Édition du 02 septembre 2022
02.09.22, n°123
Cette fois, on a vraiment tout débranché, en mode prophylactique d’urgence. 122 numéros au compteur la tête dans le guidon, les fléaux combinés de la canicule et des hordes touristiques, dont on ne saurait dire qui est le plus à craindre, des problèmes d’eau, de gaz et d’électricité à tous les étages, ça vous vieillit prématurément une rédaction. Autant dire que le redémarrage est laborieux. Mais quelque chose nous dit que nous ne sommes pas les seul·e·s dans cet état. Alors, suivez-nous dans cette livraison de non-rentrée un peu foutraque, inspirée par un événement marseillais dont les vacances nous ont fait manquer le début mais qui reste à savourer jusqu’à dimanche, l’œcuménique et roboratif KoussKouss Festival. Patinons donc ensemble gaiement dans la semoule, sans oublier l’harissa, la kémia, l’anisette et les belles assiettes du dimanche. On parlera chiffon la prochaine fois. Allez, bonne rentrée, c’est déjà le week-end.
KoussKouss géant à Marseille :La KoussKouss Festival est de retour à Marseille. Pour cette 5e édition, « Piment & Harissa », le mot d’ordre est le partage. Sélection de livres de recettes, cuisine à quatre mains, courses pimentées, harissa tour et autres festivités dans la rue du Musée rebaptisée Kouss.Kouss pour l’occasion, le centre ville prend des allures de grand couscous. Et jusqu’à dimanche, une centaine de tables, établissements de prestige, brasseries, bistrots et échoppes de bouche revisitent ce plat méditerranéen à vocation sociale, apte à élever la cuisine des Suds au rang de véritable discipline artistique.
Le chant de vignes : Jusqu’au 18 septembre, Les Musicales dans les Vignes de Provence mêlent arts d’excellence et plaisirs délectables, celui de déguster un bon vin et de découvrir des talents artistiques, venus du classique, du jazz et de la sono mondiale. Une quarantaine de domaines du Sud ouvrent leurs portes pour la 10e édition du festival oeno-musical, en partageant avec joie le fruit de leur labeur. Ce week-end, un verre à la main, prenez place sur l’un des transats qui annoncent la couleur –rosé – et savourez la musique cubaine du Groupe Latin Clan, vendredi au Domaine des Féraud, le Récital Chopin Patrick Zygmanowski, samedi au Domaine la Font des Pères, et dimanche, le son de Gospel Var au Château de Bellet.
Surchauffe en Méditerranée : Jusqu’au 8 octobre, les trois écoaventurières du Projet Azur, Anaëlle Marot, Solène Chevreuil et Philomène le Lay, sillonnent les côtes de Menton à Marseille en kayak, à la nage et en trail, pour alerter et informer sur l’urgence climatique et la surchauffe de la Méditerranée, qui a atteint cet été des températures records. Elles récoltent au passage les déchets, qui seront ensuite quantifiés par l’association MerTerre, et transformés en bijoux colorés par le talent de Sauvage Méditerranée. Samedi, elles font escale à Coco Beach à Nice, de 9h à 11h. Suivez l’expédition vertueuse sur @ProjetAzur, et soutenez-la sur projetazur.com (pour contribuer à protéger la biodiversité marine), et voir votre nom apparaître sur la coque des embarcations (pour l’égo).
Farandoles à Montpellier : L’association montpelliéraine Microgram organise quatre jours de festin le temps d’un festival, dans quatre lieux de la ville, avec expositions, rencontres littéraires, dégustations, DJ set, bref, une farandole d’événements autour des arts culinaires. Programme du week-end : ce soir est dédié aux amuse-bouches, chez Régal, dégustations de bières locales avec atelier de décoration d’assiettes et double expo torchons illustrés et fanzines du Fond du frigo. Samedi, vernissage de l’exposition Assiettes partagées à En traits libres, et dimanche Buffet végétal & musical chez Mireille.
Un bon coup de grain sur nos tables
Et puisqu’on pédale dans la semoule, autant qu’elle soit bio. Comme souvent dans le Sud, cette histoire de goût débute par l’arrivée en Provence d’une famille transalpine qui décide de mettre à profit sa culture culinaire pour fabriquer des pâtes alimentaires, en pionnière du genre. Depuis, l’entreprise a largement su se mettre à la couleur locale, en adoptant pour patronyme les Moulins de Provence chers à Daudet, tout en veillant à répondre aux attentes d’aujourd’hui : bio, sans gluten, gamme vegan à base de légumes, sans jamais perdre l’esprit artisanal des origines. Notre choix de la semaine s’est porté, grand couscous oblige, sur leurs spécialités de semoule, garanties digestes et savoureuses. Sarrasin, petit épeautre, lentille corail, pois cassés ou pois chiche, prenez-en de la graine.
