
Édition du 16 décembre 2022
16.12.22, n°136
Si les pelouses climatisées de la gazomonarchie persique amie ne sont vertes qu’en surface, elles ont néanmoins réussi à faire taire tous les appels au boycott, moyennant quelques valises – certes – comme dans les thrillers les moins inspirés des années septante. Que triomphe donc la société spectaculaire marchande, c’est de saison. Et pendant que les yeux seront rivés sur les écrans qui, une fois de plus, sauront détourner l’attention de l’essentiel, offrons-nous un dernier tour des rendez-vous, marques et découvertes que nous réserve le Sud. Car, en effet, voici déjà notre dernière livraison de l’année. Bonne lecture et, par avance, bonnes fêtes à vous

Gare Croisette à Cannes, c’est party : 7/7 pendant 46 jours, l’ancienne gare maritime de Cannes se propose de vous transporter depuis le vieux port, non vers quelques îles à l’exotisme fané ou rivages transis en hibernation mais vers les horizons réjouissants d’un monde enchanté où shopping, culture, événements artistiques s’entremêlent dans une atmosphère festive, sur le modèle du Grand Playground qui anime le cœur de Lille depuis 2018. Réunis en un même lieu, espace boutique, kids market et jeux de société, vente de plantes, espace vintage, ateliers customisation de sneakers ou de céramique, salon de tatouage, masterclass de danse, snack-bar audiophile (qui nous promet une expérience audio-gustative !), concerts et showcase programmés sur mesure par l’association Les Plages Électroniques (qui a fait ses preuves en la matière) et même des soirées stand-up avec quelques figures du Jamel Comedy Club. Le programme de la croisière par ici.
Ce soir, anthropologie visuelle au Centre Photo Mougins :Le sujet est passionnant et les films projetés, tout autant : comment documenter le monde, de la chronique sociale à l’exploration des cultures les plus éloignées ? Au programme, Night Mail de Harry Watt et Basil Wright, pièce majeure du British Documentary Movement, Eux et Moi de Stéphane Baron, film documentaire réalisé en Papouasie et portrait en creux de l’ethnologue, Les Filles du Vodou de Catherine de Clippel – dont l’expo est à voir actuellement au Centre Photo de Mougins –, tourné caméra au poing au beau milieu d’une cérémonie dans un village togolais. Ce soir à 19 h au Centre de la Photographie de Mougins. C’est gratuit et dans la limite des places disponibles. Plus d’infos ici. Seconde soirée d’ores et déjà programmée samedi 14 janvier dans le cadre des Visteurs du Soir du réseau d’art contemporain Botoxs, avec notamment la projection du film Moi, un noir de Jean Rouch.
Ce week-end, Pièce à Part ouvre son atelier à Marseille : Avec une belle constance dans la qualité de ses projets, Emmanuelle Oddo mène depuis Marseille une activité curatoriale et de direction artistique, sous le label Pièce à Part, qui la conduit à collaborer avec des architectes, éditeurs, galeristes, lieux, marques et artistes contemporains. Quand elle n’est pas commissionnée pour superviser l’achat d’art d’un hôtel en cours de rénovation ou la DA d’un concept-store, elle trouve le temps de créer une librairie à la sélection impeccable, une maison d’édition, Amers, née de l’immobilisme forcé du confinement, et un atelier destiné à accueillir des artistes en résidence. Après l’inauguration de la librairie hier, celle de l’atelier a lieu ce samedi où vous pourrez découvrir les travaux des résidentes Sophie Parachey, Zineb Mezzour, Akitsu Orii et Cynthia Nge ainsi que les créations de l’hôte elle-même, tandis qu’à la librairie, à deux pas, sera présentée la nouvelle collection de la marque Double Double que nous aimons bien par ici.
Ce week-end, Supervues à Vaison-la-Romaine :Comme chaque année depuis 15 ans, Vaison-la-Romaine prend des allures de Kassel à la française, en plus épicurien et sympathique s’entend, à la faveur d’un projet singulier initié par Jean-Baptiste Gurly, propriétaire de l’hôtel Burrhus. 35 chambres attribuées de façon aléatoire à autant d’artistes, libres de les investir en mode éphémère durant 48 h avec un projet artistique réalisé in situ. En détournant l’argument hôtelier classique de la chambre avec vue, le projet Supervues, qui a résisté aux années et à la crise sanitaire, non sans inspirer largement d’autres initiatives artistiques dans le Sud, nous offre un nouveau point de vue sur l’art contemporain, joyeux, vivant, foutraque, parfois surréaliste, propre à nous réconcilier avec les événements et manifestations de l’art, trop souvent formatés par le mécénat de grandes maisons luxueuses ou l’académisme institutionnel. Vernissage ce soir, à voir jusqu’à dimanche soir, à ne pas manquer si vous le pouvez. Pour en savoir plus, c’est ici.
Ce week-end, Le Marché du Gros Souper à Saint-Rémy-de-Provence : Repas traditionnel en Provence, le Gros Soupa est servi le soir de Noël et précède la rituelle messe de minuit. Avant même la fin de l’abondance et loin des réveillons gargantuesques, ce souper se veut maigre, sans viande d’aucune sorte, et porteur de symboles chrétiens que la ferveur provençale transposa à la table. Il n’en est pas pour autant spartiate comme en témoigne ce petit marché de Saint-Rémy-de-Provence, qui réunit les producteurs aptes à fournir la savoureuse matière première de ce moment de partage. Les 7 plats maigres (qu’on nommerait aujourd’hui healthy) où il n’est pas rare de trouver les légumes de saison comme les cardes, le céleri, le chou-fleur, les épinards, des coquillages et poissons comme la morue, des escargots, gratins, soupes et anchoïade. Sans oublier, les fameux 13 desserts. Pour remplir votre panier, glaner quelques recettes, conseils et bonne humeur, toutes les infos ici.

