Édition du 04 février 2022
04.02.22, N°98
ur les sommets de Yangking et Zhangjiakou tombe à grand bruit mécanique une drôle de neige qui n’existe pas. Ce qui ne gênera pas grand monde puisque le public, lui-même, n’existe pas, pas plus d’ailleurs que la supposée tradition chinoise du ski alpin, chacun sachant bien que les Alpes, c’est chez nous (enfin, pour l’instant). Bref, pendant que triomphe le soft power d’un monde virtuel, aseptisé et qui – disons-le – nous fout carrément la trouille, tentons de résister en imaginant un autre monde fait d’esprits libres, de talents multiples et de vraie humanité. Si, si, croyez-nous, ça existe. Lisez donc.
Karim Ghelloussi au Dojo : Ce soir, Le Dojo est fier d’accueillir une expo de Karim Ghelloussi. Installé à Nice et représenté par l’excellente Galerie Circonstance, il y dévoile une série de portraits que lui inspirent les manifestations et mouvements de protestations pacifiques à travers le monde. Plus grand que nature. On vous attend.
Cannes casse la baraque : Dimanche, le Palais des festivals et des congrès de Cannes accueille des cadors du break dance, venus fracasser la piste le temps de la compétition internationale Break the floor. Au programme, battles à couper le souffle et prouesses physiques hors normes.
@magievial x @verresurmer : Verre sur mer organise les Jeudis du ventre, 4 dîners sur vaisselle chinée. L’invitée du prochain est Marie Vial, chef et fondatrice du studio créatif culinaire Magie. Chaque assiette picturale joue sur la palette d’un « soleil en hiver », en camaïeus de jaunes et oranges (mille-feuille de butternut, dhal au jaune d’œuf confit, carrot cake et saveurs en couleur)
Kill fast fashion, kill, kill
L’agence créative marseillaise Billy, et sa bande – Julien Tual, cofondateur de Waiting for the Sun et Pafpaf Prod – crée Salut.Salut, une marque d’accessoires qui bannit la surproduction. Leurs sacs sont conçus pour toutes les occasions et surtout, pour longtemps. Avec leur design modulable, élégant et coloré à souhait, mixant esthétique et pratique, par leur qualité de production, en cuir, assemblé à la main par un maître maroquinier dans les ateliers tunisiens de la marque. Leur Big Tote bag, idéal pour une journée de boulot bien remplie, se transforme en pochette discrète le temps d’un soir, à moins qu’on ne préfère le cabas spécial vacances.
Grignoter sain et sans perdre la boule
En 2019, Leslie et Tania ont rêvé Nüttree, une série d’energy-balls super healthy (boules d’énergie très saines, en français dans la boîte) loin des barres céréales industrielles bourrées de sucres, conservateurs et additifs. Leur quête quasi métaphysique de la boule parfaite leur vaut la médaille d’Or de l’indice Siga, qui récompense les produits les moins transformés. Ces en-cas tout naturels et joliment rebondis sont un petit boost miracle et délicieux dans les coups de mou, avec leur compo bio, sans gluten et pleine de bons nünütriments. Avec des ingrédients en petit nombre et bien sélectionnés, Nüttree fait rouler des goûts à tomber : Figue-Chia, Pomme-Cannelle, Noisette-Cranberry, Abricot-Piment, Choco-Coco, Matcha-Goji. Pour la Saint-Valentin, la marque encapsule ses fameuses balls dans de jolies boîtes à messages. Effet boule garanti.
Type 55, le nouvel ovni d’Armand Crespo
Gloire à Armand Crespo, l’homme qui a réinventé l’esprit bistrot à Nice. Après le Bistrot d’Antoine, le Comptoir du Marché, le Bar des Oiseaux et Peixes, Armand a remis le couvert avec un nouveau concept autour de la pizza contemporaine : Type 55. Située dans le Vieux-Nice comme ses autres adresses qu’on adore tout autant, cette nouvelle pizzeria à l’esprit brut, fait allusion au type de farine utilisé, la T55. Ici, les pizzas au prix unique et démocratique de 15 € sont « capitales”, nommées en référence aux péchés capitaux (n’espérez pas de rédemption, la madone des lieux étant trop occupée à poster ses selfies). Façonnées avec une farine blanche et bio, sans levure pour plus de légèreté, les pizzas sortent fièrement du four avec plan de cuisson rotatif, attention ! Pour un supplément d’originalité et de saveurs, la pizza se pare d’une pâte au charbon végétal ou même de thé matcha et accueille une sélection de produits de saison tout aussi savoureux.
