
Édition du 06 janvier 2023
06.01.23, n°137
Selon les tempéraments et les points de vue, l’instant peut s’avérer fébrile, rébarbatif ou joyeux. Quoi qu’il en soit, voici l’heure et le lieu de vous présenter nos vœux. Et parce qu’ils sont sincères (oui, on tient à vous, chère lectrice, cher lecteur), nous sommes allé·es creuser loin pour vous les rapporter. Très exactement une poignée de siècles avant notre ère où la mythologie romaine situe son Âge d’Or. Période qui vit Saturne, détrôné par son fils Jupiter (le dieu, pas notre PR, ndlr), profiter de son exil dans le Latium pour régner avec mansuétude et initier au passage les humains alentours – qui ne se firent pas prier – aux joies et préceptes de la belle vie. De cette mythologie naquirent les Saturnales, jours de liesse où, sudnly, l’ordre est bousculé : les esclaves deviennent pour un temps libres de se déplacer mais aussi de critiquer leurs maîtres. Ces Saturnales auraient inspiré par la suite un pêle-mêle de célébrations profanes ou sacrées, dont l’Épiphanie chrétienne, fêtée aujourd’hui même et qui constitue pour nombre de croyants un temps plus important encore que la Nativité. Bref, la fève dans la galette qui nous couronne reine ou roi d’un jour doit plus aux Saturnales qu’à Gaspard, Melchior ou Balthazar. L’Épiphanie ne saurait pourtant se résumer à cette pâtisserie qui, cette année, stigmatise les inquiétudes économiques avec sa frangipane d’électricité. La forme d’astre solaire de ladite galette évoque l’Âge d’Or mais aussi la lumière éblouissante consécutive à la révélation. Du messie (JC, pas la star qatartique du ballon rond, ndlr) ou de toute forme d’illumination. Souhaitons donc, pour finir, que 2023 soit notre épiphanie et répande sur vous, chère lectrice, cher lecteur, la lumière du bonheur, de la conscience et de la sagesse. Sans oublier bien sûr de renverser l’ordre établi, ce qui est le propre des entrepreneur·es et des artistes, comme le démontre notre image de la semaine. Bonne année lumineuse et renversante.
Crédit photo: © Hors Surface . Camille Perreau – Biennale Internationale des arts du Cirque

Du 20 au 29 janvier, le Cirque jubile à Monte-Carlo: Les 45e Festival International du Cirque de Monte-Carlo et 10e Festival New Generation profitent de leur jubilé pour proposer une programmation inédite et vitaminée, dévoilant de nouveaux spectacles époustouflants tels le plus haut monocycle du monde, perché à 8,80 m ou la présence exceptionnelle de Peter Marvey, magicien applaudi dans le monde entier. Du 20 au 29 janvier au Chapiteau de l’Espace Fontvieille à Monaco, infos et billetterie par ici.
La Bonne Mère a retrouvé son musée à Marseille : Depuis les fêtes, le musée de Notre Dame de la Garde a rouvert ses portes avec une exposition toujours à voir sur l’histoire de Noël en Provence, au travers des 800 ans d’existence de l’édifice religieux emblématique de la Ville. Sur 350 m2, on découvre au fil d’une vaste et singulière collection d’ex-voto et objets cultuels la relation viscérale des Marseillais·es à la Bonne Mère. Du mardi au dimanche de 10 à 17h, plus d’infos juste ici.
Acte 2 pour les Grandes Halles du Vieux Port à Marseille:Après leur ouverture estivale sur le Cours Estienne d’Orves, Les Grandes Halles du Vieux Port de Marseille ont inauguré leur marché juste au pied du sapin. Faisant face aux Grandes Halles et partageant une terrasse commune, le Marché a installé, en lieu et place de la Maison de l’artisanat et des métiers d’art, 1 000 m2 et 3 étages de food market à croquer. Au menu, raviolis et pâtes fraîches, cuisine japonaise, épicerie corse, fromagerie artisanale, épicerie fine, torréfacteur, traiteur charcutier, primeur et boulangerie bio. Un nouveau lieu de vie et de goût à explorer ici.


