du Mexique.

Les mains qui voient, une histoire d’amour et d’espoir

Manos que ven, les mains qui voient. Un nom d’une poésie surréaliste qui pourtant prend tout son sens quand on connait l’histoire de cet atelier de céramique.

Niché dans le village de San Antonino Castillo Velasco, dans la région d’Oaxaca, l’atelier a été fondé par Don José. Dès son plus jeune âge, notre homme travaille pour subvenir aux besoins de sa famille. Son père, lui-même potier, l’a initié à cette pratique et lui a transmis son savoir-faire. Pris de passion pour le travail de l’argile, José ne va cesser au fil des années de développer son art, même s’il s’avère bien peu rémunérateur. Longtemps, l’artisanat au Mexique (comme du reste pas si loin de chez nous) a été sous-estimé et rarement reconnu. Pour faire vivre sa famille, José multiplie donc les petits métiers, sans pouvoir se consacrer entièrement à sa passion. À 20 ans, professionnel déjà aguerri, il rencontre Teresita qu’il épouse quelques années plus tard. Indissociables durant de longues années, tous deux travaillent la terre cuite et produisent des pièces uniques, inspirées des objets d’art mythiques de Oaxaca, gagnant en maîtrise, développant peu à peu un style bien à eux. Quand, à 55 ans, Don José est diagnostiqué pour un glaucome qui lui fait perdre la vue. Un choc qui va changer à jamais le cours de sa vie et celui de sa famille. Frappé de cécité, il doit, pour la première fois de sa vie, abandonner son travail et pendant quelques mois, n’est plus en mesure d’aider sa famille. « Mes yeux ont perdu la lumière mais ma vie ne s’est pas éteinte. Je continue de respirer, je suis vivant », comprend un jour José García Antonio. Encouragé par Teresita, il décide de reprendre du service. D’autres sens s’offrent alors à lui pour l’aider à renouer avec son passé de sculpteur. L’amour pour la matière reprend le dessus et Don José modèle de nouveau la terre, accompagné par sa femme qui, non contente d’être sa moitié, devient aussi ses yeux. Ella es mis ojos (elle est mes yeux) s’émerveille Don José. Plus sensible que jamais à la forme sculpturale, il façonne les pièces tandis que sa femme soigne les détails méticuleux des fameuses « sirènes » qui ont rendu l’atelier populaire (du moins, de ce côté-ci du Rio Grande). Il faut écouter Sara, leur fille, raconter à Paulina à quel point cette épreuve fut comme une révélation car les nouvelles pièces créées par le couple fusionnel sont plus belles encore. À l’aune de sa nouvelle condition, José s’est mis à créer des pièces avec l’image qu’il garde de Doña Teresita, son visage paré de longues tresses, son port naturel des robes typiques de Oaxaca. Il sculpte aussi la mémoire des hommes de l’ancien Mexique, « ceux, dit-il, qui me ressemblent, des artisans, des agriculteurs, portant pantalon, huaraches et couvre-chef ». Bien sûr, l’histoire n’est pas finie puisque les trois enfants de Teresita et José ont appris dans l’atelier familial les valeurs de l’artisanat, celles de l’excellence, du courage et du cœur.

La palme du tressage pour Doña Juana

San Pedro Jocotipac est un pueblo sans doute charmant mais définitivement escarpé, dans la région de Cuicatlan, Oaxaca. Fort peu peuplé et particulièrement enclavé, il est perché à 2 040 m d’altitude ce qui le met à distance de toute civilisation, pour le meilleur et pour le pire. C’est ici qu’est née Doña Juana, femme de tête et artisane. Autour d’elle, d’aussi loin qu’elle s’en souvienne, les habitants ont pratiqué l’agriculture et le tressage de palme. Traditionnellement, les femmes tressent la palme mais participent aussi à l’activité agricole (comme d’habitude, qui c’est qui fait tout ?). Pourquoi tresser les palmes ? Pour créer des contenants, pardi, qui serviront à conserver dans les meilleurs conditions le fruit des récoltes agricoles. Au passage, il faut noter que la vannerie de palme permet d’obtenir un tressage plus souple, plus noble, plus sain et durable que d’autres matériaux issus de la pétrochimie par exemple (testé et approuvé par nous-mêmes auprès de Paulina). Malgré son patronyme chantant, le village est au cœur d’un paysage plutôt aride, où l’on ne trouve guère que des palmiers, des cactus, et autres figuiers de Barbarie, et à part la culture de graines, les activités se font rares. Faut-il le préciser, Doña Juana est une femme de courage. Respectant les us et coutumes à l’époque, elle se marie très jeune et doit rapidement fonder une famille. Elle donne naissance à deux filles qui vont devenir sa raison d’être. Mais Juana vit dans le dénuement car elle n’a pas de travail rémunéré. Son mari a du mal, lui aussi, à subvenir aux besoins de sa famille. Rêvant d’un avenir meilleur pour ses filles, elle décide un jour de prendre le destin par les cornes (ou son taureau en main, comme vous voulez). Ses filles feront des études, fût-elle pour cela obligée d’aller jusqu’à la ville vendre ses créations. Le tressage de palme sera son projet quoi qu’il en coûte (tiens) et malgré l’hostilité de son mari. Pour vendre ses premières tenates (panier tressés), elle se rend au marché du village le plus proche (soit au cul du loup), la seule façon de s’y rendre étant à pied. Au terme d’un chemin long et difficile, elle expose ses paniers au marché où elle rencontre un succès inespéré. Le retour sera plus léger, point de départ d’un rêve d’indépendance. Dès lors, chaque semaine, elle accomplit le trajet avec toujours plus de paniers, et toujours plus de succès. Durant de longues années, elle va arpenter ce chemin de gloire entre son village et Cuicatlan aka le cul du loup. Par fierté sans doute, son homme refuse longtemps de l’aider mais la détermination de Juana a raison de son obstination et finalement il la rejoint dans ses efforts. À lui, la culture de graines, à elle, le tressage de palme. En plus de ses paniers (qu’elle ne fait pas piano), elle réalise avec dextérité de jolis chapeaux, des sacs et s’autorise à accepter des demandes sur mesure et commandes privées. Peu à peu, le succès aidant, la famille se rapproche de la capitale Oaxaca ce qui leur permet de garnir encore leur carnet de commandes et, surtout, d’obtenir l’admission de l’ainée dans une école de la ville. Accomplissement ultime.

Aujourd’hui, le business familial est florissant et la méthode de tressage de Doña Juana fait naître des objets déco, du mobilier et se voit sollicitée pour l’aménagement intérieur de maisons. Quant aux graines, que monsieur cultive désormais de manière biologique, elles font le bonheur des restaurants réputés de Oaxaca. Sa victoire féministe, Juana a décidé de la mettre à profit pour soutenir un groupe de femmes, souvent en charge exclusive de leurs enfants, à qui elle offre non seulement des opportunités de travail mais aussi une formation à son art du tressage ainsi qu’une dignité retrouvée. Plus qu’une success story, la palme de la sororité.