Une nuit à Maison Albar Hôtel_L’Imperator, ça vous dit ?
Autrefois villégiature appréciée d’Ernest Hemingway ou Ava Gardner, Pablo Picasso ou El Cordobes, L’Imperator a retrouvé son éclat parmi la prestigieuse collection d’adresses Maison Albar et constitue à lui seul une excellente raison de redécouvrir la belle ville de Nîmes. Entre Provence et Camargue, à deux pas de la Maison Carrée et du Jardin de la Fontaine, au bord des quais, vous attend un séjour de charme, de culture et d’art de vivre au sommet. Une déco intérieure contemporaine, des chambres au luxe chaleureux, une cuisine signée Pierre Gagnaire, un spa Codage, une expérience unique à vivre en toute saison. Surtout si la chance vous sourit. Pour la tenter, c’est ici.
Crédit photo: © Maison Albar

Soins maternels de la néo-cosmétique clean
Puisque nous ne sommes plus qu’à quelques jours de la nativité, penchons-nous sur cette nouvelle marque de cosmétiques éthiques qui s’adresse tout particulièrement à la maternité. Que l’on soit enceinte, que l’on rêve de l’être, ou que l’on allaite, l’hygiène de vie et l’alimentation deviennent des sujets plus essentiels que jamais. C’est un fait acquis. Mais quid des cosmétiques qui font partie de notre routine quotidienne, dont on sait que tous ne sont pas, loin s’en faut, exempts de composants indésirables ? Moom cosmétiques est né de cette conscience et d’un engagement : préserver la fertilité, la maternité et la santé du futur bébé en imaginant des formulations garanties (et certifiées par le test EODT, seule référence fiable à ce jour) 100% sans perturbateurs endocriniens. Fondée par Deborah et Samir, jeune couple installé à Aix-en-Provence, Moom embrasse l’ambitieuse trajectoire d’une entreprise à impact : fabrication française, ingrédients vegan, labellisée Cosmos Organic selon la charte Cosmebio, respectueuse de l’environnement, la marque a d’emblée décidé de reverser 1% de son chiffre d’affaires à la Fondation Brown Button qui aide les femmes nigériennes – dont le pays détient le triste record mondial de mortalité des mères – à accoucher dans la dignité et en sécurité. Huile de soins vergeture, crème hydratante et unifiante, lait nettoyant et démaquillant, shampoing revitalisant, gel douche protecteur, Moom saura, avant cela, très bien s’occuper de vous. Pour tout savoir et tester, c’est par ici.
Crédit photo: © Moom Skincare

