Édition du 07 octobre 2022
07.10.22, n°128
Annexion référendaire néo-soviétique, re-putsch démocratique burkinabé, réforme des retraites en col roulé, rachat de Twitter en mode interrupteur par le milliardaire électrique… Cette semaine, cessons de nous tourmenter sur ce que nous mijotent les grands de ce monde et concentrons-nous sur notre propre cuisine. Une jolie table, quelques accessoires choisis, un bon tour de main et nous voilà de nouveau dans notre assiette. À suivre donc, nos repérages de la semaine pour passer à table avec style.
Livres à Mouans-Sartoux : 30e Festival du livre de Mouans-Sartoux avec son lot de dédicaces prestigieuses, de rencontres passionnantes dont François Hollande himself dans le double exercice dimanche et une tentative de répondre aux interrogations esquissées dans notre introduction. On y court dès aujourd’hui jusqu’à dimanche.
Baguette magique à Avignon :Mercredi 12 octobre à 20h, Opéra Grand Avignon, l’Orchestre national d’Avignon Provence fait sa rentrée et il faut y être. Intitulé Deux Sœurs, le programme met en scène les mezzo-sopranos Karine Deshayes et Delphine Haidan, avec, à la baguette, Debora Waldman, cheffe au parcours remarquable et seule femme à diriger un orchestre de cette envergure en France. Dernières places à réserver très vite ici.
Avant-garde à Hyères : 37e édition du Festival international de Mode, Photographie et Accessoires dans son nouveau format automnal, du 13 au 19 octobre. Concours, expos, défilés officiels de créateur·trices et officieux de fashion VIP. À suivre à la Villa Noailles et sur les comptes Instagram les plus hype du moment.
Fiesta des Suds à Marseille : Elle a débuté hier mais il vous reste encore deux jours pour vous plonger dans la joyeuse atmosphère de ce festival iconique où flotte encore un parfum d’été. Étoiles multiculturelles et bon esprit garanti. À l’Esplanade du J4 à Marseille.
5 étoiles à Monte-Carlo : Dans le cadre du Festival des étoilés, proposé par Monte-Carlo Société des Bains de Mer, Yannick Alléno invite l’étonnant Bruno Verjus (études de médecine, chef d’entreprise en Chine, journaliste, écrivain, cuisinier autodidacte, double étoilé pour sa Table parisienne, bref, un OVNI) en son Pavyllon à l’Hôtel Hermitage Monte-Carlo pour un dîner à 4 mains qui promet d’envoyer du bois. Le 15 octobre. Pour réserver, par tél ou par e-mail et pour en savoir plus sur le festival ici.
Mersey beaucoup Mougins : Derniers jours pour voir la formidable rétrospective de Tom Wood au Centre Photo de Mougins. Journée spéciale le 15 octobre en partenariat avec le festival L’image Satellite, visite commentée de l’expo, projection du film d’Emmanuel Bonn sur le photographe et rencontre avec le réalisateur. Programme complet du festival ici.
De bonnes saveurs à toute vapeur
Bio-nutritionniste et naturo-thérapeute. Le CV de Marion Kaplan suffit à expliquer que le Vitaliseur, magnum opus de notre prosélyte du goût et de la santé, n’est pas né d’une séance de DIY créatif à la maison. Depuis 1985, son cuit-vapeur, mis au point avec l’ingénieur chimiste André Cocard, est une merveille de cuisson douce et rapide, respectueuse des propriétés des aliments. Étendue et peaufinée au fil des années, sa gamme est aujourd’hui une référence et s’expose à Toulon, fief de l’experte es-manger sain, dans le cadre de l’étonnant Télégraphe, lieu de vie et de culture, dont le restaurant Beam! Mené de main de maître par Arnaud Tabarec, fait chaque jour la démonstration non seulement du talent du chef mais aussi des propriétés gastronomiques du Vitaliseur. Bref, en ces temps de vigilance alimentaire autant qu’énergétique, voici une innovation made in Sud qui mérite d’être testée (si pas encore fait) et adoptée, avec ou sans col roulé.
Saint-Honoré, les tabliers de sapeurs
Si vous aimez vous saper, que vous poussez l’élégance jusqu’au homewear, sans doute vous laisserez-vous séduire par cette maison Saint-Honoré qui, bien que monégasque, n’habille pas que les multi-étoilés, les pâtissier·es ou les vitrines du faubourg éponyme. Inspiré des solides tabliers d’office et de la tradition toute artisanale de leur fabrication, l’hyperactif Mali Soulé a designé une collection qui donnera du style à toutes vos prestations de masterchef·fe domestique ou de jardinage saturnal. Avec, coquetterie exempte de fausse modestie, la possibilité de broder votre tenue personnalisée. De quoi faire honneur à vos invité·es.