Telar de Pedal, cent fois sur le métier d’Alvaro

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À San Pablo, Oaxaca, la quête du Graal artisanal mexicain a conduit les pas de Paulina au seuil d’une famille d’artisans tisserands, pour une rencontre en mode instant crush (comme dirait Daft Punk). Alvaro et sa famille multifonctionnelle excellent dans l’art dit du telar de pedal. N’éloignez pas les enfants car cette technique, pratiquée sur métiers à tisser en bois immémoriaux, est de toute noblesse, transmise, semble-t-il, à l’âge d’or hispano-mauresque par les artisans d’art Arabes aux Espagnols, qui, une fois devenus conquistadores, l’imposèrent à leur tour aux peuples améridiens et notamment au Mexique. Un savoir-faire dont le déplacement à travers plusieurs continents et cultures, contrairement à son nom, ne s’est pas fait en vélo, mais a certainement offert à la région de Oaxaca l’une de ses plus fières productions. Fidèles à la tradition transmise de génération en génération, Alvaro et ses tisserands utilisent des fils de coton ou de laine, qu’ils teignent eux-mêmes à partir de couleurs 100% naturelles, obtenues à base de fruits, de plantes et parfois d’insectes. Non pas parce qu’ils sont éthiques, particulièrement éco-responsables ou green friendly mais parce que c’est comme ça qu’ils ont toujours fait, et leurs ancêtres aussi, et qu’il n’y a absolument aucune raison de changer, vous ne trouvez pas ? Des serviettes de table jusqu’aux dessus de lit, l’atelier sait tout faire, y compris des vêtements dont on rêve déjà. Pour les hommes, des chemises aux motifs traditionnels (garantis 100% authentiques). Pour les femmes, des huipiles – robes chasubles chatoyantes – et autres robes traditionnelles de Oaxaca, tissées dans les coloris souhaités. Leur dernière création ? Des chapeaux en tissu, plus structurés que leurs alter ego en palme (sauf peut-être ceux de Doña Juana ?).

Pour le reste, dépêchez-vous d’aller faire un tour (du Mexique) sur maisonmani.com

15 septembre 2022
Précis de mixologie méditerranéenne : Nos 13 recettes gin pour la journée mondiale du cocktail
Art de vivre

Précis de mixologie méditerranéenne : Nos 13 recettes gin pour la journée mondiale du cocktail

écrit par Luc Clément
Si le vendredi 13 évoque plutôt, pour les plus vieux, les tirages de la loterie nationale et, pour les plus jeunes, un slasher décliné plus que de raison, le vendredi 13 mai 2022 ajoute à leur bonheur (ou au vertige) une troisième dimension : c’est la Journée Mondiale du Cocktail. Tintez glaçons, résonnez shakers, voici notre recueil de joyeux mélanges à confectionner avec les spécialités de nos distillateurs du Sud, quelques ami·e·s et modération.

Figurant semble-t-il – pour leur première occurrence – à la pharmacopée enluminée des Stuart ou du sémillant Cromwell, dans l’Angleterre agitée du XVIIe siècle, cet assemblage approximatif de plantes médicinales et de tord-boyaux nietzschéen (si vous n’êtes pas mort, c’est que vous êtes plus fort) traverse un jour hardiment l’Atlantique pour faire fortune aux États-Unis où, faute d’avoir du bon vin, on a du mauvais alcool, des gangsters aussi photogéniques qu’Al Capone et des zélotes prohibitionnistes rabat-joie du calibre d’Eliott Ness.

L’origine du genre est donc anglo-saxon et de surcroît, utilitaire : comment avaler de quoi se soigner – ou se détruire – consciencieusement, sans le rendre aussitôt avec pertes et fracas ? Comme l’orthographient, avec leur finesse d’esprit habituelle, les Canadiens, qui ne boivent pas que de l’eau de source enfermée sous une voûte de glace de 10 000 ans, le coquetel nous a pourtant comme un parfum bien français.

Dubitatif quant à la thèse selon laquelle les mixtures auraient autrefois été servies dans des coquetiers (et pourquoi pas un sac Bambino de Jacquemus ?), pas plus convaincu par cette chimère qui associerait aussi trivialement que possible un coq (cock) et sa queue (tail), alors que tout le monde sait bien que la queue, c’est plutôt le premier (bref, on s’égare), on ne peut que s’incliner devant l’excellence de nos distillateurs hexagonaux, ou quelle que soit leur forme, devant le doigté virtuose des mixologues de nos établissements de standing voire, pour finir, plutôt mal d’ailleurs, devant l’abus de ces mélanges affriolants, annonciateurs hélas de lendemains fâcheusement dolipranés (quand on en trouve).

Car, en France et tout particulièrement en Méditerranée, nous avons des herbes, nous avons des recettes, nous avons du bon vin et nous avons besoin de boire, allez savoir pourquoi ? Ne reculant devant aucun sacrifice, si ce n’est celui, justement, de sacrifier à la noble tradition de la Journée Mondiale du Cocktail, consacrée depuis ce 13 mai 1806 où, en réponse à un lecteur assoiffé de connaissance sur ce breuvage décidément curieux, le très affable éditeur du quotidien new-yorkais The Balance and Columbian Repository, imprima une définition qui fera date.

Après ces quelques lignes d’histoire et de géographie, passons donc aux travaux pratiques. Vous l’avez bien mérité.

Le gin du Sud

Sudnly-Journee-mondiale-du-cocktail-Mistral-Gin-Cocktail-Bitter-Wind

Mistral Gin : cocktail Bitter Wind

Les ingrédients :
• 6 cl de Mistral Gin
• 2 cl de Lillet rose
• Quelques gouttes de bitter de pamplemousse
Préparation :
Verser les ingrédients directement dans le verre et mélanger. Servir sur glace, dans un verre old fashioned.
Infos : 
Dry gin rosé artisanal aux 12 plantes de Provence, un bonbon méridional entre authenticité et fraîcheur aromatique.

Mistral Gin, Dry Gin Rosé de Provence, 44 € les 70 cl. mistralgin.com

Gin Juillet by Maison Ferroni : cocktail Juillet dans le verger


Les ingrédients :
• 2 cl de Gin Juillet
• 1,5 cl de sirop de pêche
• 2 cl de vermouth blanc
• Eau gazeuse
• Zeste de citron
• Tranche de pêche blanche fraîche
Préparation :
Verser les ingrédients directement dans le verre et mélanger. Servir sur glace, dans un verre long drink type kopa.
Infos : 
Gin distillé à base d’alcool de blé bio français et de fruits frais de Provence typiques du mois de juillet, comme l’abricot, le melon et la pêche blanche.

Gin Juillet de la Maison Ferroni, 37 € les 50 cl. ferroni.com

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Mediterranean Gin by Léoube x Léoube : cocktail Douce Brise un soir d’été


Les ingrédients :

• 5 cl de Mediterranean Gin by Léoube1 cuillère à mélange de baies roses pilées
• 1 cuillère à mélange d’orange déshydratée en morceaux
• 1 cuillère à mélange d’huile d’olive Premium Léoube
Préparation :
Mettre les baies roses légèrement écrasées à l’aide d’un pilon dans un verre. Remplir le verre avec quelques glaçons et ajouter le gin et l’orange déshydratée. Remuer pendant 10 secondes à l’aide d’une cuillère à mélange. Ajouter l’huile d’olive en suspension.
Infos : 
Gin aromatique élaboré en cercle vertueux entre vignoble provençal, influence maritime et oliveraies généreuses.

Mediterranean Gin by Léoube, 50 € les 70 cl. leoube.com

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Gigi en Provence : cocktail Le Gin Tonic by Gigi


Les ingrédients :

• 4 cl de Gin Gigi en Provence
• 1 citron vert
• Gingembre râpé
• Quelques feuilles de menthe écrasée
• Concombre
• Tonic
Préparation :
Sortir un joli verre ballon Gigi. Le remplir généreusement de beaux glaçons. Verser 4 cl de Gin Gigi en Provence. Ajouter un jus d’un demi citron vert, du gingembre râpé et quelques feuilles de menthe écrasées. Ajouter 2 tranches de concombre. Compléter le verre de Tonic.  Zester le citron tout en osant l’originalité dans la découpe du zeste et le déposer délicatement dans votre Fizz Provençal.
Infos : 
Assemblage délicieusement informel d’alcool de blé, de distillats de fleurs, plantes et épices de Méditerranée, ce gin exprime la quintessence provençale.

