
Édition du 29 juillet 2022
29.07.22, n°122
Pour notre dernière livraison de la saison (avant extinction aoûtienne des ordis et de la clim, coucou M. le Ministre), nous nous sommes posé cette question : rester sobres et éthiques ? Nous offrir un craquage estival tant il est vrai que l’été est propice à l’insouciance et aux incartades sans lendemain, car après tout, nous ne sommes pas de bois ? Dans l’impossibilité de choisir, nous avons pioché un peu des deux pour constituer une sélection dans laquelle nous vous laissons le soin de savoir qui est qui et d’apprécier nos repérages avec modération ou carrément goulument. Sur ce, on vous laisse. Bel été.

Hymnes à l’hôtel Amour : Jusqu’au 11 août, la plage de l’hôtel Amour à Nice accueille des artistes et DJ stars pour taper du pied sur les galets tout l’été. Samedi soir, c’est au tour de Breakbot & So Me de déferler sur la plage le temps d’un DJ set, et dimanche (comme tous les dimanches soir), le groupe Tamo Junto nous transporte au Brésil au son de la samba. Tudo bom.
Fiest’A Sète : Jusqu’au 6 août, le plus éclectique des festivals revient pour nous faire voyager face à la Grande Bleue. Pour cette 25e édition, le Fiest’A Sète accueille plus de 200 artistes de tous horizons pour que résonne la sono mondiale. Ce dimanche, la virtuose franco-brésilienne Dom La Nena – Ayo fera l’éloge des “femmes du monde”, unissant au diapason sa voix, le violoncelle et l’assemblée.
Jazz à l’Hôtel de Caumont : Tout l’été, l’Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence invite quand vient le soir le Jazz en ses jardins, les mercredis et samedis à partir de 19h30. Réservez votre place pour la prochaine session, samedi 30 juillet, où le trio Olivia Jazz’n co revisite les classiques, d’Ella à Miles, de Nougaro à Sinatra, accompagné au piano par Philippe Rosengoltz, professeur au JAM.
Plages Électroniques à Cannes : Du 5 au 7 août sur les plages au pied du Palais des Festival à Cannes, le top de la techno, de la pop et du hip-hop se retrouvent pour trois jours de festival électro-balnéaire. David Guetta, Martin Garrix, Paul Kalkbrenner, Charlotte De Witte, Damso, Bon Entendeur, Vladimir Cauchemar, Oboy et bien d’autres artistes se succèdent pour une programmation de rêve, sur la plage, le rooftop, la terrasse du Palais des Festivals, et même sur l’eau. Halleluyah. plages-electroniques.com.
Pugnaire et Raffini à la Casa, à Oletta : Jusqu’au 29 octobre, La Casa Conti – Ange Leccia, le centre d’art d’Oletta dédié à l’image animée et à l’art d’aujourd’hui, accueille, sur une proposition de Fabien Danesi, une rétrospective des films réalisés par le duo Florian Pugnaire & David Raffini, depuis leur rencontre à la Villa Arson. L’exposition mêlant sculpture et vidéo dévoile l’ensemble de leurs « œuvres évènements » qui donnent à voir le processus destructif inhérent à l’acte même de création.

Nouveaux reflets de Méditerranée
Pour sa nouvelle collection capsule, la jolie marque de bijoux, Bonanza Paris mêle la beauté brute des perles de culture d’eau douce au gold filled 24 kt. Résultat, une série de pièces aux reflets étrangement hypnotiques, comme le chant fascinant des créatures mythologiques qui l’inspirent. Imprégnée depuis toujours de Méditerranée, la créatrice niçoise Chloé Bechini a choisi d’installer son nouveau showroom dans sa ville natale, au plus près de ses inspirations créatives, où de précieux fragments de nature fossilisée se portent comme autant de liens indéfectibles avec l’éden originel.

Marchons contre le plastique
Corail est une jeune marque de sneakers upcyclées qui collecte sa matière première sur les plages de Marseille. agnès b. est un label de mode bientôt quinquagénaire dont la créatrice s’avère également passionnée de mer et à l’origine de la fondation protectrice de la biodiversité Tara Océan. Leur rencontre, évidente de style et d’éthique, est une collection capsule au design minimaliste, conçue à partir de plastique récupéré en Méditerranée par des associations et pêcheurs marseillais. Un pas tout droit vers le zéro déchet et le chic durable

Comment sauver sa peau en toute légèreté
Comme le vent de fraîcheur qu’elles insufflent depuis leur apparition sur le marché des soins beauté, les sœurs Thomsen nous revigorent avec cette Eau De Soin Sublimante, à diffuser sur le visage en un nuage délicieusement parfumé. En plus de son effet instantanément rafraîchissant – dont on ne saurait se passer en ces temps caniculaires – la merveilleuse brume à base de néroli, basilic et menthe verte, enrichie en acide hyaluronique et en glycérine végétale, rééquilibre le pH de la peau, hydrate en profondeur et renforce la barrière de l’épiderme tout en laissant le teint frais et lumineux. Bref, un authentique génie à glisser dans tous les sacs cet été.

