
Édition du 30 septembre 2022
30.09.22, n°127
Serait-ce une réaction à la tonalité très made in France de notre dernière livraison, un appel vers d’autres horizons, inspiré par la formidable aventure de Plastic Odyssey ou tout simplement l’envie d’aller voir ailleurs si j’y suis ? Toujours est-il que cette semaine, notre sélection a l’âme vagabonde et se laisse aller, une fois n’est pas coutume, à vous parler d’autre chose que du Sud. Pourtant, notre région de cœur n’est jamais aussi belle que lorsqu’elle s’enrichit, comme elle le fait depuis des millénaires, d’influences venues du monde entier. En voiture donc, ou plutôt en traîneau, voire en char à voile (pour les moins cramponné·es d’entre nous) pour explorer nos aspirations insolites et rêveuses.

Oh oh chéri au Dojo : Jusqu’à dimanche, la galerie VogelART investit le Dojo, notre espace à Nice. En exclusivité, l’édition de céramiques d’Isa Melsheimer, suite à son exposition personnelle au MAMAC, de nouvelles éditions sur toile de Dietmar Lutz, et une sélection d’œuvres d’artistes émergents, Pola Sieverding, Paul Hutchinson, Gregor Hildebrandt, Felix Schramm, Michael Sailstorfer, Fabian Treiber, Benedikt Hipp et le duo Français Tursic & Mille. Tu viens, chéri·e ?
Destination Cosmos en Provence : Samedi, Cotignac inaugure le seul Grand Prix au monde à impact carbone zéro. Si les inscriptions sont closes, on vous attend en nombre pour encourager les concurrent·es, qui dévaleront sur 1,2 km la descente du sanctuaire Notre-Dame de Grâces en 3 manches chronométrées. Bolides DIY, F1 homemade, construites de toutes pièces en matériaux recyclés ou de seconde main, l’événement est conçu par Lou Calen, l’hôtel de luxe éco-responsable et manifestement animé d’un esprit comme on les aime.
Métiers d’Art et d’Excellence à Aix-en-Provence : Les 1er et 2 octobre au Pavillon Vendôme d’Aix-en Provence, la 5e édition du Salon des Métiers d’Art et d’Excellence met en lumière le savoir-faire des artisans et des Entreprises du Patrimoine Vivant de la région Sud, à travers une sélection de produits et objets locaux et durables, fabriqués en France. Le marché géant sera accompagné de démonstrations, ateliers et dégustations, pour vivre l’expérience du Sud Ôthentique.
Fête des Plantes au Domaine du Rayol :Ce week-end, le Domaine du Rayol, espace naturel protégé de 20 ha pensé par le paysagiste Gilles Clément, organise comme chaque année Gondwana, la Fête des Plantes méditerranéennes, et donne rendez-vous aux pépiniéristes collectionneurs de la région qui exposeront leurs plus beaux arbres fruitiers, vivaces, cactées, plantes aromatiques et tropicales, sur le thème de la Californie. Au programme, expo des œuvres de l’artiste Célia Pernot, sur les conséquences du changement climatique; conférence sur l’acclimatation des plantes californiennes; projection du road-movie « Varlifornia Dreamin’ »; causeries sous l’eucalyptus; visites guidées du Jardin et animations pour les enfants.

Reconnexion avec la nature ? Vous allez être servi·e
Un frais matin d’avril 2023, région de Jukkasjärvi en Laponie suédoise, à 145 km au nord du cercle polaire arctique et environ 17 km à l’est de Kiruna, siège du parlement des Saami de Suède, diaspora nomade ancestrale et fascinante. 20 équipages avec chiens de traîneaux reçoivent les dernières consignes pour ce qui s’annonce comme l’aventure de leur vie – et peut-être la vôtre ? – soit une périple de 300 km into the wild et la toundra, qui les conduira à travers Sevujärvi, Kattuvuoma, Råstojaure et Pälstsa – au cœur de l’une des plus vastes zones de permafrost en Europe – pour finir leur course sur les rives des fjords norvégiens à Signaldalen. Bivouac à la belle étoile, températures avoisinant parfois les –30°C, matériel ramené à l’essentiel, les conditions s’annoncent aussi extrêmes que l’excitation de vivre une semaine hors du commun. La solide autant qu’éthique marque suédoise Fjällraven fait sans doute déjà partie de votre panoplie de loisirs sportifs outdoor mais vous n’imaginiez pas qu’elle puisse vous conduire aussi loin. Si vous aimez Jack London (et Sylvain Tesson) ou Alexandra David-Néel autant que les vêtements et accessoires de la célèbre marque au renard bondissant, vous aurez déjà l’eau (et le givre) à la bouche. Pour participer à cette aventure ? Un live briefing est organisé sur le site de l’expédition le 23 octobre prochain (ça vous laisse le temps de vous motiver) et un parcours virtuel en 3 étapes via Instagram permettra d’identifier les futur·es aventurier·es, dont les profils seront dévoilés lors d’un autre événement live le 23 novembre. À vous les forêts de montagne septentrionales, les lacs gelés et l’aride toundra, vous nous ramènerez des images.

