Édition du 21 octobre 2022
21.10.22, n°130
J’ai fait un drôle de cauchemar, il y a quelques nuits de cela, dont les seuls souvenirs que je conserve sont des visages d’enfants, les yeux perçants, l’air menaçant, et un titre, comme si les droits en avaient déjà été rachetés par Netflix : I’m not afraid of you and I will beat your ass. Manifestement, le film était en VO et ne laisse que peu de doute quant à sa signification, même si vous n’êtes pas parfaitement fluent. Partout dans le monde, les enfants s’étaient ligués pour nous défier, nous renverser et instruire notre procès pour impéritie. Oui, dans le film, les enfants s’avéraient beaucoup plus intelligents, cultivés, déterminés et implacables qu’on ne les imagine dans la vie. Le pire, c’est que ce cauchemar ne m’a pas surpris. Je me suis même demandé si sa réalisation ne serait pas souhaitable, quelque part, je ne sais pas ce que vous en pensez. En attendant, à la veille des vacances et à quelques années de l’effondrement, nous avons choisi de faire plaisir à nos chérubins avec une sélection qui leur est 100% dédiée (on ne sait jamais). Et pour vous faire plaisir aussi, quand même, notre concours exceptionnel à l’occasion du 85e anniversaire de Marie Claire (le magazine, pas votre cousine), pour gagner une nuit inoubliable au Negresco. En espérant que le cadre historique et luxueux du palace qui fait notre fierté azuréenne saura vous éviter les cauchemars.
Les enfants retournent les monuments
Comme chaque année, la manifestation « Monument jeu d’enfant » vise à réconcilier les plus jeunes avec notre patrimoine architectural classé. Partout en France et, a fortiori dans notre région qui s’enorgueillit d’avoir vu quelques solides joyaux échapper à la bétonisation, les monuments ouvrent leurs portes ce week-end à des activités ludiques à vivre en famille, dont les rires décuplés viendront, une fois n’est pas coutume, troubler la quiétude parfois séculaire des lieux. Tout le programme ici.
Crédit photo: © EileenGray – Manuel Bougot
L’Ours de la concorde
Le binôme de Studio Bohème composé de Julie et Kim (dont l’amitié vaut bien celle de Jules et Jim) nous ravit par ses jolies collections pour bébés et enfants, et ses choix éthiques qui, à coup sûr, leur vaudront d’échapper à la vindicte juvénile quand viendra le moment de nous botter le cul. Comme pour mieux affirmer leur engagement éco-responsable et la conscience transgénérationnelle, le label installé à Venelles (13), nous gratifie de ce nouveau sweat Ours, un pull tout doux effet peau de mouton à porter à tous âges et surtout composé à 85% de coton biologique et tout juste 15% de polyester, n’en déplaise à TotalEnergies. Une innovation à saluer, une belle image de famille à garder.
Crédit photo: © Studio Bohème – Lois-Moreno
Un vrai bain de jouvence
Puisque les enfants sont dans le bain, autant qu’il soit clean et joyeux. La maison montpelliéraine Oppi, qui nous avait déjà réjoui·es avec son jeu de construction créatif Piks, récidive avec Flot, une nouvelle collection de 3 objets de bain à adopter séance tenante. D’abord parce qu’elle est made in France, ce qui nous garantit que les enfants sont ceux qui jouent (et pas ceux qui fabriquent). Ensuite parce qu’elle innove carrément. Design soigné et surtout procédé anti-moisissure qui vous évitera d’entretenir des colonies d’oomycètes ou de penicillium dans votre salle de bain. Conçus une fois de plus en collaboration avec des scientifiques spécialistes de l’enfance, qui trouvent en Kuji la baleine, Tako le poulpe ou Kaba l’hippo matière à favoriser l’épanouissement des enfants, les découvertes sensorielles, la confiance en soi et, pour finir, le partage avec les parents. Profitons-en.
Crédit photo: © Oppi Flot
L’enfance de l’art au Negresco
Non content de nous offrir une magnifique nuit à gagner avec vue mer – et légende – imprenable, Le Negresco fait notre bonheur pour les vacances de la Toussaint avec ses ateliers pour enfants Arty. Après l’artiste niçois Jean-Marc Calvet en avril dernier, c’est au tour de Jordane Saget d’initier les plus jeunes à sa pratique artistique, dont les compositions picturales le placent à mi-chemin de Vasarely et Yvaral (familiers des lieux) et des graffs du street art vintage. À travers deux ateliers qui inviteront les futurs graffiti- ou op-artistes à traduire leurs propres émotions en lignes géométriques ou les projeter en 3D à la manière de leur maître d’atelier. Un atelier qui, vous l’imaginez, est loin d’être sombre et underground puisqu’il s’agit du Salon Masséna. Rien de mieux qu’un musée pour inciter les 4/10 ans à révéler leur sensibilité artistique, vous ne trouvez pas ?