Crédit photo: © Taboulé de couscous sarrasin Moulin de Provence, @farinedetoiles
Réjouissons-nous, la vie a encore du piquant
Le monde se divise en deux catégories : celle qui aspire à une vie calme et celle qui rêve de la pimenter. Si (comme nous), vous appartenez à la seconde catégorie, notre pioche de la semaine devrait réjouir vos papilles en quête de sensations et vos tablées post-caniculaires qui ne seront pas contre une sympathique élévation de la température conviviale. Bien sûr, les exégètes de la langue piquante tenteront de comparer cette harissa bien propre sur elle à celle de Tata Jeannette. Sachez, pour couper court, que cette recette inédite est le fruit de mois de recherches en cuisine et que son fabricant, dont le nom – Tada Hada Pilpelta – évoque irrésistiblement un célèbre chant de réjouissance (que l’on ne se privera pas d’entonner en fin de repas et que l’on révisera au préalable en écoutant notre bonus de la semaine), a été adoubé par le très sérieux Collège culinaire de France. De quoi relever notre moral de rentrée et nous réchauffer en ces temps pré-pénuriques.
L’apéro, c’est clair comme du Cristal
Certes, il ne peut rien contre le réchauffement climatique. En revanche, il fait merveille pour nous rafraîchir depuis des générations, pour peu qu’on sache le consommer avec un tant soit peu de modération, sa blancheur inimitable évoquant la banquise dont on oubliera, le temps de l’apéro, qu’elle fond presque aussi vite que notre bouteille de Limiñana. Et si la modération n’est pas votre fort, osons suggérer la nouvelle version du célèbre Cristal titrant 0 degré d’alcool. Faites confiance à cette illustre entreprise, fondée à Marseille en 1884, pour avoir mis dans ce nouveau flacon tout son savoir-faire et les saveurs caractéristiques de la boisson que l’on pourra enfin partager avec les enfants (n’en déplaise à Tata Jeannette). Un plaisir transgénérationnel donc comme le confirme ici cet exemple plutôt inattendu.
Souriez, c’est tout bio
D’ordinaire, nous préférons les peties épiceries et les primeurs confidentiels, voire les étals éphémères qui font bzzz et refleurissent dans nos villes. Pourtant, il faut bien reconnaître qu’une grande surface qui a choisi pour enseigne Marcel & Fils, qui a vu le jour dans le Sud, loin des mastodontes GMS, qui s’engage à rémunérer au prix juste ses producteurs, le plus souvent voisins, à veiller de même à l’environnement autant qu’à notre santé et notre bien manger et qui, pour ne rien gâcher, se préoccupe d’égalité professionnelle homme-femme au sein de l’entreprise suscite notre sympathie et mérite le détour. Et si le sourire qu’elle affiche comme marque de fabrique est au rendez-vous, y compris à 3 minutes de la fermeture des caisses, alors, chauffe Marcel et vive le bio quand il est sincère.
La nouvelle capsule de combat de Sakina
Un joyeux brassage multiculturel et coloré, voilà à quoi ressemble la mode de Sakina M’Sa qui, depuis 15 ans, creuse un sillon exemplaire de vision et d’engagement, sous l’œil bienveillant de ses muses marseillaises que furent Maryline Bellieu-Vigouroux et Geneviève Sevin-Dœring. Son super concept-store parisien Front de Mode avait déjà prouvé son éclectisme, que confirme cette collection capsule de pimpants objets déco pour Maisons du Monde. Une marque dont le nom fait forcément écho à l’univers de la créatrice et qui produit cette mini-collection vitaminée qu’il faut se presser d’aller voir dans les magasins de l’enseigne du 14 septembre au 4 octobre. Art de la table, textile, pettes pièces décoratives, c’est beau et c’est utile. Conformément à l’esprit de Sakina, inlassable militante, l’intégralité des bénéfices sera reversée à une association de lutte contre les violences faites aux femmes. Exemplaire qu’on vous disait.