Chandam sœur
À chaque nouvelle année, ses bonnes résolutions. Pourtant, la jeune pousse Chandam n’a pas attendu 2023 pour initier le changement et offrir une nouvelle alternative à la fast fashion, en misant sur la créativité pour faire triompher la mode responsable. Sa tête pensante, Éléonore Bricca, ingénieure agronome de formation, a pris fait et cause pour la laine française et imaginé une marque de vêtements et d’accessoires en maille – pulls, gilets, bonnets et écharpes – aussi colorée et confortable à porter que chaleureuse et enthousiasmante à vivre. Comme un manifeste, le nom Chandam suggère un jeu sémantique où, sous le chandail, pointent le champ, mais aussi le chant – la créatrice souhaitant donner voix à tous les acteurs de la manufacture – puis l’âme, dont le supplément fait émerger la part d’humanité et de respect de chacun dans l’engagement de la marque. Créée en 2021 à Antibes et désormais basée à Grasse dans l’incubateur d’entreprises InnovaGrasse, l’entreprise travaille exclusivement à partir de fibres naturelles de laine mérinos d’Arles française, sourcée localement, au plus près des producteurs, et respectueuse de l’environnement. En lien direct avec des élevages du Sud de la France et en étroite collaboration pour une part de sa production avec des experts de la maille italiens, la marque privilégie les circuits courts et garantit une maîtrise de la qualité. Dans le même élan, elle s’est engagée dans un processus zéro déchet et reverse 1% de son chiffre d’affaires à une association qui encourage le développement de l’agriculture paysanne. La laine, longtemps laissée pour compte au profit de fibres synthétiques issues de matériaux d’origine fossile, trouve en Chandam un nouveau prosélyte vertueux et talentueux. Pour preuve, la jeune marque, quelques mois tout juste après sa naissance, a été nominée finaliste des Trophées de la mode circulaire. Pour suivre l’aventure et réveiller votre fibre sensible, c’est tout de suite ici.
Crédit photo: © Chandam

Néo-tricot
Ringard, le tricot ? Sûrement par pour Amandine Armand, la créatrice qui se cache derrière le label Undated tricoté en mode 2.0. Un savant mélange de kitsch et de parfum post-Internet pour des pièces uniques au look and feel urbain aussi improbable qu’irrésistible. Le projet, né en 2019 à Buenos Aires et ancré depuis 2020 à Marseille, épouse l’esprit et les techniques de l’upcycling, pour créer sans surplus des sacs, pulls, crop-tops et autres gilets pour chien du meilleur abois, en tricotant à partir de matière première chinée exclusivement. Sa fondatrice, qui avoue elle-même être inspirée par le chaos (une référence à Marseille ?), ne s’embarrasse pas de nostalgie et n’aspire pas une seconde à créer des pièces comme autrefois, mais plutôt à faire vibrer le fil de ses tricots au diapason des tendances actuelles, à grand coup d’imprimés flammes ou de rose néon. Armée de sa machine exhumée des années 70, qu’elle a dû remettre en état de marche et apprendre à utiliser avec un manuel d’époque, et qui fonctionne – miracle du retour vers le futur – sans électricité, la jeune femme semble avoir découvert un champ de création aussi illimité qu’inexploité. À challenger donc si vous avez le cran de lui commander une pièce sur mesure. Pour en découvrir plus, jetez donc un œil à ça.
Crédit photo: © Undated

Savons salvateurs
Que penser d’une marque de cosmétique qui ose se dénommer Krakra ? Probablement qu’elle a du caractère et des choses à dire et à défendre. C’est le cas de sa créatrice, la Bordelaise Neyla Menasseri, qui feint l’innocence et s’amuse du nom mais s’avère intarissable sur la qualité de ses créations. Krakra propose des savons à la glycérine naturelle, saponifiés à froid, 100% biodégradables et élaborés à partir d’argile, de charbon, d’épices ou encore d’huiles essentielles, qui s’inspirent tout à la fois des rituels de beauté de l’antiquité gréco-romaine et des bienfaits de la nature. Peau sensible, sèche ou soumise au stress, nombreuses sont les actions bénéfiques de cette gamme au joyeux packaging néo-matissien, qui agissent sur l’hydratation, l’éclat du teint et la disparition des rougeurs. Parmi ses trois gammes, la botanique, enrichie en huiles essentielles de fleurs et de plantes pour purifier ; la neutre, boostée en beurre de karité pour apaiser ; et la gamme holistique, aussi douce pour votre épiderme que pour votre psychisme. Non content de laisser la peau nette et pure, la gamme holistique est ainsi constellée de micro-pierres semi-précieuses, dont le pouvoir est d’apaiser la trinité du corps, du visage et de l’esprit au cours d’un voyage cosmétique et spirituel, qui, nous l’espérons, vous aidera à traverser le mois de janvier sans cracraquer. Pour le reste des explications, c’est par ici et pour écouter l’inattendue Radio Krakra, pourquoi pas dans votre bain, c’est par là.
Crédit photo: © Krakra – Savon équilibre

