Édition du 03 février 2023
03.02.23, n°141
Si vous avez gardé quelque chose de vos années de latin, vous savez sans doute que februare, à l’origine du mot février, signifie purifier. La tradition veut que ces premiers jours du mois marquent la fin des ténèbres hivernales et le retour de la lumière, donc à la pureté. Dans un joyeux mélange de profane et sacré, passé à la crêpière 3 minutes recto verso pour obtenir cette jolie coloration dorée évocatrice de l’astre solaire, la chandeleur rappelle l’antique fête des chandelles dont le feu s’avère si ce n’est purificateur au moins réconfortant. Car, autant le dire, on n’est pas sorti de l’auberge. Profitons néanmoins de cet intermède festif pour nous réjouir et, tout particulièrement de l’interdiction enfin assumée par la France des néonicotinoïdes, responsables comme vous le savez de l’effondrement des colonies d’abeilles sans lesquelles nous ne saurions tartiner nos crêpes de miel pur ni admirer les richesses de la nature qu’elles s’emploient, sans réclamer de droit à la retraite, à polliniser sans relâche. Love you honey.
Ce soir, Cabanight of Love, Arles :Pour vous éviter de faire tapisserie le 14 février, notre motel arlésien préféré, Les Cabanettes, réinvente le speed dating. Cadre délicieusement rétro-futuriste, ambiance musicale suave et concours pour offrir au match le plus cool une nuit à l’hôtel. Toutes les infos juste ici.
Samedi 4, tout sur les zones humides, Arles : Elles ne représentent que 6% de la surface du globe. Pourtant, elles abritent 40% de la biodiversité et jouent contre le changement climatique. Les zones humides (aucun rapport avec le sujet précédent), dont c’était la journée mondiale le 2 février, sont un écosystème vital. Comment les protéger, les développer, toutes les réponses lors d’une visite guidée dans les friches des marais du Vigueirat, Arles.
Mercredi 8, nouvelle enquête de Médiavivant sur scène, Marseille: Selon son modèle journalistique innovant d’enquêtes en public, Médiavivant retrouve la scène de La Fabulerie pour traiter d’un sujet de société moins anodin qu’il n’y paraît : la disparition de La Poste. Pour participer à cette investigation en live, toutes les infos sur le site du média.
Jeudi 9, Renaud Capuçon, Aix-en-Provence : Accompagné de l’Orchestre National Avignon Provence dirigé par Deborah Waldman, le médiatique violoniste virtuose interprétera le Concerto de Samuel Barber et la 3ème symphonie de Louise Farrenc dans le cadre du Grand Théâtre de Provence. Billets et informations.
Vendredi 10, Hommage à Merce Cunningham, La Roquette-sur-Siagne : Salué par la presse anglaise, A Love Letter to Merce Cunningham, est un étonnant spectacle de jonglage dédié à la mémoire du chorégraphe américain, interprété par la compagnie londonienne Gandini Juggling. Une programmation du théâtre de Grasse à réserver ici.
Samedi 11, Nu de David Gauchaud à Scène 55, Mougins : Dans le cadre du Festival Trajectoires, un spectacle de David Gauchard, jeune metteur en scène passé par l’École Régionale de Cannes, qui mêle improvisation et regard sociologique, Applaudi au Festival d’Avignon il y a deux ans et à ne pas manquer à Mougins. Billetterie et informations par là.
Jusqu’au 18 février, Festival les Hivernales, Avignon : Comme chaque hiver depuis 45 ans, une célébration de la danse contemporaine avec 25 compagnies et collectifs pour 39 représentations à travers la ville. Toute la programmation est à retrouver ici.
On a fondu pour elles
La fête des chandelles, c’était hier mais il est encore temps pour une séance de rattrapage.