Pendant ce temps-là, si on chillait à Barcelone ?
Loin des hordes touristiques qui submergent la ville jusqu’à l’écœurement, des it-adresses rutilantes et innombrables partys nocturnes trop bruyantes, une maison catalane cultive un art de vivre discret, infusé de Méditerranée. Son enseigne est autant invitation que profession de foi : Let’s Pause. Oublier croissance infinie, surconsommation, luxe clinquant pour retrouver le plaisir de quelques objets essentiels à la beauté artisanale. Plongeons ici avec délice dans l’univers d’Albeiro Camargo, artisan colombien qui perpétue la tradition et les techniques ancestrales avec ses pièces uniques fabriquées à partir de fibres végétales organiques. Son hamac Albeira, qui utilise la fique (plante succulente reconnue pour sa résistance à la sécheresse et sa palette de couleurs à l’état brut) est entièrement tissé main. Vous ne trouvez pas ça reposant ?

Adoptons le style du pays le plus heureux du monde.
Dans l’élan de reconstruction de l’immédiat après-guerre, le Danemark prend conscience des fléaux qui déjà dégradent sa qualité de vie : pollution industrielle, dépendance au charbon, urbanisation anarchique, déracinement. Il se dote alors d’une vision planificatrice à long terme pour répondre aux défis qu’imposent son territoire aux 444 îles, aidé en cela par une génération bénie de créateurs mythiques que sont Arne Jacobsen, Hans Wegner, Finn Juhl, Poul Kjærholm ou Børge Mogensen. Si l’on se baigne allègrement aujourd’hui dans le port de Copenhague ou que le pays utilise jusqu’à 75 % d’énergies renouvelables pour sa consommation énergétique, dont 48 % pour le seul éolien (contre un maigre 7 % pour la France), c’est le fruit d’un engagement durable, fondé sur un rapport intime avec la nature, un génie créatif doublé d’une maîtrise technique. Aussi, lorsque Bolia, respectable fabricant de meubles, créé en 2000 à Aarhus, capitale du Jutland et 2e ville du pays, brandit le drapeau du nouveau design scandinave, on peut s’attendre à du sérieux. Solidité des matériaux naturels, subtilités de la palette de couleurs, évidente justesse des formes, l’harmonie qui se dégage de ses collections les rendent aussi essentielles sous le ciel danois que désirables sur nos rivages méditerranéens. Preuve que le bonheur se cache souvent dans une émotion esthétique.
Crédit photo: © Bolia, Alp Soft Collection Forma Arcs, Grove.

Une énergie renouvelable découverte outre-manche
On pensait la Grande Bretagne au plus bas économiquement et moralement. Le Brexit pèse sur l’économie, l’inflation bat des records, les welsh corgis sont orphelins d’une maîtresse qui emporte avec elle les derniers feux d’un empire mondial, le crash éclair et spectaculaire d’un gouvernement post-thatchérien voit le 10 Downing Street plus down encore qu’au temps du festif Boris. KO, le UK ? Not at all. Car, du côté de Middlesbrough, sur les côtes de la Mer du Nord, ville de taille moyenne qu’on ne connaissait guère jusqu’à lors que pour son relativement peu étincelant club de football, a été mise au point une nouvelle forme d’énergie renouvelable, qui dit-on serait en outre la clé de la santé et du bonheur. Rien que ça. Fondée un beau jour de 2019 par Carole Armitage, la start-up au nom de code très 007 de 80Noir Ultra nous prend par surprise en faisant du Royaume le nouveau champion du chocolat. Dosée à 80% en cacao mais tout en douceur et onctuosité, bourrée de sérotonine qui influence positivement l’entrain et l’humeur, la recette 80Noir Ultra est pauvre en sucre, dépourvue de graisse végétale, huile de palme et autres arômes ajoutés. Disponible à tout moment en tablettes à croquer, perles pour chocolat chaud fumant, barres énergétiques, l’arsenal est complet. Finie charge mentale, oublié spleen brumeux, black is the new happiness.

