Beauté

Les Franjynes, la beauté en mode warrior

La vie tient parfois à un cheveu. Face à l’épreuve, Julie s’est réinventée en modiste DIY et coach de choc avec Les Franjynes. Une leçon de mode, de courage et de vie.

Ce jour-là, ils décidèrent de l’appeler Jean-Yves, bravaches, histoire de conjurer cette satanée tumeur en l’affublant du sobriquet que Julie utilisait pour qualifier tout le monde et personne. Deux initiales J et Y subsistent qui donnent à sa marque son orthographe singulière. Franjynes, un joli mot-valise, et Dieu sait qu’il y en a dans sa valise à Julie, du courage et des larmes, des rires à pleines dents et une conscience désormais chevillée au corps. Il parle de sororité – comme l’aurait dit Ségolène – cet engagement spontané et indéfectible de Julie pour toutes celles qui, comme elle, traversent des épreuves douloureuses. Plus littéralement, le mot décrit l’idée sur laquelle Julie a construit sa nouvelle vie. Retour en arrière. Diplômée de droit immobilier (et tatoueuse contrariée), Julie est diagnostiquée, entame une thérapie ultra dure, frôle par deux fois l’extrême onction et découvre face à son miroir les dégâts collatéraux du protocole qui, s’ils ne sont pas les plus pénibles, sont peut-être les plus lourds à accepter. De perruque, il n’est pas question. Trop visible, insupportable. Julie veut se battre et garder sa dignité, elle veut pouvoir se coiffer, malgré tout. Ce qui lui apparût alors d’instinct, elle apprendra qu’il recouvre une réalité médicale : le geste-même est thérapeutique.

Julie imagine de nouer un foulard sur sa tête. Sensible à la mode, peut-être a-t-elle déjà à l’esprit l’image de Loulou de la Falaise dont elle me parlera plus tard. Foulards et turbans la laissent insatisfaite, il faut y ajouter une frange, des mèches, en changer, en jouer, bâtir une image réjouissante comme un rempart contre la maladie. Qu’elle finit par repousser avec l’énergie et la force de caractère d’une jeune femme qui ne lâche rien. Dès lors, sa réinvention peut démarrer. Oubliés le droit et l’immobilier, Julie a inventé un dispositif pour assembler turban et frange en un clin d’œil. Réincarnée en franjyne, chef d’entreprise, elle se lance bille en tête dans l’aventure : un site marchand pour vendre ses créations, un blog qu’elle a entretenu durant son parcours du combattant et qu’elle met à présent au service des autres et, régulièrement, des ateliers tous azimuts où, par sa verve communicative, elle transmet le geste et le courage de garder tête haute, quoi qu’il arrive. Julie fourmille de projets et s’apprête à étoffer sa gamme de nouvelles créations. Si inspirantes qu’on pourra les shopper, quel que soit son besoin, pour le plaisir de soigner son apparence, affirmer son style ou le respect de soi-même et des autres. Pour un monde plus beau et plus solidaire. Merci Julie.

lesfranjynes.com – feminityandjy.tumblr.com

Série réalisée avec le concours de l’impeccable Café Paulette, place du Pin à Nice

Initialement publié dans Marie Claire Méditerranée