Gin Gigi en Provence de la Maison Austruy, 42 € les 70 cl. gigienprovence.fr

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Dry Gin XII de Distilleries et Domaines de Provence : cocktail Mlle Rose


Les ingrédients :

• 20 ml de Dry Gin XII
• 70 ml de Rinquinquin
• 20 ml de sirop de rose
• 20 ml de jus de citron vert
• 70 ml d’eau gazeuse
Préparation :
Mélanger les ingrédients au shaker et allongez avec l’eau gazeuse.
Infos : 
Gin distillé artisanalement en Provence composé de 12 plantes et épices, récompensé d’une médaille d’or au Concours « Beverage Testing Institute » USA, pour sa palette aromatique unique.

Dry Gin XII par Distilleries et Domaines de Provence, 30 € les 70 cl. distilleries-provence.com

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Cantarelle Gin de Provence : cocktail Riviera


Les ingrédients :

• 5 cl de Cantarelle Gin de Provence
• 1,5 cl de jus de citron
• 2 cuillères à café de sucre de lavande
• Quelques morceaux de fraises et fruits de saison
Préparation :
Découper les fruits frais en morceaux et les déposer dans le fond de votre verre Old Fashioned. Ajouter le jus de citron jaune pressé et le sucre de lavande. Piler le tout à l’aide d’un mortier directement dans le verre pour écraser les fruits et libérer leur jus. Remplir généreusement le verre de glace pilée. Verser le gin directement sur la glace pilée. Remuer le tout à l’aide d’une cuillère pour bien lier les fruits, le citron, le sucre et l’alcool. Remettre un peu de glace pilée. Décorer votre cocktail de fruits frais et d’une cerise au sirop.
Infos : 
Un gin made in Provence, distillé à l’ancienne avec une sélection de 5 arômes 100% naturels pour faire naître un gin incroyablement aromatique, floral et fruité.

Cantarelle Gin de Provence, 42 € la bouteille de 70 cl. cantarellegindeprovence.fr

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La Grappe de Montpellier : cocktail Green Fizz


Les ingrédients :

• 5 cl de gin GM
• 1 cl de liqueur de marasquin
• 2 cl de sirop de sucre de cannes
• 2 cl de jus de citron frais
• 8 feuilles de basilic
• 5 cl d’eau gazeuse
• Brin de basilic
Préparation :
Verser les ingrédients (sauf l’eau gazeuse) dans un shaker rempli de glaçons. Secouer vivement puis filtrer à l’aide d’une passoire à glaçons et d’une passoire à mailles fines au-dessus du verre de service rempli de glaçons. Compléter avec l’eau gazeuse, garnir et servir aussitôt.
Infos : 
Saveurs méditerranéennes et richesse aromatique, typicité et pureté pour ce gin aux accents du sud de la France.

Gin GM par La Grappe de Montpellier, 31 € les 70 cl. lagrappedemontpellier.com

Sudnly-journee-mondiale-du-cocktail-Distillerie Lachanenche cocktail Martini
Distillerie Lachanenche : cocktail Martini


Les ingrédients :

• 4,5 cl de Gin Lachanenche
• 3 cl de jus de citron frais
• 1,5 cl de sirop d’érable
• 1 feuille de sauge
Préparation :
Verser le gin, le jus de citron et le sirop d’érable dans un shaker. Ajouter les glaçons puis secouer vigoureusement. Filtrer dans un verre bien froid. Garnir avec une feuille de sauge.
Infos : 
Le gin 100% bio à triple distillation lente est un spiritueux de caractère alliant le tranchant des baies de genièvre sauvages à la douceur des fleurs de sureau de la Vallée de l’Ubaye.

Gin Bio de la Distillerie Lachanenche, 38 € les 70 cl. lachanenche.com

Sudnly-journee-mondiale-du-cocktail-Bigourdan cocktail Negroni
Bigourdan : cocktail Negroni


Les ingrédients :

• Glace
• 3 cl de Gin Bigourdan
• 3 cl de Campari
• 3 cl de Vermouth rouge
• Zeste d’orange
Préparation :
Dans un verre rempli de glaçons, verser tous les ingrédients, remuer quelques secondes avec une cuillère à mélange. Garnir d’un zeste d’orange.
Infos : 
Ce London Dry camarguais aromatique et solaire est distillé en petite série à quelques ruelles des arènes d’Arles.

Bigourdan Dry Gin, 39 € les 50 cl. bigourdan.com

Le gin de Corse

San Roccu par Bloom Soul : cocktail L’esprit de San Roccu


Les ingrédients : 

• 5 cl de Gin San Roccu
• 3 cl de jus de Citron Jaune
• 2 cl de sirop de Romarin maison
• 2 cl de liqueur d’Abricot Giffard
• 3 gouttes de lagavulin 16 ans

Préparation : 
Disposer quelques glaçons dans un verre à margarita.
Verser 5 cl de Gin San Roccu.
Ajouter les 3 cl de jus de citron jaune.
Ajouter doucement 2 cl de sirop de romarin maison.
Ajouter 2 cl de liqueur d’abricot Giffard et remuer.
Déposer 3 gouttes de Lagavulin et dresser le cocktail avec une feuille de romarin.
Création par Esprit Cocktail
Infos :
Gin bio insulaire aux arômes de clémentine, myrte et nepita, un bouquet sauvage qui fleure bon la Balagne.

Gin San Roccu par Bloom Soul, à partir de 45€ les 50 cl. bloomsoul.fr

Gin Distilled Dry Gin par L.N. Mattei : cocktail London Mule Mattei


Les ingrédients :

• 6 feuilles de menthe
• 1,5 cl de jus de citron vert
• 1,5 cl de sirop de sucre
• 5 cl de Distilled Dry Gin L.N. Mattei
• 8 cl de Ginger Beer
• 1 quartier de citron vert
Préparation :
Réaliser la recette du cocktail London Mule L.N. Mattei directement au verre. Se munir d’un verre highball et piler les feuilles de menthe avec le jus de citron et le sirop de sucre simple à l’aide d’un pilon. Remplir le verre de glace pilée. Ajouter ensuite un à un le Distilled Dry Gin L.N. Mattei et le Ginger Beer. Mélanger avec une cuillère pendant une dizaine de secondes. Décorer votre verre d’un quartier de citron.
Infos :
Distilled dry gin végétal, d’une rondeur et d’une légèreté rafraîchissante, qui doit ses plus belles notes aux agrumes et aux plantes endémiques.

Gin Distilled Dry Gin par L.N. Mattei, 25,90 € les 70 cl. capcorsemattei.com

Gin Edizione Corsa par Melifera : cocktail Murza


Les ingrédients :

• 20 ml Edizione Corsa
• 20 ml Audemus Sepia Bitter
• 20 cl Lillet rouge
• 20 ml de liqueur de marasquin
• Cerise de marasquin ou fine rondelle d’orange
Préparation : 
Utiliser un verre à mélange rempli de glaçons pour assembler et refroidir les ingrédients. Bien mélanger avec une cuillère à mélange. Verser dans un verre tumbler avec un beau cube de glace. Servir frais.
Infos :
Gin bio et parfumé réédité en version corse, une création qui doit toute sa puissance ensoleillée aux effluves d’immortelle.