Immaculée consumation
Chaque jour que Dieu fait, Alexandra et Damien croisent, sur le chemin de leur concept store marseillais, la Vierge à l’Enfant de Notre Dame de la Garde. Jusqu’au jour où, de retour de la Fashion Week, ils ont cette révélation : n’est-elle pas lasse de porter du doré ? De là, leur vocation pour les bondieuseries les plus hautes en couleur, que nos deux iconoclastes multiplient depuis 2017 avec une ferveur non dénuée de piété, sous le miraculeux label J’ai vu la Vierge. Parmi leur attirail néo kitsch de liturgie maison, entre figures pieuses color block et boules de neige bien secouées, dont l’esprit déco pop n’empêche pas une réalisation dans les règles de la tradition, on a repéré les bougies oracles de Marie. Allumez la mèche, laissez la lumière se diffuser et vous découvrirez l’une des 7 cartes-pendentifs inspirées du Tarot – Soleil, Monde, Lune, Force, Impératrice, Amoureux, Étoile – dont la signification dûment documentée sur le site de la marque vous renseignera sur votre mood du moment. Pour plus d’apparitions, direction le site web.
Crédit photo: © J’ai vu la Vierge
À adopter dard dard
Séduit par le charme rustique de bougies à la cire d’abeille naturelle, découvertes au hasard d’une visite chez un apiculteur, Charles van Valkenburg, webdesigner à Paris, décide d’en offrir à ses amis (et d’en garder une pour son plaisir personnel, quand même). Ne pouvant se résoudre à l’utiliser, il conserve son fétiche des mois durant dans son pot à crayons, avant de décider un jour de le reproduire dans sa salle de bain. Ainsi naît en 2012 son entreprise aixoise dont le nom Apis Cera signifie, comme vous le savez si vous avez gardé quelque chose de vos années de latin (bis), Cire d’Abeille. Un nom dont l’évidence signe son engagement immanent pour la préservation des populations d’abeilles et la perpétuation d’un savoir-faire ancestral et bénéfique. Car les bougies en cire d’abeille sont un remède efficace contre les allergies, réduisent les facteurs d’asthme et le rhume des foins tout en libérant, en plus de leur bonne odeur naturelle, des précieux ions négatifs dans l’air. Dans sa collection, on découvre savons, baumes à lèvres bio (au miel, beurre de karité, cire d’abeille, huile essentielle de lavande), bougies en pure cire d’abeille à la belle texture gaufrée, ou encore épingles à bougies, bijoux décoratifs en forme d’abeille en métal doré.
Crédit photo: © Apis Cera
La flamme éternelle des Prémontrés
Le feu purificateur que nous évoquions plus haut aurait bien pu sonner le glas de cette manufacture pourtant séculaire, créée en 1858 par les Pères Blancs de l’Abbaye de Saint-Michel de Frigolet, qui transmirent un jour de 1903 leur savoir-faire à la famille provençale Chabrier. Le terrible incendie qui ravagea l’établissement au début des années 2000 suscita un tel élan de solidarité que l’entreprise fut sauvée, reprise par la maison Souleiado, puis installée à Tarascon et labellisée à la suite Entreprise du Patrimoine Vivant. C’est là que chaque jour, la flamme est entretenue et les mêmes gestes ancestraux, exécutés avec une quasi dévotion pour faire naître des bougies au diamètre parfait, coulées à la louche comme au Moyen-Âge ou plongées dans la cire selon les techniques héritées de la Renaissance. Faut-il préciser que la production de la Ciergerie des Prémontrés, dernière du genre en Provence, voire en France, n’utilise que des ingrédients naturels – cires d’abeille, végétale ou minérale, pigments naturels pour obtenir une pimpante gamme de couleurs, huiles essentielles, mèches de coton tressé – et respecte un savoir-faire unique qui garantit une densité de cire exceptionnelle, gage d’une durée de vie jusqu’à 5 fois supérieure aux bougies industrielles. Ajoutons que ces merveilleuses bougies faites à la main diffusent une lumière intense et pleine de vie, ont le bon goût de ne pas couler ni de dégager de fumée noire, même en cas d’élection capricieuse d’un nouveau souverain pontife.
