Édition du 03 mars 2023
03.03.23, n°145
Ironique comme sait l’être l’histoire, elle nous rappelle que la journée internationale des droits des femmes (et non journée des femmes selon la formule malencontreuse promue par les Nations Unies), marquée mercredi 8 mars prochain dans le monde entier, a d’abord été initiée dans le bloc soviétique dont la résurgence poutinienne n’épargne aujourd’hui ni les femmes, ni les enfants d’Ukraine. Pour notre part, nous continuerons de veiller à la représentation féminine dans les sphères créatives qui sont les nôtres, à l’écriture inclusive, n’en déplaise aux grincheu·x·ses, et à témoigner de belles entreprises fondées sur l’humain, le respect et le talent. Surtout si elles sont féminines. Quelques exemples à suivre.
Samedi 4 mars, 19 h, Duo Arcoluz en concert acoustique au Dojo, Nice : Dans le white cube du Dojo, notre terrain de jeu à Nice, au beau milieu de l’exposition de Sandra Lecoq « Droit dans le mur, la harde », le Duo Arcoluz pose ses valises pour un tout premier concert. Ce cordes à cordes intimiste, composé de Sibylle Cornaton au violon et de Matias Bensmana à la contrebasse, s’ingénie à mixer musique classique et tango. Au programme, Chostakovitch, Romberg, Piazzola et Bach. 19 h, 22 bis, bd Stalingrad, entrée 5 €. Plus d’info ici.
Samedi, Philippe Martin ressuscite Molière à Nice: Pour redécouvrir Molière – et l’aimer vraiment – par la grâce de Philippe Martin, allez l’applaudir ce samedi 4 mars au théâtre Francis Gag de Nice. Pour réserver, adressez vite un mail à quadrantmagique@gmail.com. Et pour retrouver notre entretien exclusif, c’est par ici.
Jusqu’à samedi, week-end de l’édition indépendante, Toulon :Co-organisé par Studio A2, Metaxu et le réseau Rave, Duplicata vous invite à plonger le temps d’un festival dans le monde foisonnant de l’édition indé. Expositions, salon de la micro-édition avec près d’une trentaine d’éditeurs, rencontres, conférences, fabrique de fanzine, une édition à partager avec les artistes, graphistes, pros et activistes de drôles d’impressions. Plus d’infos par là.
Jusqu’au 21 mars, festival avec le temps, Marseille et alentours : Chanter pour changer le monde, c’est le mot d’ordre de cette 25e édition du festival des musiques actuelles francophones qui réunit une affiche au top (Jeanne Added, Bertrand Belin, Emma Peters, Flavien Berger, Fishbach,…), des scènes incontournables, des concerts gratuits et une promenade sonore dans le Panier. 13 dates, 13 lieux, 26 artistes, immanquable. Détails et réservations à retrouver très vite ici.
Femmes et savoir-faire exemplaires de Méditerranée
Sous la bannière Itinérance, Caroline Perdrix, Alexia Tronel et Lorraine Ledemé parcourent la Méditerranée à la rencontre des savoir-faire textiles ancestraux qu’elles s’appliquent à valoriser et à partager sous forme d’éditions artisanales réalisées en co-création. Dernière en date, présentée au Mucem dans le cadre de l’exposition Savoir-faire textiles en Méditerranée, une immersion en pays Amazigh dans les montagnes de l’Anti-Atlas marocain, à la découverte d’un art ancestral et féminin, celui de la teinture végétale au henné sur laine endémique du Siroua. Derrière la triple mission sociale, culturelle et pédagogique de l’association, l’enjeu est la préservation d’un patrimoine immatériel et de ses dépositaires. C’est pour cela qu’Itinérance fédère depuis 2018 une communauté d’artisanes et d’acteur.rice.s de changement en Méditerranée. Non content de faire vivre les savoir-faire, l’ambition d’Itinérance est de réunir les femmes isolées à travers le monde pour leur offrir, par leur mise en relation avec les tenants de l’industrie de la mode, des perspectives d’avenir.