Gin Edizione Corsa par Melifera, 49,90 € les 70 cl. melifera.fr

Sudnly-journee-mondiale-du-cocktail-U Massicciu X Callysthé cocktail M’Tea
U Massicciu x Callysthé : cocktail M’Tea


Les ingrédients : 

• 3 cl Gin U Massicciu
• 3 cl Thé du maquis Calysthé
• 2 cl Cramberry
• 1 Larme de sirop de basilic Monin Shaker
• 1/4 de citron vert
• 1 branche de Rosumarinu
• Allonger à l’Orezza
Infos : 
Distillat authentique de citron corse, myrte sauvage et autres extraits fleuris pour un apéro made in maquis.

Gin U Massicciu par U Massicciu, 43 € les 70 cl. umassicciu.com

En bonus, la traduction exclusive du courrier original paru le 13 mai 1806 dans le quotidien new-yorkais The Balance and Columbian Repository

Communication
Au rédacteur en chef de The Balance.
Monsieur,
J’observe dans votre journal du 6 courant, dans le compte-rendu d’un candidat démocratique briguant un siège à la législature, la mention […] de cock-tail. Auriez-vous l’obligeance de m’informer de ce que signifie cette espèce de rafraîchissement ? Bien que je sois un étranger pour vous, je crois que, connaissant les traits de votre personnalité, vous ne jugerez pas cette demande impertinente.

J’ai certes déjà entendu parler de forum, de coupeur de flegme et conducteur de brouillard, de mouiller le sifflet, d’humidifier l’argile, de coup de fouet ou coup d’éperon dans la tête, d’éteindre une étincelle dans la gorge, de coup de feu, et d’autres encore. Serait-ce donc une invention récente ? Ce nom décrit-il l’effet de la boisson sur une partie particulière du corps ? Ou signifie-t-il que les démocrates qui prennent cette potion sont renversés et ont la tête à la place des pieds ? Je pense que la seconde solution est la vraie, mais je ne veux pas me prononcer avant d’avoir reçu toutes les informations pour éclairer mon jugement.

Au début de la révolution, un médecin recommanda publiquement la mousse qui poussait sur un arbre comme substitut au thé. Il s’aperçut, après expérience, qu’elle avait une qualité plus stimulante qu’il ne l’approuvait et, par conséquent, il la dénonça publiquement par la suite.

Quelle que soit la nature de ce cocktail, il ne saurait sûrement être administré correctement qu’à certains moments et à certaines constitutions. Il y a quelques années, lorsque les démocrates se battaient pour Jefferson et Clinton, l’un des scrutins s’est tenu dans la ville de New York dans un endroit où l’on vendait de la crème glacée. Leur tempérament était alors remarquablement poussiéreux et bilieux. Il fallait définitivement quelque chose pour les rafraîchir. Aujourd’hui, alors qu’ils sont figés dans la rigidité, il pourrait être tout aussi nécessaire de les réchauffer et de les réveiller par l’un de ces cock-tails.

J’espère que vous n’interpréterez rien de ce que j’ai dit comme un manque de respect. Je lis votre journal avec grand plaisir et lui souhaite la plus grande diffusion. Que vous répondiez ou non à ma demande, je resterai toujours,
Vôtre,
Un abonné

[Comme je mets un point d’honneur à ne jamais rien publier (sous ma rubrique éditoriale) que je ne puisse expliquer, je n’hésiterai pas à satisfaire la curiosité de mon correspondant intéressé : le cocktail est donc une liqueur stimulante, composée d’alcools de toute sorte, de sucre, d’eau et de bitters ; on l’appelle couramment bitter sling, et il est censé être une excellente potion électorale dans la mesure où il rend le cœur robuste et hardi, en même temps qu’il embrouille la tête. On dit aussi qu’elle est d’une grande utilité pour un candidat démocrate, car une personne qui en a avalé un verre est prête à avaler n’importe quoi d’autre.
L’éditeur]

Sudnly-journee-mondiale-du-cocktail-page du quotidien new-yorkais

Crédit photo :

U Massicciu X Callysthé – M_Tea : Nicolas Simi, Iris Production.

Découvrez aussi nos Deux cocktails signature pour savourer la Saint-Valentin avec philtres.

16 juillet 2022
Si vous cherchez la vérité, elle est perchée sur les hauteurs du Lac Majeur, pas si loin de chez vous
Société

Si vous cherchez la vérité, elle est perchée sur les hauteurs du Lac Majeur, pas si loin de chez vous

écrit par Luc Clément
Sur une colline du côté d’Ascona, en Suisse italophone, on pourfend le capitalisme, on se nourrit de fruits et légumes de saison, on privilégie les médecines douces, on pratique le yoga, la danse, la musique, on porte (quand on s’habille) des vêtements en lin et coton organique, on prône l’émancipation des femmes et le matriarcat, le mariage de conscience, les pédagogies alternatives et le partage, en harmonie avec la nature. On y court ? Compliqué : nous sommes en 1900 et, bien qu’elle ait inspiré le mouvement hippie, l’utopie du Monte Verità a depuis fait long feu. Sa mémoire pourtant n’a jamais été aussi vivace. Serait-il temps de la faire revivre ?

On rejoint une belle colline boisée avec vue sur le Lac Majeur au terme d’une petite route tranquille qui conduit à un hôtel moderniste, quelques bâtisses et équipements extérieurs, dont certains d’apparence bien étrange, disséminés en pleine nature. Un lieu paisible à l’atmosphère encore très pure d’où se dégagent tout à la fois une poésie pastorale et la sensation d’une énergie vitale. Celle-là même à laquelle vinrent puiser les fondateurs de la communauté du Monte Verità.

Aux origines d’un mythe

La seconde moitié du XIXᵉ siècle voit l’Europe en proie à une crise existentielle, face au développement vertigineux de l’industrie et des échanges commerciaux. Rien d’étonnant à ce que l’on situe souvent à cette période les origines de l’anthropocène, ou plus précisément, du capitalocène.

En France, Charles Fourier, philosophe, économiste et humaniste, dénonce la société de son temps et milite pour un nouveau projet social, visant une revalorisation de la notion de travail, un nouveau rapport à la nature et singulièrement la nature humaine, par l’épanouissement de l’individu et l’exaltation de ses passions.

En Allemagne, où le nouvel empire industrialise la nation à marche forcée, apparaissent des mouvements de protestation face à l’extrême dureté de ce processus et la prééminence de la finance. Parmi eux, le Wandervogel (littéralement oiseau migrateur), incarné par un groupe d’étudiants idéalistes et romantiques, cherche à s’affranchir d’un monde désincarné comme du carcan d’une société d’adultes jugée trop rigide, recherchant liberté et jouissance de l’instant présent dans une forme d’errance. Autre mouvement aux effets durables, le lebensreform (réforme de la vie), émerge en Allemagne et en Suisse à la fin du XIXᵉ. Critique de l’urbanisation, de l’industrialisation, retour à la nature, il fut si influent qu’on l’envisage comme l’une des références essentielles du mouvement hippie aux États-Unis. Théâtre d’intenses reconfigurations politiques et économiques, cette période voit également émerger les premiers théoriciens de l’anarchisme, dont Proudhon en France ou Bakounine en Russie, qui réfutent la verticalité d’un pouvoir central et défendent un modèle d’organisation fondé sur la liberté individuelle. Ces luttes se font au péril de la vie des intéressés et c’est un Bakounine épuisé qui vient se mettre au vert sur les hauteurs d’Ascona, déjà réputées pour leur environnement unique. Il y attire de nombreuses figures de l’anarchisme et rédigera là son principal ouvrage, Étatisme et anarchie, quelques mois à peine après un autre géant de l’époque, Friedrich Nietzche, qui met à profit son séjour à Ascona pour parachever l’écriture de La naissance de la tragédie.