Essentielle noblesse du quotidien
Son amour du bois, c’est son père, Roger, qui le lui a transmis, en même temps que son savoir-faire. Un amour qu’à son tour Laure, l’âme d’Oros, s’entend à partager. Avec les artisans et les manufactures de France, dont elle s’attache à valoriser mais aussi remettre au goût du jour les techniques traditionnelles, aux côtés desquel·les elle réalise aussi ses objets, merveilles de fonctionnalité à faire pâlir un Shaker mais aussi de créativité, infusée de design contemporain. Avec les créatifs dont elle s’entoure également, autour d’un goût commun pour la diversité des essences utilisées et la maîtrise des savoir-faire mis en œuvre. Avec sa clientèle enfin, qu’elle invite à s’attarder sur la beauté d’un cerne, d’une écorce ou d’un nœud et à qui elle garantit une production raisonnée. Chaque objet sera produit localement en utilisant la variété de bois endémique, issu de forêts gérées de façon responsable, de coupes de particuliers ou de chutes. Cet objet peut même être le fruit d’une commande spécifique, Laura se prêtant volontiers à des réalisations sur mesure. Bref, les objets vivants de la jeune maison d’édition Oros ont si fière allure qu’on les adopte sans la moindre hésitation pour composer l’harmonie parfaite de la nature et du style sur nos tables de fêtes.
Crédit photo: © Oros Design – Emmanuelle Roule

Un peu de douceur dans ce monde de bûches
La pâtisserie ne saurait être réduite au rang de nouvelle religion télévisuelle car elle s’avère l’un des champs de créativité les plus délicieux de l’art culinaire à la française. Pour changer de la sempiternelle bûche (message subliminal anti-déforestation), nous avons constitué une sélection de 6 talents qui incarnent la pâtisserie moderne et régalent le Sud en douceurs. Rassurez-vous, ils savent aussi faire des bûches.
1. Bricoleurs de douceur, Marseille : Choc Noris, sablé extra gourmand aux éclats de noisettes, pépites de chocolat et fleur de sel, crémeux chocolat noir et confit de praliné noisette. 35, boulevard Philippon. bricoleursdedouceurs.fr – 2. Cyril Lignac, Saint-Tropez : Tarte vanille caramel pécan, Paris-Brest, Mont-Blanc et autres exclusivités réservées à la boutique de Saint-Tropez. 66, route des Plages. gourmand-croquant.com – 3. Lilian Bonnefoi, Antibes : Millefeuille, pâte feuilletée caramélisée, crème légère au mascarpone à la vanille de Madagascar. 7, av. Robert Soleau. lilianbonnefoi.com – 4. Maison Weibel, Aix-en-Provence : Baba au rhum, baba imbibé dans un sirop au vieux rhum agricole, crème pâtissière aux gousses de vanille ou chantilly maison et fruits. 2, rue Chabrier. maisonweibel.com – 5. Pâtisserie Tayac, Nice : Tarte Z, virevolte de chocolat-noisette-coco, pâte sablée noisette cacao, biscuit chocolat, praliné coco, ganache montée chocolat noir coco et chocolat au lait. 15, rue du Maréchal Joffre. philippetayac.com – 6. Paéma Pâtisserie, Marseille : Choco Noisette classique signature, composé d’un sablé cacao, biscuit moelleux noisette, croustillant praliné, crémeux noisette, noisettes entières, confit praliné et mousse au chocolat noir. 12, rue César Aleman. paema_patisserie
Crédit photo: © Fabbio Galatioto pour Philippe Tayac

