Culture

Pourquoi on aime la nouvelle saison du Théâtre Princesse Grace à Monaco

Pour le public monégasque, il fait figure d’institution. Il serait toutefois injuste de le réduire à ce statut solennel et patrimonial tant le Théâtre Princesse Grace, par la volonté de sa directrice Françoise Gamerdinger et de son équipe artistique, porte une programmation ambitieuse et avisée. Brillant par sa diversité créative, cette saison en est l’exemple le plus enthousiasmant.

Son patronyme évoque sa fondation en 1981 par la Princesse Grace, dont les liens avec la scène et l’écran disent toute l’ambition placée dans le théâtre national par la Principauté. Incontournable pour les Monégasques, plus discret pour les Azuréens, le Théâtre Princesse Grace pourrait pâtir des préjugés qui accompagnent l’art dramatique aujourd’hui, ignoré par les jeunes générations biberonnées aux réseaux qu’on dit sociaux, délaissé par un public capté par les plateformes de streaming ou les créations plus spectaculaires. Pour tout dire hors d’âge ou ennuyeux.

Il suffit pourtant de se glisser dans le velours cognac des fauteuils de cette salle à échelle humaine et à la patine historique pour renouer avec l’émotion vibrante de la scène, à la faveur d’une programmation qui réussit l’équilibre entre toutes les formes de théâtre, public et privé, ambition culturelle et ferveur du spectacle le plus vivant. La vérité du théâtre est dans l’instant et sa vitalité tient à sa capacité de se réincarner sans cesse au gré de l’écriture, la mise en scène et l’invention formelle. Parmi les 27 spectacles proposés et par-delà les grands noms qui font briller l’affiche, voici nos moments forts dans la saison 2024-2025 du Théâtre Princesse Grace.

Coupures, démocratie existentielle
Mercredi 30 octobre, 20h

Surlignant les multiples césures qui existent entre le pouvoir et les citoyens, jouant littéralement sur scène l’absence de débat démocratique avec le public, la compagnie la Poursuite du Bleu signe une haletante comédie satirique saluée par la critique. Le spectacle à ne pas manquer cette saison d’après Paris Match.

Un barrage contre le Pacifique, Anne Consigny sublime Duras
Mardi 12 novembre, 20h

Anne Consigny donne une nouvelle dimension au récit de Marguerite Duras, qu’elle transcende en l’incarnant avec force et sensibilité, éblouissante et seule en scène. “Il faut absolument la voir, elle est magique” a dit d’elle Fabienne Pascaud dans le masque et la plume sur France Inter.

Chut ! Une pomme, hors cadre surréaliste
Mercredi 4 décembre, 17h

Entre un dialogue intime avec son poste de radio et la poursuite échevelée d’une pomme, René le peintre entraîne le public dans une pantomime surréaliste où le décor projeté sur grand écran recompose l’univers visuel et les formes de Magritte. Il y a du Lewis Carroll, du Chaplin, du Keaton dans ce burlesque métaphysique qui abolit la gravité et fait le délice des esprits fantasques dès 7 ans. 

Paloma au plurielles, les femmes l’habitent
Jeudi 19 décembre, 20h

Autour du personnage de Paloma, popularisé par l’émission Drag Race France, Hugo Bardin fait défiler sur scène, avec un humour irrésistible, une qualité d’écriture bluffante et une finesse remarquable, une galerie d’archétypes féminins plus vrais que nature.

Le Problème Lapin, cartographie 7, fausse conférence et vraie performance
Jeudi 30 janvier, 20h

Avec force PowerPoint et allers-retours échevelés autant qu’absurdes avec sa comparse Hélène Schwartz, Frédéric Ferrer peaufine l’art de la performance conférencière, aussi érudite et passionnante que désopilante. Même si vous avez manqué les 6 précédents épisodes de cet Atlas de l’Anthropocène, celui-ci vous réconciliera avec l’écologie et l’intelligence.

Passeport, une fable humaniste
Mardi 8 avril, 20h

Derrière l’odyssée d’Issa, jeune érythréen ayant perdu la mémoire dans la jungle de Calais, point de théâtre engagé ou militant mais le fil d’une vie humaine qui touche au cœur et traverse la nouvelle pièce d’Alexis Michalik, portée par des comédiens bouleversants et la musique de Sly Johnson.

La vie en vrai (avec Anne Sylvestre)
Jeudi 8 mai, 20h

Les chansons d’Anne Sylvestre, ses convictions féministes, ses combats d’artistes “dégagée” accompagnèrent ses 60 années de carrière, marquant leur époque comme ses pairs, de Georges Brassens à Alex Lutz ou François Morel. Revisité par Marie Fortuit, autrice, comédienne, metteuse en scène, et Lucie Sansen, pianiste, dans un spectacle musical touchant en forme de portrait intime, son répertoire prouve, par sa résonnance avec les préoccupations de trentenaires d’aujourd’hui, sa justesse et sa force d’inspiration intactes.

Informations et billetterie sur tpgmonaco.mc