De villégiature bucolique entre Suisse, Italie et France, en ces années 1870, la colline tessinoise devient destination de choix pour idéalistes en exil, proto-clochards célestes et drôles d’oiseaux venus de l’Europe entière. Il faudra pourtant attendre une trentaine d’années avant qu’elle ne connaisse le développement qui nous intéresse.

Le mont de la vérité

Fils d’un riche industriel anversois, Henri Oedenkoven a 25 ans lorsqu’il décide de tourner radicalement le dos à un avenir fortuné pour aller changer le monde à Ascona, avec sa compagne Ida Hoffmann, pianiste, intellectuelle et féministe, qu’il rencontre lors d’un séjour dans un sanatorium austro-hongrois. Partageant leur attirance pour cette colline déjà magique à laquelle la légende prête une beauté, un climat, voire un magnétisme hors du commun, Karl Gräser, un ex-officier de l’armée impériale, qui a quitté l’uniforme allemand pour fonder le groupe pacifiste Ohne Zwang, (Sans contrainte) et son jeune frère, Gusto Gräser, un peintre illuminé dont la stature quasi-christique fascine et inspirera dit-on le roman Demian à Herman Hesse, les rejoignent. Complètent l’équipage Jenny, sœur d’Ida, Lotte Hattemer, une jeune anarchiste, elle aussi en rupture avec un père fortuné, et un certain Ferdinand Brune, dont on ne sait à peu près rien.

Pour une somme modique (on parle de 150 000 francs de l’époque), l’hétéroclite aréopage jette son dévolu sur un hectare et demi de collines à 332 mètres au-dessus du Lac Majeur. Le lieu s’avère idoine pour qu’infusent pêle-mêle les principes stimulants des Wandervogel et autres naturmensch, prosélytes de la lebensreform, les réminiscences romantiques de la naturphilosophie, exaltée par les poètes et philosophes allemands tels que Gœthe, Novalis, Schelling ou Hegel, pensées et lectures que complètent les œuvres de Rousseau ou le retour à la nature d’Adolf Just (future bible du mouvement hippie), Walden ou la vie dans les bois de Henry David Thoreau ou Feuilles d’herbes de Walt Whitman (écho prémonitoire à un certain cercle de poètes pas encore disparus).

Le groupe s’emploie à établir les principes d’un nouveau monde édénique, en prise directe avec la nature et fondé en premier lieu sur le rejet de toute forme de possession. Si la pratique agricole s’avère particulièrement ardue – les terres étant peu propices à la culture (ce qui précipitera quelques années plus tard la chute de l’expérience utopique) –, la pratique des arts et de la culture physique est florissante. Parmi elles, la danse symbolise l’accomplissement ultime de ce modèle de vie rêvé, véritable retour aux sources à même d’offrir la plus parfaite osmose du corps et de l’esprit, de l’être humain et de la nature. Derrière la figure de Gusto Gräser, artiste gourou dont l’intransigeance le conduit assez vite à s’isoler définitivement dans une grotte à peu de distance de là, une autre figure artistique émerge de cette communauté, qui la marquera de son empreinte singulière, Rudolph Laban. La Première Guerre Mondiale ayant éclaté, le danseur, chorégraphe et théoricien hongrois, formé aux Beaux-Arts de Paris, trouve refuge à Ascona. Entre temps, le Monte Verità a évolué en une destination – certes toujours utopique – pour cures de santé, consécutivement au départ pour le Brésil des pionniers Henri Oedenkoven et Ida Hoffmann et la – parfois tragique – débandade des membres fondateurs. Qu’importe, le tropisme artistique reste puissant et autour de Rudolph Laban vont se croiser les figures historiques de la danse que sont Isadora Duncan, Suzanne Perrottet ou Mary Wigman, mais aussi Sophie Täuber ou encore Émile Jaques-Dalcroze, créateur de la fameuse méthode rythmique, dont le chemin passe, lui aussi, par le Monte Verità. De cette émulation créatrice séminale naitront des principes qui poseront les bases de l’art chorégraphique moderne (revoir à ce titre la très belle exposition Danser sa vie que le Centre Pompidou a consacré au sujet) et qui fleuriront quelques décennies plus tard aux États-Unis, portés par l’avant-garde artistique.

La postérité d’une utopie

En 1927, si la magie du lieu reste intacte, son modèle économique et social est rattrapé par la réalité d’un monde qui, lentement, recycle ses idéaux les plus purs jusqu’à les voir, au cours des années 30, servir de terreau aux théories national-socialistes les plus pernicieuses. Conscient du potentiel du lieu, le Baron Eduard von der Heydt, banquier de Guillaume II et collectionneur d’art, en fait l’acquisition et commande à l’architecte Fahrenkamp, émule du Bauhaus, un hôtel de style moderniste que l’on peut découvrir encore aujourd’hui. Parmi les autres constructions étonnantes à avoir traversé le temps au Monte Verità, la maison communautaire de bardeaux, la Casa Anatta (maison de l’âme), une surprenante maison de thé japonaise au cœur de son jardin de thé et des agrès en forme de sculptures ésotériques, destinés à la pratique sportive. Pourtant, le leg de cette communauté utopique ne se limite pas aux quelques hectares arborés de la colline tessinoise. Si la tentative des fondateurs Henri Oedenkoven et Ida Hoffmann de recréer à Sao Paulo ce que l’on qualifierait aujourd’hui de spin off (et qui inspira peut-être à Sergio Mendes cette ineffable reprise de Lennon-McCartney), la suite des événements se situe en Amérique du Nord où quelque wandervogel transatlantique semble avoir colporté les idéaux naturalistes du Monte Verità avec un certain succès. Témoin, ce morceau interprété par Nat King Cole, nature boy, monument du répertoire populaire états-unien, repris par des artistes aussi divers et inattendus que Miles Davis, Art Pepper, Abbey Lincoln, James Brown, Sun Ra, Alex Chilton et même Leonard Nimoy, et dont le nature boy en question serait, d’après la légende, le patient zéro. Largement abreuvé de littérature néo-romantique, épousant l’utopie communautaire, militant pour l’amour, la paix et le retour à une vie plus naturelle, allant jusqu’à adopter le dress code des pionniers d’Ascona, vêtements amples, sandales et pied nus, le mouvement hippie popularisera – jusqu’à la caricature – les principe du Monte Verità, sans jamais toutefois que son souvenir n’apparaisse en pleine lumière.

Malgré les efforts du génial Harald Szeemann, à qui l’on doit quelques-unes des plus brillantes expositions d’art de la fin du XXᵉ siècle et qui veilla à ce qu’une exposition permanente soit consacrée au Monte Verità, à la Casa Anatta, baptisée les Mamelles de la Vérité, il faudra attendre les années 2000 pour que son héritage ne parvienne réellement à toucher le public le plus large. Outre l’exposition du Centre Pompidou précitée, le film Monte Verità tourné sur les lieux et présenté il y a quelques mois au festival de Locarno, distant de quelques kilomètres d’Ascona, ainsi qu’une exposition au Museo del Novecento à Florence visible jusqu’au 10 avril 2022, intitulée Back to nature constituent les deux symptômes les plus récents d’un retour, si ce n’est en grâce, du moins au cœur même de nos préoccupations post-pandémiques et consuméristes d’aujourd’hui.