Crédit photo: © Le Negresco – Salon Royal – Gregoire Gardette
Lire délivre
Comment dire notre admiration et notre plaisir pour Maison Georges, formidable éditeur multi-primé d’illustrés pour enfants ? Tandis que le magazine Graou fait le bonheur des plus jeunes, et Georges, l’épanouissement des plus grands, la maison collectionne des ouvrages impeccables qui associent, sur la même page au parfum astringent d’encre d’imprimerie, le talent d’illustratrices en liberté, l’art des histoires qui captivent et réjouissent et l’esprit indépendant d’un éditeur audacieux et engagé. Que ces femmes s’appellent Georges ne devrait pas nous étonner mais, au contraire, nous inciter à offrir d’urgence l’un de leurs opus, disponibles – qu’il s’agisse des livres ou des magazines – dans les meilleures librairies, à nos chères têtes blondes qui les ont amplement mérités. D’ailleurs, le petit dernier est porté aujourd’hui même sur les fonts baptismaux et propose une astucieuse lecture interactive à la découverte des premières histoires documentaires. Qu’on se précipite.
Crédit photo: © Virginie Ovessian
Dia de los muertos à Barcelonnette
Au milieu du XIXe siècle, poussés par la reconnaissance du Mexique par la France, l’ouverture des frontières du pays et des rêves de fortune, des natifs bas-alpins de Jausiers et Barcelonnette traversent l’Atlantique. Restée mémorable, la saga des frères Arnaud, qui connurent le succès dans le textile et la banque, inspira nombre de candidats à l’exil et, en retour, une étonnante collection de villas mexicaines – tels le Château des Magnans, la Villa Puebla ou la Villa Bleue – qui fleurirent en vallée de l’Ubaye de la main de ces fils prodigues nommés Barcelonnettes. Désireuse de perpétuer ce singulier héritage, la ville cultive sa fibre amérindienne. Et quelle occasion plus belle que le Dia de los muertos pour la célébrer. Dans une atmosphère digne de Coco, pas le Disney préféré de Donald Trump, la plus mexicaine des villes françaises offre 3 jours de liesse, où l’on croise mariachis, stands de champurrado (chocolat chaud typique), ateliers de piñatas ou objets d’artisanat et moult animations mortellement joyeuses. À ne pas manquer du 27 au 29 octobre. Et si vous en voulez plus, rendez-vous au mois d’août de l’année prochaine pour 10 jours de fête latino-mexicaines. Caramba.
Crédit photo: © Fête des Morts 2019 – Claude Gouron
Les enfants sont bien occupés
Créé en 2020, Mon Petit Atelier a imaginé une série de réponses colorées, éco-responsables et pertinentes à une problématique : comment éviter de coller un téléphone portable dans les mains des enfants quand les parents veulent avoir le loisir de conversations intelligentes sur, au hasard, Kim Kardashian ou leur dernière trouvaille Zara qui a tellement l’air de coûter beaucoup plus cher. Résultat, des sets de tables richement illustrés et totalement ludiques pour stimuler la créativité, l’imagination et l’attention des enfants (qui sur tous ces plans nous battent à plates coutures). Tout en les sensibilisant à l’écologie (pour le jour où ils nous battront tout court). Dernier né de la collection, le calendrier fruits et légumes de saison qui initie nos enfants aux temporalités des productions de la nature et aux bonnes recettes qui les accompagnent, tout en reversant 1€ par vente à France Nature Environnement. Le tout pour le prix d’un T-shirt de l’enseigne précédemment évoquée.
Crédit photo: © Mon petit Atelier
Elon n’a qu’à bien se tenir
À la naissance de leur fils, Julie et Guillaume, designers dont nous avions pu apprécier le talent à travers leurs collections de luminaires ou cache-pots intelligemment surcyclés et signés Otra Design, décident de fabriquer des jouets en bois. Avec un atout maître, en la personne du père de Julie, ébéniste à Vence. Façonnés à la main en bois de hêtre FSC, leurs pimpants bolides nous ramènent à des souvenirs émus où le toucher sensuel des blocs de bois colorés n’avait pas encore la froideur d’une carrosserie métallique de Matchbox (même si c’est joli aussi). Bref. Ce fin travail de design automobile a permis d’écouler l’an passé quelque 400 modèles, et cette année déjà plus de 600, donnant espoir dans la réindustrialisation de la France. En attendant, soyons fiers de ces superbes véhicules en bois car ils démontrent, contrairement à l’opinion couramment répandue, que la Côte d’Azur n’est pas seulement le terrain de jeu de Ferrari et autres véhicules électriques américains.
Crédit photo: © Otra Design – Bolides
Le musée de ceux qui n’y vont jamais
La Collection Lambert Avignon a imaginé le musée de celles et ceux qui ne vont pas au musée, exposant un ensemble hétéroclite et touchant d’objets intimes, dont la valeur sentimentale se confronte aux œuvres d’art extraites de la Collection, laissant à réfléchir sur la vraie valeur des choses. Une expérience inédite associant des personnes en situation de précarité, un artiste et le personnel d’un centre d’art contemporain. Collection Lambert, Avignon, jusqu’au 23 janvier 2023.
Et pour finir, notre bonus de la semaine, qui clamait déjà le désir d’une jeunesse musicale de prendre les choses en main. Enjoy!