Édition du 01 avril 2021
01.04.21, N°62
Pâques in black, c’est notre mot d’ordre. Oh, loin de nous l’idée de faire bloc pour descendre dans la rue. Non, comme le disaient les grands-mères japonaises : tout ce qui est noir est bon pour toi. Elle pensaient bien sûr aux vertus des algues, du sésame ou du charbon de bambou takesumi (voir ci-dessous). Elles ne connaissaient pas Pierre Soulages et l’Australie étant trop loin pour qu’elles aient pu en avoir un quelconque écho, peu de chance qu’elles aient fait allusion à notre bonus musical de la semaine. Qui, pourtant, fit du bruit. Et pour finir, ce dicton qui court les instituts de sondage : Pâques à la maison, pas gagné pour les élections.
Pour Pâques, les chefs s’emportent (épisode 2)
Et voici que le week-end de Pâques, fidèle à la désormais célèbre maxime Dedans avec les miens, nous promet de refaire le cercle familial autour de la table, ce qui vous conduira sans nul doute à devoir endosser de nouveau le tablier (alors que d’habitude, c’est devant qu’il se porte). En vous imaginant en panne d’inspiration, lassé·e après des semaines de cuisine DIY ou de take away aussi peu fast que souvent junk, les chefs s’emportent et, comme la semaine dernière, nous livrent leurs propositions les plus alléchantes, à savourer à la maison. Plutôt que de broyer du noir, retrouvez-vous dans votre assiette.
Charbon pour toi
Zéro, la jeune entreprise rhône-alpine qui traque les déchets et déniche les bonnes idées, nous remet en mémoire tous les avantages du charbon de bois, sus depuis longtemps des Japonais et confortés par quelques tests récents mandatés par Carole Honnart-Giboz, la boss. Il purifie l’eau, retenant par adsorption les microparticules importunes, il prolonge la vie des légumes par absorption (cette fois) du trop plein d’humidité ambiant. Enfin, glissé dans votre placard à chaussures, il redonne leur dignité olfactive à vos Manolo Blahnik (même après une très longue party-night clandestine). Bref, charbon pour nous et pour l’environnement.
Lazzaretti, bonnes pâtes depuis 1936
Artisanale et familiale, la maison avignonnaise perpétue un savoir-faire de qualité qui date d’un temps où ni bio ni influenceur ne figuraient au dictionnaire. Tout en sachant garder un œil sur la nouveauté et nos envies du moment. Un exemple ? Si la pandémie actuelle de CBD vous laisse perplexe, vous pourrez sans réserve vous régaler de ces pâtes à la farine de chanvre, riches en acides gras essentiels comme les oméga-3 et -6. Lazzaretti, ou la résurrection d’un plaisir traditionnel. Quoi de plus naturel pour Pâques ?
Plantin, truffe depuis 1930
Citoyen·ne, quand vous serez dehors pour un pique-nique responsable, savourez votre chance et le caractère précieux de l’instant présent. Surtout, faites-nous plaisir : pas de chips grasses et trop salées, pas de mayo à la date de péremption décennale. Offrez-vous plutôt les spécialités truffières à tartiner de la maison Plantin, enracinée depuis des générations à deux pas de Vaison-la-Romaine. Du bon pain croustillant tartiné d’asperges grillées à la truffe d’été, franchement, c’est beau comme du Shakespeare.
Lulu & Guite, beautés à tartiner
Et puisque nous sommes dans les tartines, et gourmandes de surcroît, ce serait cloche de ne pas tester à Pâques ce gommage coco-cacao pour le corps 100% naturel. Avec sa texture onctueuse à petits grains, il débarrasse sans effort la peau de ses impuretés, nourrit et stimule la circulation sanguine. Youpi. Agent exfoliant, la poudre de coco (pas adaptée néanmoins aux voies nasales). Agent douceur, le beurre de cacao. Agent nourrissant, l’huile de coco. Tout ça bien sûr est 100% naturel et bio, et ne fait pas grossir. Merci donc à Lulu & Guite qui, bien que Nantaises, n’en sont pas moins comme nous made in bord de la mer.
L’agneau confit par Louis Rameau, Chef du Jardin de Berne
Soumis à la loi divine, l’agneau est symbole d’innocence, de douceur et de bonté, autant de signes susceptibles de maintenir quoi qu’il en coûte notre foi en l’avenir. Et si vous n’êtes pas croyant·e, l’agneau est plus prosaïquement symbole de plaisir gustatif, tout particulièrement quand il provient de nos élevages de Haute-Provence et qu’il passe par les cuisines d’un chef talentueux tel que Louis Rameau, l’étoilé du Jardin de Berne, qui nous livre ici sa recette exclusive.
Oh my Gaude, c’est déjà Pâques
Dans l’ombre du chef Mathieu Dupuis Baumal, qui fait pulser les cuisines du Château de la Gaude à Aix-en-Provence, twistant comme personne le terroir provençal et troussant pour l’heure une carte de créations à emporter chez vous (voire sur une île déserte), officie la cheffe pâtissière Maëlle Bruguera. Elle signe cette merveille de douceur chocolatée dont les vertus euphorisantes nous consoleront sans l’ombre d’un doute. Si nous n’avons pas de vaccin, au moins, nous avons du goût et des talents.
Selency, le linge sur cycle long
Vitrine digitale de référence pour tout amateur de vintage qui se respecte, Selency a décidé d’aller plus loin dans le concept de seconde main en donnant à son tour une seconde vie à des chutes de tissus, collectées religieusement dans les corbeilles de l’historique maison Lelièvre à Paris. Résultat, une petite collection soignée de beau linge de maison upcyclé qui agrémentera idéalement, et même si ce ne sont pas de saintes reliques, nos tables pascales.
Gilles Barbier chez Soulages
L’artiste qui exposa jadis ses galeries de super-héros admis en réanimation a bien sûr fini par être rattrapé par l’actualité et son exposition fermée, pour éviter sans doute la contamination. On peut néanmoins attendre avec la plus grande impatience que l’art redevienne essentiel, entrainant derechef la réouverture des musées, pour voir l’univers organique et foisonnant de Gilles Barbier se déployer dans l’antre de l’outrenoir au musée Soulages de Rodèz. Patience.
Et comme chaque semaine, notre bonus musical qui, contrairement aux apparences, est plus proche de la liturgie pascale qu’il n’y paraît, puisqu’il y est question de l’improbable retour d’un homme que l’on croyait perdu dans les ténèbres. Si ça vous rappelle quelque chose, poussez le volume.