Castérino, le renouveau d’un village magique
Baptisé Shining par quelques esprits chagrin à l’heure où une poignée d’habitants se refusaient à quitter le village, coupé du monde par la sinistre tempête Alex, Casterino revit désormais et, espérons-le toute la Vallée de La Roya, avec le rétablissement définitif de la route qui mène au hameau, équipée d’un tout nouvel ouvrage paravalanche réalisé, comme près de 50 autres chantiers de la vallée suite à la catastrophe, par l’entreprise provençale NGE, géant du bâtiment et des travaux publics, mandaté par le Conseil départemental des Alpes-Maritimes. Pour le plaisir de retrouver l’atmosphère paisible du village qu’a pu apprécier Jean Dujardin, venu tourner l’an passé dans ses décors naturels, pour un réjouissant parcours d’accrobranche, une sublime randonnée dans la bien nommée Vallée des Merveilles, dont le hameau constitue la porte d’entrée, ou profiter des joies du ski sur les pistes familiales de cette petite station perchée à 1 h 30 des plages et de Menton.
Crédit photo: © Gilles Couturier

Applaudir la première cheffe de France à Avignon
Le plus long parcours pour Debora Waldman, native de Sao Paulo, ne fut pas d’avoir grandi en Israël, puis à Buenos Aires avant de débarquer à Paris parfaire sa formation musicale. Mais bien de devenir, à force de talent et de persévérance, la première femme à la tête d’un orchestre de premier plan, en 2020 à Avignon. Frappée par l’invisibilité des compositrices dans le répertoire joué au public, elle dirige en première mondiale une symphonie de Charlotte Sohy de 1919, jamais jouée auparavant. Une œuvre qu’elle a patiemment exhumée et reconstituée pour lui redonner vie avec l’aide du petit-fils de l’artiste. Malgré ses difficultés à se frayer un chemin au sommet et son goût pour les œuvres de femmes compositrices, Debora Waldman ne brandit pas pour autant la baguette du féminisme véhément. Elle préfère parler de juste équilibre et s’investit plus volontiers dans le projet Démos, coordonné par la Philharmonie de Paris, qui vise, par la sensibilisation des enfants à la musique classique, à enrichir leur parcours éducatif, favoriser la transmission du patrimoine et contribuer à l’insertion sociale. Mission qu’elle concilie avec ses invitations, son rôle de cheffe associée à Dijon et un peu de temps libre pour arpenter Avignon, en quête des parfums de son enfance argentine. Pour retrouver toute la programmation de l’Orchestre d’Avignon, c’est ici.
Crédit photo: © Orchestre National Avignon / Alexandra de Laminne

Un parcours d’Art Contemporain à Marseille
Depuis 2007, l’ensemble des structures qui représentent et font vivre l’art contemporain à Marseille se sont associées dans le réseau PAC, qui compte désormais pas moins de 74 structures. Autant dire que le programme de leurs expos et rendez-vous de fin d’année est aussi riche qu’alléchant. Il est à découvrir ici et à arpenter pour explorer la cité phocéenne dans toute sa diversité, des musées aux collectifs d’artistes en passant par les tiers lieux, les galeries et espaces associatifs. Soirée So Ruff So Tuff ce soir aux étonnants Ateliers Jeanne Barret avec notamment Jean-François Pauvros (que nous eûmes la chance d’accueillir au Dojo il y a quelques années), dont une partie des bénéfices sera reversée à la plateforme Just qui œuvre pour une meilleure justice sociale. À la librairie galerie Giselles Books, Don’t be gay : J.D.s (1985/1991), expo autour du fanzine queer punk activiste et radical J.D.s (Juvenile Delinquents), cofondé par l’écrivain et réalisateur Bruce LaBruce et l’illustratrice, musicienne et réalisatrice G.B. Jones à Toronto. Ou encore, Kharacter, la nouvelle expo de la très belle et active galerie La Traverse, fondée par la galeriste Catherine Bastide et dont la programmation ainsi que le lieu sont à suivre avec attention. Pour télécharger l’agenda complet, c’est par ici.
Crédit photo: © La Traverse
Et pour finir, notre bonus musical de la semaine, que nous a (indirectement) inspiré notre visite à Mougins (!), chant rituel du vodoun béninois mais qui fera très bien aussi au pied du sapin. Enjoy !