Comment un rêve de programmeur tokyoïte habite-t-il un intérieur marseillais, un mystérieux street artist inspire-t-il un style déco ludique ? En se réappropriant l’univers visuel des fameux Space Invaders, Florent Isidore a voulu renouer avec le fait main et l’esprit DIY, avec ses kits de mosaïque de verre colorés au parfum résolument pop.
C’est la nuit de Noël, quelque part dans Tokyo, dans le courant des années 1970. Un groupe d’écoliers attend – rien de plus normal – le Père Noël quand une escouade d’extraterrestres troue l’obscurité et fond sur les enfants. La suite, nous ne la connaissons pas. Car Tomohiro Nishikado émerge de son rêve, avec la sensation confuse qu’il doit faire quelque chose de cette extravagante histoire. Développeur réputé de jeux vidéo d’arcade – il a déjà signé Soccer, un avatar du célèbre Pong de Nolan Bushnell et Al Alcorn, ou Interceptor –, Tomohiro décide de modifier son projet en cours, influencé donc par son rêve, mais aussi le succès planétaire de la Guerre des Étoiles et sa relecture du roman d’Herbert George Wells, la Guerre des Mondes. Il développe ainsi la première version du légendaire Space Invaders. Un jeu si avancé pour l’époque qu’il doit faire construire des machines sur mesure pour le faire tourner, utilisant les processeurs et cartes graphiques les plus évoluées. Si populaire aussi que son succès oblige le gouvernement japonais à multiplier par quatre la production des pièces de monnaie qu’utilisent les jeunes japonais pour s’offrir une partie, dans les bars, centres commerciaux et salles de jeux, et prendre leur revanche sur les extraterrestres. Shoot ’em up !

Plus qu’un jeu à succès, Space Invaders devient phénomène de société, mieux, une icône de la pop culture qui inspire comic books, séries télévisées et films en tous genres. Et, plus près de nous, Franck Slama, qui traverse ses études aux Beaux-Arts de Paris dans les années 1990 sans que l’histoire de l’art ne le fasse dévier de sa passion pour le graphisme pixellaire de son jeu favori. Depuis ce soir de 1996 où il installa, au risque de se rompre le cou, sa première mosaïque sur une façade du quartier de la Bastille à Paris, il s’attelle à son invasion urbaine, scellant son destin sous le nom d’Invader et ses compositions de carrelages ou de tesselles de verre sur les murs de la ville comme avant lui Jérôme Mesnager ou André Saraiva, ses illustres prédécesseurs artistes de rue. Non content de quadriller les métropoles, il invente le pixel art que s’approprieront sans tarder les transfuges tout aussi insaisissables de la culture skate.

Né dans la lumière du Sud, Florent Isidore s’expose plus qu’à son tour à celle, bleuâtre, voire lacrymogène, des écrans d’ordinateurs, consacrant sa première décennie professionnelle à quelques start-up technologiques plus ou moins disruptives. Jusqu’au jour où, lassé de dématérialisation digitale, il décide de revenir à la dimension bien tangible d’un projet WYTIWYG (what you touch is what you get, pour parodier un acronyme bien connu des digital entrepreneurs). Dans une fusion post moderne de la céramique méditerranéenne, de la mosaïque antique et du pixel art muraliste, Florent imagine des kits déco DIY pour réveiller l’artiste qui sommeille en vous. Des tesselles en verre recyclé, format classique (2,3 cm) ou mini (1,2 cm), une palette de 14 couleurs pimpantes à associer, de la bonne colle Cléopatra dont le doux parfum d’amande ravivera les souvenirs du junkie en culotte courte qui sommeille également en vous et voilà lancée l’aventure Tilipix, déclinée en une collection de kits thématiques pour donner à vos murs, avec la facilité déconcertante d’un jeu d’enfant, l’accent marseillais et une liberté d’esprit urbaine à jamais rafraîchissante. Arigato gozaimasu, Nishikado San.

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