Fêtons dignement la Journée mondiale du Saké
Dans la préfecture de Shizuoka, la Colline Calme, baignée de cent-trente cours d’eau, dont des affluents du fleuve Fuji, une auguste brasserie excelle depuis des temps anciens dans l’art de distiller le saké. Et pas n’importe lequel : l’authentique Daiginjo, élaboré à partir de 50% au moins de polissage (processus qui consiste à débarrasser le riz de toutes ses impuretés). Depuis 18 générations, le même savoir-faire se perpétue, puisant les secrets du subtil breuvage dans une eau qui a mis 70 ans à traverser les laves sédimentées du Mont Fuji, idéalement filtrée et parfaitement équilibrée en acidité. Pourquoi s’offrir sans attendre ce noble coffret en bois où se niche le charmant flacon de verre fait main, savamment enveloppé dans son furoshiki enluminé d’un dragon chevauchant un nuage ? Parce que le 1er octobre se fête la Journée mondiale du saké, pardi. Courez donc dans notre ambassade japonaise préférée, à Monaco, vous saisir de la précieuse bouteille que vous offrirez en geste de gratitude extrême ou savourerez en guise de voyage immobile. Et si votre soif de Japon s’avère inextinguible, faites un tour au Musée des Arts Asiatiques de Nice pour y retrouver les paysages d’Hokusai ou réservez votre table pour un dîner sans doute inoubliable à quatre mains proposé par Alain Ducasse dans son triplement stellaire Louis XV à l’Hôtel de Paris Monte-Carlo, où le chef Emmanuel Pilon reçoit la maison de saké Shichiken de Yamanashi. Décollage, le 27 octobre prochain. En attendant, début décembre, le salon Made in Japan à Monaco pour vous en donner à cœur joie
Percer les secrets ancestraux de la cuisine en Sicile
Dora Maugeri est un personnage hors du commun, de ceux dont la rencontre vous marque durablement. Son domaine ? Les cuisines historiques et néanmoins vastes et parfaitement équipées de l’aristocratique villa Rocca delle Tre Contrade, quelque part entre Taormina et Catane, les sommets enneigés de l’Etna et la mer Ionienne. Flanquée d’un chef étoilé, Dora inculque à quelques heureux·ses convives les secrets immémoriaux de la cuisine de mamma sicilienne, entre prodiges de simplicité culinaire roborative et philosophie de vie apte à convertir les plus ascètes d’entre vous. Du 15 au 22 octobre, par exemple, une poignée d’hôtes, clients de l’impeccable site The Thinking Traveller, partageront leur bonheur entre cours de cuisine, détente au bord de la piscine à débordement, verre à la terrasse panoramique voire, pour les plus acharné·es, partie de tennis, histoire de se mettre en appétit pour le prochain repas. Si vous rêviez de visiter la Sicile, ce n’est pas forcément l’adresse à choisir : vous ne la quitteriez sous aucun prétexte.
Crédit photo: © Francis Amiand

Redécouvrons le décor des Princes à Monaco
Dans le secret d’un chantier de restauration hors norme, le Palais Princier de Monaco s’est préparé à révéler au public roturier que nous sommes de nobles et inattendus nouveaux joyaux qui rendent sa visite plus recommandable que jamais. Artisans d’art et restaurateurs ont ainsi mis à jour un ensemble exceptionnel de fresques de la Renaissance italienne, couvrant une surface de 600 m2, magnifique découverte que complète un nouvel accrochage de peintures peu ou jamais vues, provenant des collections historiques des Princes. Un patrimoine exceptionnel à redécouvrir après parfois 5 siècles d’éclipse mais avec une certaine urgence, avant le 13 octobre.
Crédit photo: © Chambre d’Europe Plafond, grotesques, © Photo Maël Voyer Gadin, Palais princier de Monaco.
Et pour finir, notre bonus musical, en hommage à celui qui est parti retrouver Saint John Coltrane au firmament du jazz libre et spirituel. Enjoy!