Passez à l’eau de fruit, ça donne bonne mine
Shampoing doux à l’eau de pomme ou purifiant à l’eau de citron et concombre, gel douche hydratant à l’eau de figue, énergisant à l’eau de pamplemousse ou nourrissant à l’eau de pêche, soin lavant intime doux à l’eau d’abricot, lait corps hydratant à l’eau de raisin blanc, on pourrait penser que Julie Ducret a pris notre salle de bains pour un marché de Provence et on aurait bien raison. Car l’idée qui a germé en elle un beau jour de 2009 est désormais mûre à souhait : associer les bienfaits contenus dans les fruits et légumes bio invendus, qu’elle rachète aux producteurs français, à des principes actifs à l’efficacité reconnue en cosmétique, tels acide hyaluronique, prébiotiques et huiles végétales précieuses dans des conditionnements malins en plastique recyclé réutilsables. Une chose est sûre : avec sa pétillante gamme aux formules gourmandes et naturelles, Pulpe de Vie ne nous prend pas pour des poires et ça suffit déjà à nous dérider.
Crédit photo: © Soin lavant intime doux, @PULPEDEVIE
L’ex-président, lui, est passé au rose
Est-ce un hommage au Rosebud de Citizen Kane ? Une pique revancharde destinée à faire couler le sang des derniers socialistes encore vaillants ? Derrière le nom et le caractère de Roseblood, nouvelle cuvée racée du Château d’Estoublon, se cache la marque de ses nouveaux co-propriétaires, ex-Président de la République et Madame. On reconnaîtra facilement Monsieur en écoutant l’œnologue maison décrire ce rosé de haute lignée : un nez expressif, des notes de grenade, une attaque vive, une belle tension tout en minéralité. Vous avez trouvé ? Un indice : c’est Carla elle-même qui a pris part à la réalisation de cette cuvée qui adoucira sans doute – et aussi bien qu’un doux cigare Hamlet – les tracas qui guettent encore Nicolas.
Reflets dans un cœur d’argent
Quand elle n’a pas l’œil au smartphone pour blinder son compte Insta de blogueuse hyperactive ou les mains dans la cire végétale de soja pour façonner à quatre mains (les deux autres sont celles de sa sœur Amandine) ses collections de bougies Candlebox Provence, Aurélie Coulet dessine des bijoux qui parlent aussi bien aux yeux qu’au cœur. Joncs haïkus, bagues mantras, manchettes manifeste, chaque pièce de sa nouvelle collection baptisée Baie des Anges dit quelque chose de sa Maison Constellation, un peu de tendresse dans ce monde de brutes, délicatement gravée dans l’argent 925. Des messages de paix ou d’amour à porter, diffusés depuis son atelier provençal d’Orgon, et qui nous parviennent en lignes presque droites à la faveur d’un design actuel et séduisant. L’argent et l’amour font enfin bon ménage.
Design mutant
Constitué des artistes designers Magalie Rastello et Marcelo Valente, le studio Magma développe des projets collaboratifs d’intérêt commun, à partir de ressources locales varoises. En quête perpétuelle de matériaux bio sourcés et de nouvelles techniques, leur conception associe tradition et numérique. Témoin, cet Escabeloun en grès noir imprimé en 3D, émaillé à la cendre sur le modèle d’un billon de chêne-liège brûlé lors du tragique incendie du Massif des Maures en août 2021. Leurs travaux récents sont à voir au Domaine Aspras, jusqu’au 16 septembre. magmastudio.co
Crédit photo: © MAGMA, Projet Escabeloun
Fleurs en bataille
Attention, derniers jours pour aller voir l’exposition Flower Power au 109, conçue par Marie Martaens et Cédric Teisseire dans le cadre de la Biennale des Arts de Nice (sans oublier au passage d’aller voir Le Courage des Oiseaux, la belle expo de La Station). Profitons-en pour vous rappeler les autres rendez-vous de cette Biennale à butiner, du Musée des Beaux-Arts au Musée Matisse, du Palais Lascaris au Musée de la Photo, du Musée Masséna à celui d’Archéologie avec une mention spéciale pour Les Fleurs du Mâle au Musée d’Art Naïf, sur un commissariat remarqué d’Elodie Antoine.
Crédit photo: © Mimosa Echard, Bisoufleur, 2019. C-print, latex, colle, tissu | 60.4 x 42.2 x 1.4 cm |, Courtoisie de l’artiste et Galerie Chantal Crousel, Paris. Photo – Florian Kleinefenn.
Et pour finir, notre bonus musical, à entonner joyeusement (avec ou sans Tata Jeannette). Shalom !