Les nouveaux habits de l’appétit
Dans le Sud, la table est affaire si vivante que les stylistes les plus talentueuses se piquent de l’habiller de façon aussi moderne que réjouissante. On suivait déjà Caroline Perdrix dans ses géniales pérégrinations textiles à travers la Méditerranée (à la faveur du projet Itinérance qu’elle partage avec Alexia Tronel). La voici qui fait équipe avec Alice Moineau, initiée à la déco de haute volée par maman designer et à la cuisine familiale indépassable par papa. Leur binôme créatif baptisé Table, désireux de célébrer aussi bien l’art que le plaisir de manger, nous offre pour l’automne une édition spéciale, qui superpose joyeusement tartans chinés et cousus main à Marseille, toiles multicolores en lin et coton GOTS tissées dans les Vosges, maniques en coton crocheté, accessoires en noyer et frêne made in France et sets de tables en paille d’éléphant tressés par une coopérative de femmes au Ghana. Bref, une capsule pimpante qui nous met en joie et en appétit.
Nouvel éclat de porcelaine
Si vous pensiez Vallauris figé dans une gloire picassienne poussiéreuse, intéressez-vous d’urgence à une nouvelle génération créative qui redonne un nouvel éclat au noble et ancestral métier de céramiste. Dans son atelier, modestement nommé Les Petites Porcelaines, Justine Ribera est l’une de ces figures de proue. Active depuis 2011, à l’issue d’une formation de 6 années dans l’art du feu, elle façonne un univers délicatement féminin à même la terre qui lui évoque les paysages immuables de sa Méditerranée. Formes pures, textures vivantes et nuancées à la sensualité brute et douce, la porcelaine éternelle prend dans ses mains un tour joliment contemporain.
Good collab’ de la semaine
Parmi les nouveaux visages de la céramique qui régénèrent Vallauris, Maureen Stengel-Guillot nous a séduit·es il y a 3 ans (déjà !). Diplômée en design à l’école d’art de Limoges, elle possède un style immédiatement reconnaissable pour ses formes actuelles et ses traits de couleur franche caractéristiques. De son côté, Charlotte Colt nous enchante par ses illustrations néo-classiques qui doivent autant à Matisse qu’à la lumière méditerranéenne. Autant dire que leur collab’, orchestrée par Good Design, est un must que l’on applaudit chaleureusement. Au vu du succès de cette jolie capsule à offrir, nous ne sommes pas les seul·es. D’autres collab’ éditées par Good Design sont à suivre dans leurs showrooms de Marseille et de Nice.
Nourritures terrestres à Marseille
Tiens, décidément, il se passe des choses chez nos ami·es de Good Design. À partir d’aujourd’hui jusqu’au 9 novembre, le showroom GD de Marseille invite le collectif Manufacturistes à présenter une sélection d’objets d’artisanat urbain dont il a le secret, hommage contemporain au savoir-faire ancestral de la cité phocéenne, au côté de nos camarades du magazine Ichtus. Au mur, les images d’Angélique et Nicolas illustrent leur démarche originale d’information qui tend vers la spiritualité et célèbre l’art de vivre marseillais. Une belle nourriture pour les yeux, et l’esprit.
Une table qui ne laisse pas de marbre
La jeune maison d’édition marseillaise Talka Décor, versée dans le mobilier durable, a pris fait et cause pour le travertin. Si vous doutez de la pertinence de leur choix, souvenez-vous que le Colisée de Rome, qui a traversé les siècles et survécu à Bruce Lee et Chuck Norris, en est entièrement constitué. Nul besoin évidemment d’avoir un ego d’empereur romain pour craquer pour leur sublime table haute elliptique, dessinée par Romain (!) Costa. Travertin beige aux belles nuances rosées, finition polie et mate, dimensions 170 x 105 pour 110 kg. Bien sûr, c’est un budget mais vos arrière-arrière-arrière petits-enfants vous diront merci.
Design pointu ou pointu design ?
Poursuivant, avec son prolifique label Margaux Keller Collections, une réinterprétation design des archétypes de sa Méditerranée natale, Margaux Keller (donc) nous offre une nouvelle balade pleine d’esprit. Cette fois, c’est la barquette marseillaise ou pointu qui a inspiré le trait de la créatrice et donné vie à cette table basse construite, comme nous en a habitué MKC, en collaboration avec les meilleurs artisans, en l’occurrence du nord du Portugal. Baptisée Mistral, elle évoque, par son piètement en frêne massif tourné et façonné à la main, les voiles gonflées par notre bon vent du Sud, porteur de beau temps et de vie radieuse. Son plateau en verre, qui suggère la transparence des eaux, est la surface idéale pour un apéro de style, surtout si vous l’accompagnez des verres et carafes que dessine Margaux qui, décidément, sait reconnaître et sublimer l’essentiel.