Crédit photo: © Ciergerie des Prémontrés
Le miel et les abeilles
S’il est apprécié pour son activité prébiotique, bénéfique pour nos intestins, loué pour son pouvoir anti-bactérien ou encore comme généreux pourvoyeur d’antioxydants, il va très bien aussi sur une crêpe fumante, à condition d’être bien choisi. Trois pistes de miel à suivre, même si vous n’êtes pas un ours.
Les nouvelles perspectives de Nev
Il est architecte, passionné de cuisine, elle est écrivaine et femme d’entreprise. De retour du Canada, Clément et Nevena ramènent un jour dans leurs valises quantité de ce miel artisanal au safran, découvert sur un marché au bord du Saint-Laurent et dont la saveur particulière les a tellement séduits qu’ils en distribuent à tous leurs amis (décidément). Vous devinez la suite ? Une fois le stock épuisé, ils décident de reproduire patiemment la recette, jusqu’à l’arrivée de la sinistre C19. Comme de nombreux autres, la pandémie les pousse à quitter Paris pour rejoindre, outre le soleil, un terroir où enraciner leur nouvelle conscience. Désormais, ils se consacrent, dans l’atelier marseillais de leur marque Nev, à cultiver une jolie collection de produits artisanaux de qualité savamment aromatisés, en néo-artisans du goût, scrupuleux et militants pour la qualité. Miel infusé au safran donc, à la fève tonka, à la vanille bourbon, fleur de sel à l’olive de Nice AOP, sucre au pollen, autant de recettes réalisées avec soin à partir d’ingrédients naturels sourcés pour la plupart auprès de producteurs locaux triés sur le volet. Adoubé par le collège culinaire de France et la presse unanime.
Crédit photo: © Nev
Les reines et le président
“Comment, tu ne connais pas ce miel ?” me dit un jour Antoine, gardien à Nice des Trésors Publics et fin découvreur de pépites cachées made in France. Niché au Tignet dans les Alpes-Maritimes, depuis plus de 4 décennies, Jean-Louis Lautard élève ses colonies d’abeilles dans une vibrante exploitation qui réunit plus de 1 000 ruches. Malgré ce nombre impressionnant, de mars à octobre, Jean-Louis Lautard part sur les chemins de la transhumance, transportant ses ruches au fil des floraisons en Haute Siagne, Estérel, Tanneron, où fleurissent les mimosas, jusqu’aux plaines de Moustiers-Sainte-Marie, en haute Provence. Pas un instant de la production du miel n’échappe à son œil vigilant, de l’élevage des reines à la mise en pot qui garantit origine, traçabilité et qualité, que notre maître apiculteur atteint en privilégiant la diversité des miels, élaborés en petites quantités dans le droit fil d’une production raisonnée. Tout à son sacerdoce, il assume néanmoins les fonctions de Président du syndicat des miels de Provence et des Alpes du Sud et peut afficher à ce jour plus d’une soixantaine de médailles au Concours Général Agricole de Paris.
Crédit photo: © Pexels Deborah Batchelor
Le Var mellifère
Au cœur de la Provence Verte, entouré d’eau, avec son lac alimenté de 6 rivières ou les chutes de Caramy, plongé dans un environnement préservé et toujours ensoleillé, le pays de Carcès dans le Var offre à Frédéric Forton, apiculteur depuis plus de 10 ans, les conditions idéales à la production d’un grand miel labellisé IGP Provence et Agriculture Biologique. Il y est lui-même bien sûr pour quelque chose. Responsable et engagé pour une apiculture raisonnée, il veille sur quelque 350 ruches et le bien-être des abeilles – dont il favorise le retour d’espèces endémiques – en ne prélevant qu’une partie du miel produit, le surplus, en limitant les interventions humaines et en refusant d’altérer la pureté de ses miels par des ajouts ou de la chauffe. Miel de lavande, de printemps, garrigue, thym, pollen de Provence et aussi bière au miel, moutarde, vinaigre au miel, tous les bienfaits de cette nature mellifère sont à découvrir sur place ou sur son site web.