Le magicien Dose
Des côtes californiennes à la forêt de Roquefort-les-Pins, la révélation de Ben pour les boissons sans alcool a si bien fermenté qu’elle a fait jaillir en 2021 le pétillant label Daily Dose. Volontiers subversif (quoique sa marque n’ait rien à voir avec la Colombie d’où il importe pourtant le sucre roux qui donne à ses boissons leur couleur caramélisée), notre micro-brasseur a surfé sur l’imagerie pop et fun des sodas pour mieux démontrer la supériorité de ses produits. Pas d’excès de sucre, pas de production industrielle, pas d’additif planqué au dos de l’étiquette (puisqu’elle est transparente), juste du plaisir frais et acidulé dans de très sympathiques bouteilles qui évoquent les flacons de sirop pharmaceutique au goût délicieusement régressif de notre enfance (enfin, la mienne au moins) et poussent l’analogie apothicaire jusqu’à arborer une gélule dont on n’ose imaginer qu’elle préfigure notre addiction à ces innovantes potions. Bref. Ses kombuchas sont issus d’un processus artisanal maison qui associe la tradition asiatique et le goût d’aujourd’hui pour des saveurs rafraichissantes et fruitées, naturellement pétillantes, riches en nutriments et en acide acétique (qui fait tomber le taux de sucre dans le sang, qu’on se le dise). Le kombucha, vous connaissez, c’est cette boisson désormais reine des magazines féminins, réalisée à base de thé fermenté et dont les vertus notamment antioxydantes ou anti-inflammatoires en font un choix 100% healthy, voire une alternative crédible aux cocktails et apéros de tous acabits. Déclinés en citron-gingembre-menthe, pêche, pamplemousse-houblon ou grenade-betterave, les kombuchas du magicien Ben côtoient ses ginger beer sans alcool et ses tepache, spécialité mexicaine plus vraie que nature, dont le dossier de presse nous apprend qu’elles feraient pousser les moustaches sous sombrero, Les filles, vous êtes prévenues. Pour vous procurer votre dose quotidienne, direction les meilleurs magasins bio, l’hôtel Amour à Nice ou Belle Plage à Cannes. Pour en savoir plus (et voir la jolie animation d’introduction), c’est par ici.
Crédit photo: © Daily Dose

Le feu nacré
Christiane Silvestre est passionnée de plongée. Là où d’autres seraient en apnée, c’est au fond des océans qu’elle a trouvé son inspiration. Sa fascination pour les nacres du monde entier – la noire de Tahiti, la blanche d’eau douce cultivée en Chine, la rose de Lambi tirée du coquillage martiniquais ou la nacre d’abalone de Nouvelle Zélande – ont poussé cette peintre en lettres, graphiste, décoratrice de formation, à expérimenter les possibilités inexplorées de cette matière inédite. Autoformée à une pratique artisanale dont elle est à ce jour la seule représentante, elle a découpé, poli, assemblé les fragments de nacre à l’or, l’argent ou les pierres pour produire une série de pièces uniques et singulières qui, en effet, ne ressemblent à rien de connu. Le nom de sa marque, lui-même, nous fait nous interroger. Dawa, comme le poisson à éperons bleus de Nouvelle Calédonie, comme les potions africaines dont parle Aimé Césaire, ou le mot d’origine arabe qui qualifie un joyeux bazar ? Laissons, comme Christiane dans son atelier vauclusien, l’imagination aller et concentrons-nous sur l’étonnante nouveauté de la créatrice, les lunettes. Fruit d’une longue recherche technique, ses créations feraient à coup sûr le bonheur du capitaine Némo et de ses sirènes, autant que la couronne en nacre rose qu’elle a créée sur mesure a su mettre en lumière Miss Martinique 2021. Pour en juger, plongez donc par ici.
Crédit photo: © Dawa Création

Dans de beaux draps
Décoratrice d’intérieur, experte en philosophie feng shui, à propos de laquelle elle a co-écrit un ouvrage de référence en 2012, Laurence Carroy maîtrise mieux que personne l’art de l’harmonie intérieure. Sa passion pour l’équilibre et les belles choses l’ont conduite à créer en 2020 sa propre ligne de linge de maison en choisissant pour matière de prédilection le lin lavé. Puisant dans la tradition et le savoir-faire des Flandres françaises, région où le lin est cultivé, tissé, façonné et ennobli depuis des générations, elle s’est attachée à composer, en lien direct avec des entreprises historiques comme Lemaitre-Demeester, Cambrai Broderie ou Cardon confection, une impeccable collection made in France, gage d’une élégance intemporelle, respectueuse et durable. Plus économe en eau lors de sa culture, la fibre de lin s’avère aussi plus résistante que le coton. Labellisée Oeko-Tex, tissée en 180 g/m2, traitée stonewashed pour plus de souplesse et de douceur, elle garantit de belles nuits, chaudes en hiver, fraîches en été, des tables généreuses et un esprit déco, mixant rideaux aériens et coussins sensuels, qui matche avec toutes les atmosphères, des plus classiques aux plus urbaines et contemporaines. Mais la véritable réussite de Laurence Carroy tient dans sa palette coloristique de 7 tonalités naturelles, indémodables, qui inspirent la sérénité et l’irrésistible envie de rester chez soi. Ça tombe bien, c’est de saison. À découvrir en exclusivité chez L’Atelier Français à Vence ou directement par ici.
Crédit photo: © Laurence Carroy