Grave bon, la recette exclusive d’Anne-Sophie Pic
À l’occasion de la sortie de son nouvel ouvrage « une cheffe dans ma cuisine » dans la collection Marmiton chez Michel Lafon, la Drômoise, cuisinière la plus étoilée du monde, nous souffle une recette qui illustre à merveille son art de perpétuer la tradition en y instillant sa touche de modernité audacieuse et son goût du partage et des rencontres.
Le gravelax de truite de l’Ardèche, betterave, raifort
Pour 4 personnes, coût faible, préparation 40 min, marinage 5 h, cuisson 40 min
Ingrédients
Pour la truite gravelax :
300 g de filet de truite fumé
1 cuil. à café de poivre mignonnette
40 g de sel de Guérande
15 g de sucre
10 g d’aneth ciselé
Huile de pépins de raisin
Pour la panna cotta de raifort :
25 g de crème liquide
7 g de raifort
1,5 g d’agar-agar
100 g de lait
Pour la purée de betteraves :
200 g de betteraves rouges crues
15 g de crème
10 g de vinaigre de Xérès
Sel, poivre
Pour les finitions :
20 g de quartiers de betterave cuite
12 copeaux de betterave crue
50 g d’huile d’olive
15 g de vinaigre balsamique blanc
10 g jus de betterave réduit
Ustensiles :
Film plastique, chinois étamine, mixeur, poche à douille, cuit-vapeur ou Cocotte-Minute
Préparez la truite en gravelax.
Mélangez les ingrédients de la marinade : poivre mignonnette, sel de Guérande, aneth, huile et sucre. Enrobez la totalité du filet de truite de marinade, puis filmez au contact et laissez-le mariner 5 h au réfrigérateur avant de le rincer à l’eau claire. Séchez le filet de poisson, puis taillez-le en fines lamelles.
Préparez la pana cotta de raifort.
Faites tiédir la crème liquide et le lait avec le raifort taillé en brunoise, et laissez infuser environ 20 min. Passez au chinois étamine, faites bouillir avec l’agar-agar. Laissez refroidir au réfrigérateur. Quand l’appareil est figé, mixez-le afin d’obtenir une texture lisse. Rectifiez l’assaisonnement. Réservez en poche à douille.
Préparez la purée de betteraves.
Lavez, puis taillez-en deux les betteraves. Faites-les cuire à la Cocotte-Minute pendant 30 min. Épluchez les betteraves, taillez une partie en quartiers, et mixez le restant pour la purée. Passez-la ensuite au chinois étamine. Salez et assaisonnez avec le vinaigre de Xérès et la crème.
Disposez les tranches de truite dans les assiettes, accompagnées de purée de betteraves et de panna cotta de raifort, en alternant les couleurs. Ajoutez les copeaux de betterave, d’aneth et de jus réduit de betterave.
Miam !
Crédit photo: © MAGMA, Projet Escabeloun
En selle pour la bonne cause
Cela ne vous a pas échappé, Octobre est Rose pour une bonne cause : combattre le cancer du sein. Parmi les nombreuses initiatives des marques et maisons du Sud, une a retenu notre attention car elle invite, pour manifester son engagement, non à cliquer ou s’en remettre à sa carte de crédit mais à littéralement mouiller le maillot. Baptisée Challenge Paris Coquillade, l’épreuve est une randonnée cycliste et met en selle amateurs et personnalités qui quitteront le Château de Versailles le 16 octobre pour finir le 20 par une ascension du mythique Mont Ventoux. Pour rendre ces 805 km plus supportables aux généreux courageux, l’organisateur, Coquillade Provence Resort & Spa, a mobilisé ses homologues sur le parcours parmi les Maisons Relais & Châteaux pour servir d’étape réconfortante et organiser des dîners de gala caritatifs. L’ensemble des dons récoltés et les profits générés par les dîners seront reversés à La Ligue contre le cancer, l’établissement ouvrant gratuitement les portes de son spa le 21 octobre aux femmes en traitement ainsi qu’au personnel soignant. En outre, pour toute réservation, Coquillade Provence (élu meilleur resort de France en 2022 quand même) reverse 15 € à La Ligue. On dit bravo.
Et pour finir, notre bonus musical de la semaine, en hommage anticipé à la réélection triomphale de Monsieur Xi (on n’est jamais trop prudent). Enjoy!