Crédit photo: © Itinerance Caroline Perdrix
Un succès mode queen size
D’abord, dans une autre vie, Emmanuelle Szerer est trader. Issue d’une famille d’entrepreneurs textile, et dans un désir de second souffle professionnel, elle décide un jour de se former auprès de son père pour tout savoir des fils et ficelles du métier. En 2017, après deux grossesses successives, elle voit son corps changer et constate avec consternation le manque de choix que propose la mode pour les tailles au-delà du 38. Elle se met alors en quête d’une solution et c’est ainsi qu’est née Almé, allégorie d’une revanche sur l’industrie qui a trop longtemps ignoré des femmes comme Emmanuelle. Si Almé a choisi d’être une marque inclusive, du 36 au 54, son style séduisant ne sacrifie rien aux contraintes des grandes tailles. Ses robes colorées, pantalons à la coupe impeccable, manteaux élégants ou encore vêtements de yoga et fitness s’adaptent au corps des femmes et non l’inverse. Inclusive donc et responsable, Almé privilégie les circuits de fabrication français, consciente de la nécessité de réduire l’impact de l’industrie de la mode sur l’environnement. Au vu de ses résultats, la marque avignonnaise semble avoir visé juste puisqu’elle habille désormais 5 fois plus de femmes en l’espace de deux ans, via son e-shop. Souhaitons-lui un succès XXL et durable.
Crédit photo: Andrea Paisyley / Almé
Renouer avec la laine
C’est au cœur de la campagne du moyen-pays des Alpes-Maritimes que se poursuit l’aventure Laine Rebelle. Créée en 2018, la griffe est née à l’initiative d’une poignée de passionné·es, au fonctionnement associatif et collégial comme nous l’explique son administratrice, Isabelle Jöhr. Son nom fait écho à son combat : réduire l’impact environnemental de la mode en faisant revivre la filière laine sur la Côte d’Azur, un savoir-faire délaissé avec le temps. Résolument engagée, la marque favorise la laine de brebis maralpines, plus fine et résistante, idéale pour le tricot et la confection. Les autres atouts de cette matière noble ? Parfaitement renouvelable, recyclable, biodégradable et isolante (excusez du peu). C’est la crise sanitaire qui a provoqué une véritable prise de conscience pour la marque, la poussant à déménager son atelier à Cipières, au plus près de ses éleveurs partenaires. Une fabrication éthique et locale garantie, de la sélection de la laine sur les chantiers de tonte des producteurs jusqu’à la conception des pièces. Châles, écharpes ainsi que paniers modernes et colorés sont créés à l’aide d’une machine à tricoter professionnelle, dénichée en Italie, effaçant l’image du gros-pull-qui-gratte de nos grands-mères. Des pièces quasiment confectionnées à la demande, que vous pouvez shopper ici, sur place, 91, chemin de la Gache à Cipières ou encore lors d’événements annoncés sur le compte Instagram.
Crédit photo: © Laine Rebelle
Sériès killer
Créatrice de bijoux à Marseille, Stéphanie Sériès a choisi pour démarche créative de se fier à son instinct en suivant ses émotions. Chacun des bijoux de sa marque éponyme Sériès est pensé pour retranscrire l’affect, parfois doux, parfois brutal ou même sensuel qui nous habite. Elle a fait ses armes en travaillant avec de grands noms tels que Rochas ou agnès b puis affûté son style personnel jusqu’à donner vie à des bijoux au caractère aussi affirmé que leur design. Les pièces sont mixtes et ont en commun de ne pas laisser indifférent·e. Bagues qui empruntent à l’esprit piquant du barbelé, pièces en argent façonnées façon maille grillagée, ses créations se constituent en collections, aussi évocatrices que Débandade, une histoire de fuite et de folie, ou Lâche-moi !, comme un mur protecteur à dresser entre soi et l’enfer des autres. Résolument rock, assumant une part de danger comme on revêtirait son armure, Sériès nous offre la panoplie idéale pour faire front à tous les obstacles avec style.
Crédit photo: © Sériès – Débandade
Les Thelma et Louise de l’édition
La sororité peut faire naître une communauté d’âme et d’esprit et, parfois, de beaux projets. C’est le cas de l’Indéprimeuse, une idée jaillie des esprits agiles de Felicia et Davina Sammarcelli, dont la famille imprime de pères en filles depuis quatre générations, que ce soit à Bastia, Bordeaux ou Paris. Les deux sœurs ont décidé, en reprenant les rênes de l’entreprise, de féminiser cet héritage familial en imprimant sans déprimer. Résultat, un travail d’édition remarquable et des collab’ créatives pleines d’esprit et d’humour, à suivre sur leur insta qui cartonne ou leur piquant e-shop. Leur dernier projet en date est un livre sorti le 27 janvier dernier, sous le titre malicieux T’as pas l’impression de prendre toute la couverture ? Au-delà de son titre, jouer sur la polysémie des mots de notre chère langue française (que le binôme semble aimer autant que nous et la typographie, ndlr) la préface est signée par l’acteur, réalisateur, auteur et membre de la troupe des Robins des Bois, Maurice Barthélémy. De quoi donner le ton pour la suite de l’ouvrage de 144 pages, rassemblant, comme les appelle notre duo d’indéprimeuses, des « fantaisies littéraires », qui dégomment allègrement le patriarcat ou la bêtise ordinaire et nous aident à voir la vie en magenta (couleur primaire entre le rouge et le rose utilisée dans l’imprimerie, note à l’usage des non daltonien·nes).
