Sur le plateau du Larzac, où l’on croise plus souvent des brebis que des hommes, la laine est une ressource que le bon sens aveyronnais remet au goût du jour. Sous la forme d’impeccables tapis de yoga, dont la chaleur naturelle et le design minimaliste nous ancrent plus durablement à l’essentiel.
Chaque année, près de 90 % de la laine produite en France est jetée ou brûlée. En Aveyron, ce sont plus de 700 000 kilos qui s’accumulent, tandis que les éleveurs, par nécessité et par respect pour leurs bêtes, continuent de tondre à perte. Ce geste, vital pour l’animal, coûte entre un et deux euros par brebis. Un savoir-faire maintenu malgré tout, mais vidé de sens économique. Une fois encore, la révolution ne sera pas télévisée mais solidement ancrée dans le sol. Sur le Larzac, plateau battu par le vent, on ne manifeste plus, on tisse. Là, où les brebis sont plus nombreuses que les hommes, la laine, fruit d’une alchimie millénaire entre le terroir, le climat et l’animal, redevient une matière noble et précieuse.
Fondé en 2024, Le Tapis de Laine a eu l’idée de transformer cette ressource oubliée en tapis de yoga, associant à la spiritualité d’une pratique contemporaine la chaleur essentielle d’une fibre naturelle. À Camarès, dans l’Aveyron, la Filature Colbert travaille la laine locale de Lacaune pour en faire un feutre dense, doux, respirant, d’une sobriété presque monacale. Sous les mains, sous les pieds, c’est la matière du Sud qui respire à nouveau, comme une prière adressée à la terre. Vendu entre 70 et 130 euros pour la version personnalisée, chaque tapis, merveille de design minimal et durable, soutient une économie artisanale résolument circulaire. Celle des éleveurs, des fileurs et des tisserands du territoire qui travaillent au diapason. Et lorsque son cycle s’achève, il retourne à la terre, composté, restituant ce qu’il a reçu.