Ce Back to nature (dont le groupe anglais Magazine fit l’un de ses titres les plus emblématiques dans les années 80) est une incitation plus urgente que jamais. Urgence qui réclame sans doute des décisions radicales, comme le retour, pourquoi pas, à un état sauvage, pas si éloigné des théories de Charles Fourier, contempteur de la civilisation et inspirateur évident de l’utopie Monte Verità. Éthique, solidaire, créatif, ce retour à l’état sauvage rétablit l’équilibre vital entre passion et raison, rêve et rationalité, amour de l’autre et de soi. Bref, que cette nouvelle année 2022 soit sauvage et légère. Puisse-t-elle poser les bases d’un nouveau mo(n)de de vie à reconstruire, pourquoi pas, en Méditerranée. Bonne année.

Pour faire une escapade sur le Monte Verità
ascona-locarno.com

​

Légendes :
Image principale : Frédéric Boissonnas, Les quatre danseuses (Dora Brooke, Jeanne de Salzmann, Suzanne Perrottet, Annie Beck), élèves d’émile Jaques-Dalcroze, Monte Verità (1909). Bibliothèque de Genève.
 
7 janvier 2022
Amelia Tavella, les lignes de risque d’une femme architecte
Déco

Amelia Tavella, les lignes de risque d’une femme architecte

écrit par Luc Clément
Un couvent fortifié du XVe, ruine classée en plein maquis au cœur de l’Alta Rocca. Une maison paradis des années 50 sur la plage d’Ajaccio, abandonnée à la végétation. Ces deux projets de réhabilitation constituent le manifeste architectural d’Amelia Tavella. Capter l’âme des lieux, réveiller leur mémoire, invoquer leur spiritualité, avec la douceur déterminée d’une femme de l’art dans un geste d’aujourd’hui, faire revivre l’harmonie entre l’humain et la nature sauvage, souveraine. Couvent, paradis, ces projets d’Amelia Tavella cachent sous leur douceur naturelle et réparatrice un art assumé du risque.

Son caractère bien trempé doublé d’une pluie de récompenses précoces ne suffisent pas à expliquer l’audace dont a fait preuve Amelia Tavella en allant chercher Rudy Ricciotti pour un projet à quatre mains en Corse. L’éloge du risque, elle l’a fait sien et partagé avec la regrettée Anne Dufourmantel, psychanalyste et autrice dont elle fut l’intime. “On ne met pas les pieds sur la table” répondra l’architecte du Mucem. Entendre, respect pour la Corse et celle qui le sollicite et s’emploie, avec une passion folle, à porter sur sa terre natale une collection de projets modestes et lumineux. À contre-courant de l’urbanisation exponentielle de l’île et des “grosses baraques” qui squattent le littoral méridional et l’ont conduite quelques années plus tôt à rompre sine die tous ses contrats avec des promoteurs immobiliers.

Elle avoue être plus attirée par les bâtiments secrets, interdits, confidentiels. On peut y voir tout à la fois son tempérament volontiers farouche, qui la tient plus proche du maquis de son enfance que de sa corporation ou de la ville d’Aix où elle vit et qu’elle ne goûte guère. Sa sensibilité aussi à la dimension spirituelle des lieux, et surtout, une conscience aigüe de sa responsabilité d’architecte : “Construire sur l’existant, réhabiliter est peut-être la seule chose qui nous sauvera.” Une architecture dont la part féminine qu’assume Amelia, protectrice ou réparatrice, renvoie à la notion de care et réussit le tour de force d’inscrire dans des gestes contemporains harmonie et douceur de vivre. Loin de la tranquillité qu’évoquent ces termes, Amelia Tavella s’investit avec l’intensité et l’intransigeance d’une artiste, expérimentant sans cesse de nouveaux matériaux au fil de ses projets, veillant sur ses bâtiments comme sur ses deux filles qu’elle ne lâche pas d’une semelle. Architecte parmi les hommes, elle poursuit l’engagement d’une vie, consciente d’apporter sa part à la promotion de la femme. Un autre défi permanent au doux parfum de risque.

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Son île, Amelia Tavella l’a tellement parcourue, en cavalière émérite et libre, qu’elle en garde une part de l’âme rebelle doublée d’un amour fou pour ses paysages. Le couvent Saint François à Sainte-Lucie de Tallano, destiné à devenir maison du territoire et tiers-lieu artistique, trouve l’équilibre entre déclaration d’amour et geste architectural ultra-contemporain.
La modernité selon Amelia Tavella ne détruit pas, elle embrasse le passé. Témoin, l’étreinte d’une évidente beauté entre le corps en granit de l’ancien couvent en ruine, figé dans son effondrement et restauré de fond en comble, et le nouveau bâtiment venu l’épouser, cathédrale miniature de cuivre et de lumière. Le temps fera son ouvrage sur la flamboyante douceur du métal, parachevant l’harmonie retrouvée de l’humain, du naturel et du spirituel.
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Du temps où elle accueillait les grands soirs d’Ajaccio, il ne restait rien, la végétation qui l’avait envahie étant, comme pour le couvent, devenue structurelle. Cette maison oubliée au début de la route des Sanguinaires est alors rachetée par une amie d’enfance d’Amelia qui la sollicite pour la réhabiliter. Plus qu’un chantier de restauration, l’architecte signe ici l’invention d’un petit paradis. “Bien au-delà de toutes mes attentes” dit aujourd’hui la propriétaire.
En gardant perpétuellement en tête le rapport à la mer, l’architecte fait le vide à l’intérieur qu’elle ravive d’un blanc virginal, repense les volumes, les liant intimement au panorama grandiose au travers de baies pivotantes de 3 m en châtaigner, garde-corps tendus de cordes et volets sculptés à la façon de persiennes méditerranéennes. Fidèle à l’engagement d’Amelia, la Casa Santa Teresa se fond dans son cadre naturel, comme un éden originel de lumière intérieure et de douceur de vie à partager.
Crédit photos : © Thibaut Dini, portrait © Marianne Tessier
7 décembre 2021
Marseille en 4 adresses et recettes métissées
Art de vivre

Marseille en 4 adresses et recettes métissées

écrit par Luc Clément
Les fines tables ne cessent d’éclore dans la cité phocéenne. En voici 4 pétillantes, dressées par de jeunes couples aussi sensibles aux produits locaux qu’à la mémoire culinaire de leurs origines. Derrière leurs sourires et leurs parcours atypiques, découvrons leurs recettes, ode à la gourmandise et au multi-culturalisme.

Limmat

Dans ce restaurant, la viande est bannie mais le poisson est encensé. Lilian Gadola et son compagnon Fabien en ont fait une maison de potes à l’ambiance fifties, à la carte courte mais généreuse, basée sur le régime méditerranéen avec quelques recettes suisses.
Limmat. 41, rue Estelle, Marseille 6e, 04 91 47 49 35, limmatmarseille.com

LES PIZOKELS DE LILIAN GADOLA
Ingrédients (4 personnes) :
• 2 oeufs
• 15 cl de lait
• 5 g de sel
• 250 g de farine blanche
• 1 poignée de persil haché

Préparation :
Tout mélanger, si possible au robot, pour obtenir une pâte collante mais assez liquide. La laisser reposer 30 minutes au frais. Faire chauffer 2 l d’eau salée. Étaler une portion de pâte à l’aide d’une spatule sur une planche lisse. Découper de petites lanières et les faire glisser dans l’eau frémissante. Quand les pâtes remontent à la surface, les sortir avec une écumoire. Recommencer l’opération. Quand tous les pizokels sont cuits, les faire revenir à la poêle au beurre. Servir avec des champignons à la crème, des épinards sautés ou tout légume de saison.

Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-Limmat-Lilian Gadola et Fabien
Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-LES PIZOKELS DE LILIAN GADOLA-Limmat

Libala

Cette micro cantine imaginée par le chef congolais Hugues Mbenda et sa compagne Mathilde est un mix de saveurs et de cultures. Il mêle les produits de son enfance à ceux de la Méditerranée, issus de maraîchers bio et producteurs locaux, pour élaborer des plats simples aux goûts explosifs.
Libala. 6, place de Rome, Marseille 6e, 09 81 78 73 03, libalapretamanger.com

LES GNOCCHIS DE BANANE PLANTAIN DE HUGUES MBENDA
Ingrédients (4 personnes) :
• 4 bananes plantain mûres
• 150 g de farine
• 1 jaune d’oeuf
• 1 cuillère à soupe d’huile de tournesol

Préparation :
Couper les extrémités des bananes puis tailler deux tronçons. Les cuire 20 min à l’eau salée. Ôter la peau, écraser la chair, ajouter huile, jaune d’œuf, farine et sel. Pétrir à la main, former une boule. Sur un plan fariné, rouler la pâte en boudins. Couper des tronçons de 2 cm, les fariner, puis les jeter dans un grand volume d’eau bouillante salée. Quand les gnocchis remontent à la surface, les refroidir à l’eau glacée, égoutter. Les dorer à la poêle à l’huile d’olive. Servir avec des achards de butternut, par exemple.

Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-Libala-Hugues Mbenda et Mathilde
Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-Libala-LES GNOCCHIS DE BANANE PLANTAIN DE HUGUES MBENDA

Mouné

Serje, et Najla ont créé un restaurant libanais intelligent, qui ose aller chercher plus loin que les traditionnels houmous et falafels, tout en utilisant des produits locaux et de saison uniquement. Pas de taboulé en hiver, mais du Samké Harra bel tahini, une daurade épicée, ou du Mehché Selek, à base de blettes et d’agneau.
Mouné. 30, rue Fortia, Marseille 1er, 07 61 57 09 55, mouneresto.com

CRUMBLE POMMES HALVA SIGNÉ NAJLA BANNA
Ingrédients (4 personnes) :
Pour la pâte :
• 150 g de farine
• 150 g de poudre d’amande
• 70 g de sucre
• 120 g de beurre mou
• 1 cuillère à café de cannelle
• 1 pincée de sel
• 2 cuillère à soupe de tahini

Pour les pommes :
• 6 pommes vertes
• 70 g de sucre blond
• 70 g de beurre
• ½ citron
• 1 cuillère à café d’eau de fleur d’oranger
• ½ cuillère à café de cannelle

En touche finale :
• Halva émiettée

Préparation :
Dans un saladier, travailler du bout des doigts tous les ingrédients de la pâte sauf le tahini, à ajouter en dernier. Éplucher et couper les pommes en dés. Citronner. Faire chauffer dans une casserole le beurre, ajouter progressivement le sucre et l’eau de fleur d’oranger. Quand le caramel est prêt, ajouter les pommes et bien mélanger pour les enrober, puis la cannelle. Laisser cuire 10 min. Mettre les pommes dans un plat et recouvrir avec la pâte. Enfourner à 180°C, environ 20 min. Laisser tiédir, parsemer de miettes de Halva.

Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-Serje, et Najla-Mouné
Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-CRUMBLE POMMES HALVA SIGNÉ NAJLA BANNA-Mouné

La cuisine de Gagny

Julie et Gagny Sissoko se rencontrent à Bamako. Arrivés à Marseille, ils œuvrent dans la sphère culturelle avant de créer leur cantine, accueillie d’un succès fulgurant. Elle séduit par son concept innovant : ne jamais refaire le même plat. Le mercredi c’est burger, mais chaque semaine il diffère, agneau confit et mousse poire-betterave-hibiscus, bœuf et houmous de patate douce, chaque assemblage est plus surprenant que le précédent.
La cuisine de Gagny. 153, bd Chave, Marseille 5e, 06 59 05 86 19, Facebook : La Cuisine de Gagny

POIRES POCHÉES À L’HIBISCUS DE GAGNY SISSOKO
Ingrédients (4 personnes) :
• 4 poires
• 150 g de fleurs d’hibiscus séchées
• 150 g de sucre
• 2 feuilles de menthe
• 1 l d’eau

Préparation :
Porter à ébullition le sucre, les fleurs d’hibiscus, la menthe et l’eau, maintenir à feu doux 20 minutes, filtrer. Éplucher les poires. Les cuire entières 15 à 20 minutes dans l’infusion. Servir froid, avec le jus de cuisson réduit et du nougat de sésame, ou avec du chocolat fondu.

Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées- Julie et Gagny Sissoko-La cuisine de Gagny
Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-POIRES POCHÉES À L’HIBISCUS DE GAGNY SISSOKO-La cuisine de Gagny
Sudnly-Marseille en 4 recettes métissées-Couv Marseille cuisine le monde
À dévorer d’urgence !

Vérane Frédiani est l’auteure d’un pavé inédit qui brosse, entre chefs, recettes, adresses et confidences, le portrait d’une cité rebelle en pleine mutation gourmande. Un ouvrage si vivant que nous avons pioché allègrement dans son vivier et lui avons confié les photos de ce reportage.
Marseille cuisine le monde, Éditions de La Martinière, 256 pages, 29,90 €.

Crédit photos : © Vérane Frédiani

Pour découvrir d’autres adresses marseillaises, consultez notre article Nice vs Marseille : Battle de tables.
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2 décembre 2021
Chez Christian Lacroix Maison, l’Atlantide a un goût de Méditerranée surréaliste
Déco

Chez Christian Lacroix Maison, l’Atlantide a un goût de Méditerranée surréaliste

écrit par Luc Clément
Intitulée Atlantis, la dernière collection capsule automne-hiver 2021 de Christian Lacroix Maison, réalisée en collaboration avec Designers Guild, ancre le mythe résolument au sud, en un spectaculaire parti-pris déco, entre luxuriance et néo-surréalisme.

Depuis Platon, on se perd en conjecture à son sujet : L’Atlantide a-t-elle existé ou non ? Était-elle dans l’Atlantique, en Méditerranée ou au Tibet ? La dernière collection capsule de Christian Lacroix Maison, baptisée Atlantis, fait revivre le mythe résolument au sud, dans un parti-pris déco luxuriant teinté de surréalisme.

Haut en couleurs, baroque et foisonnant, l’univers décoratif de Christian Lacroix Maison continue ainsi de cultiver une authentique liberté, à mille lieux des tendances du marché. Plus maximaliste que minimaliste, il nous plonge avec cette collection capsule automne-hiver 2021 dans un décor magique inspiré de mythologie.

Atlantis de Christian Lacroix Maison, pour intérieurs magiques

La composition n’est pas sans rappeler Salvador Dali ou André Masson, les grandes fresques murales surréalistes qui, de Marseille à Saint-Jean-Cap Ferrat en passant par Hyères, envahirent les villas des mécènes collectionneurs avant-guerre. Les fleurs géantes explosent de couleurs dans un paysage aux reflets irisés qui renvoie autant au Jardin des Hespérides originel qu’à Atlantis, île des Dieux de l’Olympe, comme l’imagine la Maison Christian Lacroix. Le voyage est vertigineux et nous conduit même aux confins de l’espace, dans une trajectoire spatio-temporelle rejoignant, par une circonvolution inattendue, le Sun Ra d’Atlantis, encore.

Dirigées depuis 2010 par Sacha Walkhoff, les collections de Christian Lacroix Maison restent fidèles à l’esprit du couturier arlésien, son sens de la couleur, ses architectures visuelles flamboyantes et affranchies, qu’elles enrichissent de nouvelles touches tout aussi actuelles qu’assurément hors du temps.