Crédit photo: © Frédéric Forton
Vivent les abeilles
Si les néonicotinoïdes sont enfin bannis des terres françaises, on déplore encore de nombreuses causes de mortalité pour les abeilles, qui n’échappent pas, elles non plus, aux conséquences du réchauffement climatique. Il existe néanmoins des solutions pour sauver les colonies comme celle d’un Toit pour les abeilles qui vous propose de parrainer une ruche. Particulier ou entreprise peuvent ainsi apporter un soutien financier à la protection des abeilles en recevant, en retour, une partie du bon miel produit. Les parrains (ou marraines) peuvent suivre la vie des ruches via le site web, qui recèle une foule d’informations pour bien comprendre le monde des abeilles, une boutique pour les particuliers et un nouvel e-shop dédié aux entreprises.
Si vous n’osez pas les faire sauter
Le geste est admirable et le salto crêpier ne manque jamais d’épater la galerie. Pourtant, si vous ne maîtrisez pas le coup de poignet homologué et préférez un solide matériel bien français pour satisfaire vos envies familiales de crêpes, confiez à Lagrange le soin de garantir immanquablement votre succès pour cette chandeleur et celles des années qui viennent. Entreprise familiale sise en région lyonnaise depuis 1955, Lagrange réalise des crêpières grand format, des modèles pour pancakes ou galettes, également dotées de pochoirs pour des crêpes rigolotes en forme de cœur ou d’étoile (les puristes apprécieront) mais aussi, toute une gamme d’indispensables autant que sympathiques ustensiles électroménagers made in France, depuis les gaufriers et yaourtières jusqu’aux appareils à pop-corn, barbapapa ou hot dogs, en passant par les grills et planchas, raclettes et fondues, blendeurs et mixeurs. De quoi cocher à peu près toutes les cases du calendrier festif hexagonal. Mention spéciale pour leurs produits reconditionnés et garantis qui vous permettront, à défaut de retourner les crêpes, de recycler les appareils, boucle tout aussi vertueuse. Pour les découvrir, c’est par ici. Et pour une recette de crêpe inratable (au cas où), direction leur compte insta.
Crédit photo: © Lagrange
Lionel Kazan, l’air d’un autre temps à Nice
Né russe, naturalisé monégasque, Lionel Kazan incarne la mémoire photographique de deux décennies décisives dans l’histoire de la mode, les années 1950 et 60, où sa chambre noire fixa entre New York et Paris l’air du temps et les personnalités de l’époque dont Pia, son épouse et mannequin. Il suffit, pour en juger, de voir le diaporama intitulé Folle nuit d’Yves Saint Laurent, New Jimmy’s, Paris, 1966, tiré de la série réalisée pour le Marie Claire de septembre 1966 spécial collections, où figurent Régine, reine de la nuit, Jacques Chazot, danseur et homme d’esprit, Jean-Louis Foulquier, l’homme de radio, Edmonde Charles-Roux, la femme de lettres chère au cœur des Marseillais·es, parmi les mannequins qui dansent dans leurs créations haute couture au son des sixties, frappant instantané d’une époque. Si le nom de Lionel Kazan est peu connu du public, ses clichés parlent pour lui, de même que sa fille Alexandra, qui fit les belles heures de Canal+, et s’emploie à rendre un hommage mérité à son père photographe. Du 4 février au 21 mai 2023, musée de la Photographie, Nice.
Crédit photo: « Serre-tête et torpedo » Photographie publiée dans Nouveau Femina, n° 5, juillet 1954. © Lionel Kazan