Je vous ai apporté des poissons
D’aussi longtemps que l’on s’en souvienne, on a pu, pour quelque événement marquant de la vie, faire livrer des fleurs à l’adresse de son choix avec toute la fraîcheur et la célérité requises. Rien d’étonnant à cela. Imaginez maintenant qu’en lieu et place de la brassée de roses odorantes ou de pivoines épanouies, vous receviez par Chronofresh une pêche tout aussi fresh, poissons, coquillages et crustacés tout juste pêchés en Méditerranée. C’est le concept de Côté Fish qui l’a expérimenté avec succès auprès des clients les plus exigeants, à savoir Pierre Gagnaire, Arnaud Donkele ou Florent Pietravalle (excusez du peu) et qui désormais se trouve fin prêt à vous régaler du meilleur de la mer. Mathieu Chapel, cocréateur et actuel patron de Côté Fish, revendique une pêche artisanale et respectueuse des fonds marins. Bonne nouvelle, on peut donc sans retenue se faire plaisir tout en favorisant le respect de la biodiversité et le renouvellement des espèces. Ce lien privilégié entre les pêcheurs et votre assiette, circuit court, sans intermédiaire qui respecte les saisons de pêche et permet de livrer les meilleurs produits à bon port, est la raison d’être de la jeune entreprise qui l’assortit de services. Selon vos demandes, le poisson peut ainsi vous être livré nettoyé, préparé en filet. Que cela ne vous détourne pas pour autant de votre poissonnier habituel mais vous offre une alternative économique à l’achat d’un pointu. Pour voir ce qu’il y a dans leurs filets, faites un tour par ici.
Crédit photo: © Côté Fish

Et voilà, c’est le cirque
Voilà 40 ans que le cirque a opéré sa mutation et embrassé la voie d’expressions et formes contemporaines pour s’inscrire de plein droit dans le champ artistique du spectacle vivant, fusionnant les disciplines et les expérimentations. En France, son représentant le plus éminent, la compagnie Archaos, fut à l’initiative, dans la dynamique de Marseille, Capitale européenne de la Culture 2013, de la Biennale Internationale des Arts du Cirque qui inaugure dans quelques jours sa 5e édition. Dans le sillage de Fanny Soriano, danseuse, acrobate aérienne, cofondatrice de la compagnie Libertivore, originaire du Sud et artiste phare de ce millésime, pas moins de 70 spectacles, 250 représentations et un programme qui rayonne dans toute la région. Mariant création artistique, performances scéniques ou à ciel ouvert et un esprit d’ouverture qui respecte la tradition populaire du cirque. Depuis Marseille, sa ville natale, la Biennale essaime partout en Provence, dans le Var, les Alpes-Maritimes et jusqu’à Briançon, avec une programmation tout public et matière à s’étonner, s’émouvoir ou voir le monde sous un angle nouveau. Renversant, conformément à nos aspirations de l’année. Du 12 janvier au 12 février. Tout le programme et la billetterie sont à retrouver ici.
Crédit photo: © BIAC – Nous ne sommes pas des oiseaux – Sylvie Guillermin – Jean-Pierre Maurin

L’appétit de l’image
Attention, derniers jours pour se régaler l’œil des clichés de Jonathan Thevenet, l’un des plus talentueux photographes culinaires d’aujourd’hui, exposés sous la forme d’une rétrospective dans la Galerie d’art contemporain du Palais de l’Europe à Menton, à l’initiative de l’association Medenimages, organisateur historique du festival Photomed, la Ville et l’Office du Tourisme de Menton. Derrière la fascination qu’exercent les images, dont certaines recèlent des prouesses de technicité, se cachent quelques dispositifs interactifs et une réflexion sur ce qui remplit nos assiettes. Jusqu’au 28 janvier. Plus d’information au 04 92 41 76 73 ou sur le site de la Ville.
Crédit photo: © Jonathan Thevenet _ LIKE A FISH OUT OF WATER Dorade SEBASTE