Maison Mani, de Oaxaca à Nice en un tour de mains et quelques objets authentiques
Entre clichés réducteurs et appropriation culturelle, le Mexique peine à préserver son authenticité, de ce côté-ci de l’Atlantique, c’est-à-dire chez vous (et moi). Pourtant, ses traditions ancestrales, l’infinie richesse de sa culture précolombienne (c’est-à-dire d’avant le cyclone Christophe), son humanité, qui habite la moindre de ses créations artisanales, tombent à point nommé pour nous réchauffer le cœur. Avec l’aide d’un e-shop bien inspiré et de sa bonne étoile nommée Paulina.
Entre punk et wabi-sabi, des objets parfaitement imparfaits
Okchéri-e est une conversation entre Marie Sablayrolles et Christian Vialard. Elle, styliste experte en mode pour enfants, lui, artiste, musicien et producteur, fondateur du label expérimental Tiramizu. Ensemble, en 2021, ils s’accordent pour user de l’une des seules libertés qu’il leur reste pour terrasser la morosité du quotidien : la création sans contrainte. Résultat ? Des objets aux designs irrévérencieux et aux formes débridées qui poussent dans leur atelier grassois, comme Brutal Fruit, une série de plats en grés noir chamotté, nés d’un geste explosif et délibérément imparfait, ou ces sacs en toile de lin et autres coussins en draps anciens aux motifs impulsifs et piquants, qui créent une heureuse dissonance avec leur fonction empreinte de douceur. Un label d’objets singuliers et éloquents, ok avec l’environnement et pétris d’upcycling, à shopper d’urgence : okcheri.com.
Notre coup de cœur de la semaine : Charlotte Colt
“Quand j’ai compris que chaque matin je reverrais cette lumière, je ne pouvais croire à mon bonheur. Je décidai de ne pas quitter Nice, et j’y ai demeuré pratiquement toute mon existence.” Ce mantra matissien, Charlotte a failli le faire mentir, exilée quelques années à Paris, dans les métiers du luxe, de l’événement et de la communication. Depuis son retour sur sa mer natale, elle a décidé d’embrasser sa passion du dessin, nourrie par des parents férus d’art, pour exprimer son bonheur et le partager. Quand elle ne poste pas ses merveilleuses vignettes sur Instagram, elle dessine avec une liberté poétique à même la popeline blanche d’une chemise vintage ou croque sur le vif, d’un trait presque aussi sûr que sa figure tutélaire (Matisse, vous l’aurez compris) des portraits sensibles pour quelques beaux événements, elle se consacre aussi à des identités de marques tout en légèreté méditerranéenne.
Lola Gonzàlez et Nelson Pernisco, coup double à la Villa Arson
Pour inaugurer ces deux nouvelles expositions, la Villa Arson organise un programme de rencontres et de représentations, samedi 5 février. Ce que nous avons perdu dans le feu de Lola Gonzàlez tire son nom du livre de Mariana Enriquez qui lui souffle cette exposition. L’artiste a choisi d’inviter à son tour 7 artistes proches à s’exprimer dans la continuité de son film Tonnerres, inspiré des paysages dévastées par la tempête Alex. Monts intérieurs d’un monde analogue de Nelson Pernisco s’inspire du texte énigmatique de René Daumal sur le voyage impossible d’alpinistes. Ses récentes explorations de cavernes et grottes ont conduit l’artiste à concevoir une série de sculptures mystérieuses, entre amas de calcaire, ruines, restes fossiles et créations extraterrestres.
Crédit photo: © Lola Gonzàlez, Tonnerres, 2021, crédits, L. Gonzàlez de la galerie Marcelle Alix, Paris.
Femmes artistes en vue chez Hauser & Wirth
La galerie Hauser & Wirth Monaco présente Abstractions Corporelles / Anatomies Fragmentées, une nouvelle exposition collective sous le commissariat de Tanya Barson. En partie inspirée de l’essai de Linda Nochlin, féministe et historienne de l’art américaine, l’exposition réunit les œuvres des plus grandes artistes femmes des XXe et XXIe siècles, comme Louise Bourgeois, Berlinde de Bruyckere, ou Ellen Gallagher. Par l’abstraction, la fragmentation et autres techniques, elles mettent à mal les conventions, les stéréotypes et la sexualisation du corps féminin, allant jusqu’à redéfinir sa représentation classique et gommer la notion de genre. À Monaco, jusqu’au 26 mars.
Crédit photo: © Pipilotti Rist, Nives, la petite-fille illuminée (noir blanc) <Nives, die erleuchtete Enkelin (schwarz weiss)> (Familie Elektrobranche), 2020 © Pipilotti Rist Photo : Atelier Rist.
Et pour finir, notre bonus musical de la semaine, qui espérons-le, saura rendre le sourire à Xi Jinping et l’inciter à rouler plus doucement sur les nouvelles routes de la soie. Enjoy!