Crédit photo: © L’indéprimeuse
Nouvelle cosmétique du linge et de la maison
Pensés en Corse au plus près d’une nature sauvage et préservée, fabriqués dans le Sud-Ouest avec exigence, les produits signés Hosane inventent un autre rapport à l’entretien de la maison, aussi précieux qu’une nouvelle cosmétique dédiée à nos intérieurs et un supplément de care pour toute la famille. Derrière Hosane se cachent deux jeunes femmes, Émilie de Peretti et Flavie Fratoni, corses elles aussi, et si sensibles aux questions environnementales qu’elles ont imaginé en 2020 des produits de soin pour le textile et la maison entièrement bio. Aucun perturbateur endocrinien, des emballages à base de canne à sucre et poudre de coquillages recyclés, rechargeables, sans plastique et, cerise sur le gâteau, biodégradables. Lessive hautement recommandable, même pour les vêtements des plus petits, savon détachant dont on ne peut plus se passer, tablette lave-vaisselle super clean ou encore brume maquis audacieux pour le linge à la myrte et à la clémentine, aussi frais que la campagne nustrale au petit matin, chacun de leurs produits est fait pour soigner votre environnement familial en respectant l’environnement naturel.
Crédit photo: © Hosane
Lectures émancipatrices
Dans sa vitrine, on trouve des livres que l’on ne voit nulle part ailleurs. La librairie Vigna, située rue Delille à Nice, n’a pas attendu le 8 mars, journée internationale des droits de la femme, pour mettre à l’honneur des ouvrages à thématiques féministes et LGBTQIA+. Depuis 2011, ses têtes pensantes, les libraires Françoise Vigna et Marie-Hélène Dampérat, proposent sur leurs étagères une fine sélection de polars, textes théoriques et autres ouvrages de poésie en lien avec leur engagement. Parmi les nouveautés, elles vous invitent à découvrir l’essai Sexe et liberté de la militante étasunienne Ellen Willis.
Dans les ruelles du centre-ville de Toulon, poussez la porte de la librairie Contrebandes pour découvrir un rayonnage de livres féministes. Espace spécialisé dans l’image et la critique sociale, ses libraires nous recommandent le manuel Notre corps, nous-mêmes rédigé à partir des expériences et paroles recueillies de plus de 400 femmes cisgenres, transgenres ou non-binaires. Une lecture, apprend-on, pour « accompagner les femmes dans les différentes expériences de leur vie et les aider à se défendre contre les injonctions et les violences patriarcales dans la sphère intime, institutionnelle ou publique ».
Pour dénicher des ouvrages féministes de tous horizons, rendez-vous à la librairie internationale Book in Bar, rue Joseph Cabassol à Aix-en-Provence. À la fois bookshop et café, cet espace propose une multitude de ressources rédigées en langue originale, anglais, chinois, russe et bien d’autres.
La librairie indépendante La Mémoire du Monde, située au cœur d’Avignon, met elle aussi les femmes à l’honneur. Tout le mois de mars est dédié à l’événement « Héroïnes en librairie », proposant une sélection de livres à la plume féminine, « un petit coup de projecteur pour celles qui sont souvent restées dans l’ombre ». Si vous préférez les romans graphiques, parcourez les ouvrages des auteurs Catel et Bocquet qui retracent, dessin à l’appui, les incroyables histoires des grandes figures féminines.
Enfin, si vous êtes passionné·e de lectures engagées, réservez votre 23 mars pour la soirée spéciale « lectures féministes » organisée à la librairie Pantagruel, à Marseille. Un événement ouvert à tou·tes, pour une discussion autour du livre qui a changé votre vision de la femme. Pour s’inscrire, c’est par ici.