Sudnly-Christian Lacroix Maison-Christian Lacroix FW2021 by Philippe Garcia

Une collaboration de Christian Lacroix Maison et Designers Guild

Papier peint, plaid, coussins, chaque pièce de cette collection a été réalisée en collaboration avec Designers Guild, gage de créativité et de savoir-faire dans le choix des matières et la réalisation, où la chaleur de la laine réconforte et la douceur du velours caresse le rêve éveillé.

Elle illustre une nouvelle fois la démarche de Christian Lacroix Maison qui s’investit, pour ses collections de tissus d’ameublement, papiers peints, accessoires de décoration et arts de la table, dans des collaborations fertiles de prestigieux éditeurs et manufactures.

Retrouvez le papier peint Atlantis Aube, les coussins et le plaid de la collection sur le site designersguild.com.

Crédit photos :
©Phillippe Garcia

5 novembre 2021
Sud, rock et engagée, Kaporal upgrade son image et réaffirme son éthique
Mode

Sud, rock et engagée, Kaporal upgrade son image et réaffirme son éthique

écrit par Luc Clément
À l’origine, il y a le bleu, le jean, Marseille. Depuis, Kaporal est monté en grade, construisant un succès mode international sans perdre son ADN méditerranéen. Aujourd’hui, la marque réaffirme son identité : une personnalité en phase avec l’air du temps, libre, forte et engagée.

C’est le Sud, bébé ! s’exclamait Christelle Kocher, la créatrice du label Koché, invitée à Marseille en 2018 pour le Festival OpenMyMed par la Maison Mode Méditerranée. Exclamation d’une éloquence inépuisable et qui pourrait s’appliquer pour qualifier Kaporal, pépite mode née dans la métropole phocéenne.

Quand elle apparaît, quelque 17 ans plus tôt, la marque Kaporal cherche déjà sa voie à distance de la fast fashion et des copycats que l’on croise le plus souvent dans l’univers du jean. Au fil des collections, sa personnalité s’affine et son succès se confirme, attestant l’adhésion d’une nouvelle génération à son état d’esprit original, volontiers rock mais sans excès, orienté mode mais avec responsabilité.

Kaporal épure son image pour mieux affirmer sa personnalité

Sa nouvelle identité visuelle synthétise l’équation mode de la marque marseillaise. Des collections premium, qui revendiquent une vision du jeanswear à la française. Une âme légèrement anticonformiste, que l’on connaît bien dans le Sud et que la marque encourage avec son appel à sortir du rang. Une créativité réaffirmée, propre à satisfaire ses afficionados d’aujourd’hui et en séduire de nouveaux à l’échelle de la planète.

Derrière cette apparente maturité, point d’immobilisme pourtant. Kaporal semble au contraire résolu à accélérer le mouvement, comme en témoigne le O incliné de son nouveau logo épuré, signé Amandia Kuoch sous la direction de Guillaume Ruby, directeur marque et communication de Kaporal. Un graphisme modernisé qui s’inscrit néanmoins dans une écriture intemporelle, traduisant les aspirations de la marque pour la durabilité au sens le plus large.

Sudnly-Kaporal-Nouvelle-identité visuelle
Sudnly-Kaporal-Nouvelle-identité visuelle

Un engagement mode d’aujourd’hui : créatif, éco-responsable et solidaire

Engagée, Kaporal l’est envers sa communauté, en tant que marque mode inspirationnelle mais aussi dans sa responsabilité sociale d’entreprise. On se souvient notamment des progrès de la marque pour une production de jean made in France, de sa ligne éco-conçue Bleu Impact qui permet d’économiser jusqu’à 50% d’eau. On applaudit son soutien à l’expérience Skola-La Boutique école, qui donne une authentique chance d’insertion et de réussite à de jeunes sans qualification, aux programmes 100 Chances 100 Emplois ou encore celui de la Fondation Télémaque.

Il y a quelques semaines, à l’occasion du Congrès mondial de la nature à Marseille, Kaporal réaffirmait son action en faveur de la protection des côtes méditerranéennes. Un nouveau partenariat de deux ans lie désormais la marque au Parc National des Calanques dont les herbiers de posidonies, essentiels à la préservation de l’éco-système marin, sont menacés. Pollution urbaine, accroissement du tourisme et de la plaisance, l’urgence est là. Regroupant des actions concrètes de ramassage des déchets et de sensibilisation du public, cet engagement illustre bien la démarche globale de l’entreprise, labellisée Kaporal Impact.

Respect de l’équité et du bien-être des collaborateurs, achats et développement responsables, respect de l’environnement et développement local, inclusion sociale et insertion des jeunes en sont les 4 thèmes fondateurs. Un mouvement circulaire et vertueux que Laurence Paganini, directrice générale, résume en une phrase : « […] entreprise méditerranéenne, Kaporal a à cœur de promouvoir les acteurs locaux qui veulent faire bouger les lignes et pas seulement celles de la mode. » On sort volontiers du rang pour la rejoindre.

1 novembre 2021
Trone Design : les plus belles toilettes du monde ?
Déco

Trone Design : les plus belles toilettes du monde ?

écrit par Luc Clément
Entrepreneur intrépide, designer visionnaire, Hugo Volpéi s’est fixé une mission, quasi-herculéenne et que personne, avant lui, n’avait eu le courage de relever : rendre les toilettes plus belles. Résultat ? Trone, la future licorne des waters.

En des temps homériques, on raconte que le roi Minos de Crète s’en fit construire un pour son royal usage, ce qui vaudra à l’objet, toujours selon la légende, d’être qualifié de trône. Une poignée de millénaires plus tard, et malgré les besoins pressants de générations innombrables, les toilettes n’avaient toujours pas changé d’un iota. Jusqu’à ce jour où, fraîchement diplômé d’une grande école de commerce parisienne, le jeune Niçois d’origine corse Hugo Volpéi découvre les lavatory de Sketch, temple de la branchitude londonienne. Le lieu est hautement instagrammable (déjà) mais les toilettes font pâle figure. Celui qui, à 12 ans, peignait des T-shirts pour se faire de l’argent de poche, à 15 ans, rêvait d’être architecte et à 20 ans, se voyait restaurateur à succès, se choisit une mission : rendre les toilettes cool, enfin.

Fort à propos baptisée Trone, sa start-up est rapidement remarquée par les fondateurs du groupe Big Mamma qui mettent notre inventeur au défi de livrer très vite le fruit de son imagination pour leur futur restaurant. C’est le coup d’envoi d’une aventure design pas comme les autres, qui obligera Hugo à redoubler de perspicacité pour trouver les collaborateurs idoines et les solutions techniques indispensables à la réalisation de sa vision.

Disons-le tout de suite : Icone01, son concept WC inaugural est une pure réussite à tous points de vue. Une épure design, des matériaux chaleureux et raffinés, un modèle d’éco-responsabilité avec sa colonne d’eau – quelle belle idée – qui permet de gérer idéalement et en beauté le flush. En attendant d’être au MOMA, Hugo Volpei est déjà cité par le magazine Forbes parmi les “30 under 30”, vend ses créations dans 17 pays, non sans avoir séduit une liste déjà impressionnante de chefs et restaurants à succès. Reste à trouver un nouvel Henri Miller pour écrire la suite du célèbre Lire aux cabinets, digne des bijoux de technicité et d’esthétique, de fabrication 100% française, désormais signés Trone.

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trone.paris
Crédits photos : Hugo Volpei, photo CC&C CREATORS.
11 octobre 2021
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