Librairie Vigna, 3, rue Delille, Nice
Librairie Contrebandes, 37, rue Paul Lendrin, Toulon
Librairie Book in Bar, 4, rue Joseph Cabassol, Aix-en-Provence
Librairie La Mémoire du Monde, 36, rue Carnot, Avignon
Librairie Pantagruel, 44, rue Paul Codaccioni, Marseille
Crédit photo: © Pexels Polina Zimmerman
Angèle, Maha, Aya, sauvées des eaux
Entre février 2016 et décembre 2022, successivement à bord de l’Aquarius puis de l’Ocean Viking, SOS Méditerranée a secouru 37 136 naufragé·es en Méditerranée centrale, parmi lesquel·les 5 489 femmes adultes. Que cela représente 15% de l’ensemble importe peu. Derrière la statistique se cachent des trajectoires intimes et tragiques, une humanité meurtrie, que le women’s shelter, structure d’abri et de soin sur le navire, s’emploie à recueillir et réparer. De ces expériences marquantes, les membres de l’ONG retiennent le courage et l’incroyable ténacité dont ces femmes, souvent les plus exposées parmi les migrants, font preuve, avec la force admirable de toujours garder l’espoir. Pour en témoigner, les honorer et nous faire réfléchir, SOS Méditerranée publie le récit véridique de 9 d’entre elles, accompagné de portraits sensibles signés de la graffeuse Laec. Une lecture qui nous ouvre les yeux et prend une dimension particulière dans l’optique du 8 mars. Consultez le dossier « Des femmes à la mer – récits de parcours de femmes secourues par l’Aquarius et l’Ocean Viking ».
Crédit photo: © Illustration Laec
La nouvelle recette du caramel royal
Le Roy René, c’est plus de cent ans de douceur et (presque) autant de spécialités. Pour sa plus récente création, la marque démontre encore sa capacité à innover dans ses recettes sans perdre son âme provençale. Délicieusement régressifs et gourmands, avec leur saveur fleur de sel, citron, café ou noisette, les caramels du bon Roy René sont confectionnés non pas à base de beurre et de crème mais bien avec de l’huile d’olive de Provence. Pour nous offrir ces petits cubes de réconfort qui fondent en bouche, délicatement emballés dans un écrin enluminé tel un précieux trésor, l’entreprise a utilisé les techniques traditionnelles au chaudron et travaillé avec des machines ancestrales. Installée à Aix-en-Provence, la compagnie est réputée bien sûr pour ses fameux calissons, nougats blancs et noirs de Provence ou encore pâtes de fruits et autres délices à tartiner. Le Roy René, c’est aussi un musée, fort à propos nommé le musée du calisson, qui vous permettra de tout savoir sur l’histoire de cette divine friandise (sinon, lire notre article à ce sujet) et de l’amande de Provence mais aussi de découvrir les ateliers de fabrication de la maison en côtoyant les confiseurs maison qui officient sur place. Le coffret assortiment de 36 caramels, 24,95 €.
Crédit photo: © Le Roy René
Gastronomes éclairé·es, réservez votre table
De concert avec l’équipe d’Eliott Mercier (vous connaissez forcément son concept 21 Paysans, havre impeccable du maraichage résistant dans les Alpes-Maritimes) et le chef maison Eric Cherval, Facundo Castellani (chef en liberté, ex-Lasai, 1 étoile à Rio, Nerua au Guggenheim Bibao et Mirazur, 3 étoiles à Menton) vous convie à 4 dîners pop-up qui s’annoncent aussi délicieux qu’édifiants. Attention, cuisine de haut vol et thématique militante : la diversité végétale cultivée. Après que des géants industriels hors sol ont fait main basse sur les semences agricoles pour imposer leurs graines calibrées, non reproductibles, sans âme mais pas sans OGM, les fruits et légumes moins populaires ou non conformes aux standards esthétiques ont disparu des étals et souvent, avec eux, la vraie saveur de la plupart des produits de la terre couramment disponibles. Ces 4 dîners, conçus autour de 4 graines emblématiques, en partenariat avec la Maison Paysanne des Semences Maralpines, association territoriale pour la préservation des semences paysannes, invitent à se régaler de légumes littéralement sauvés de l’extinction. Ajoutez à cela un accord mets-vins troussé par La Part des Anges, référence française d’élite en vins vivants, la scéno florale et contemporaine de Martin Fleurs, les jolies aquarelles primeurs d’Isabelle Huc et vous aurez toutes les raisons de booker immédiatement votre table ici. Vendredi 10, 17, 24 et 31 mars, 60 € + 30 € en accords mets-vins, 21 Paysans, 21 rue Valperga, Nice.
Crédit photo: © 21 paysans