Hot maroquinerie
Après des années formatrices au sein de grandes maisons de couture, Coralie Amsellem s’est lancée il y a 9 ans avec sa marque éponyme Coralie – Paris. Pour tracer sa voie singulière, elle imagine son propre matériau, un alliage déposé fait de « Mélangé » Or et Argent, dont sont notamment composés Mr & Ms, ses premiers bracelets unisexes au design original zippé qui font parler et connaissent le succès en un éclair. Attirée par la haute maroquinerie, elle poursuit ses recherches, invente ses propres nuances pour les cuirs exotiques qu’elle travaille et dans son atelier marseillais, crée des sacs et accessoires au style sauvage assumé, comme le Mini-Hepburn, auquel s’enchaîner de trois façons différentes. Si le normcore vous fatigue et que vous n’êtes pas contre un brin d’audace créative, le reste est à suivre sur coralie-paris.com.

On en pince pour ces maillots
Depuis 20 ans, Cédric Sarpi, créateur de Blue Lobster laisse libre cours à sa créativité pour des designs swimwear qui sortent du lot (et de l’eau), et savent épouser le corps de toutes les femmes. Unis ou imprimés, sobres ou chamarrés, ses modèles sont pensés pour révéler toutes les personnalités. Léopard sauvage tapi dans la brousse, faune mystérieuse au cœur d’une forêt tropicale, créatures marines aux abords d’une plage, ou encore paysage exotique des rues de Rio de Janeiro, quelle sera votre prochaine incarnation ?
Passez à l’ethnicolor
Plongée par sa mère dans la mode depuis l’enfance, nourrie par ses voyages et sa curiosité pour les traditions et les savoir-faire des minorités ethniques, Caroline Lissoir s’évertue à les perpétuer à travers iKKim’O, sa marque slow fashion qui honore les tissages artisanaux d’Indonésie et Asie du sud-est. Mention particulière pour son nouveau panier chic en raphia du Maroc, une collab’ avec la marque Mana, avec pochon réversible en coton réalisé avec les mêmes tissages que ses Kimonos, et sa jolie broderie main à personnaliser de vos mots, même français. À retrouver à la boutique du Château de la Messardière à Saint-Tropez.

Giacomo ou le retour du fils prodigue
Sera-t-il prophète en son pays ? En à peine 7 ans, le Monégasque Tigrane Seydoux, flanqué de son acolyte Victor Lugger, exégète hors pair de la cuisine italienne, a transformé les levers de rideau de son groupe Big Mamma, 17 ou 18 au compteur, tous différents, tous hautement instagrammables, en irrésistibles succès, depuis le carton (à pizza) instantané de East Mamma à Paris, jusqu’aux foodies de Londres, ravis au nez et à la barbe de Jamie Oliver, en passant par le gastrodrome festif de la Station F, plus grand restaurant d’Europe, ou plus près de nous encore, le joyeux Splendido, récemment allumé à Marseille. Pour son retour en Principauté, le fils prodigue peut compter, en plus d’une déco qui emprunte à nouveau à l’extravagance kitsch d’une Italie fantasmée, sur un spot de rêve, baigné de soleil et les pieds dans l’eau. Cadre idéal pour que la formule maison – carte transalpine larger than life et accueil chaleureux avec les mains – s’épanouisse comme jamais. Pour autant, le serial restaurateur, dont le paternel Jacques Seydoux de Clausonne a dirigé la Société des Bains de Mer de Monte-Carlo et livré une biographie titrée « Je me suis bien amusé », pourra-t-il lui succéder en talent et légèreté ? À vous de juger à présent. Trattoria Giacomo, plage du Larvotto, Monaco.

La divine prémonition du transistor
Menton, août 1949. Un jeune musicien hongrois trompe son exil dans les ruelles de la vieille ville. Du parvis de la Basilique Saint-Michel de Menton, il admire la vue plongeante sur la mer. Plus encore que le contraste éblouissant des couleurs méditerranéennes, c’est une bien étrange musique qui le captive et le ravit à sa contemplation. D’un petit transistor posé sur le rebord d’une fenêtre filtre une sonate pour violon de Bach, interprétée, il le sait, par Jascha Heifetz. Saisi du syndrome de Stendhal, André Böröcz décide à cet instant de se dévouer corps et âme à la création, en ces lieu et place, de ce qui deviendra le premier festival de musique de chambre en plein air de France. 73 années plus tard, le Festival de Menton s’est enrichi de nombreux millésimes de qualité, d’autres lieux dans la ville, dont l’esplanade des Sablettes au bord de l’eau, et d’un nouveau directeur artistique, le chef d’orchestre Paul-Emmanuel Thomas, qui signe une nouvelle édition digne de l’étincelle magique d’origine. Du 29 juillet au 13 août. À ne pas manquer, même si vous n’aimez pas Stendhal.

Casa de cœur, Fuego de joie
Avec le Festival de Menton (lire ci-dessus), vous tenez en outre une excellente occasion de réserver votre table dans cette flamboyante cantine, attisée en saveurs et bonne humeur familiale par les équipes de Mauro Colagreco. Sachez tout de même qu’un dîner avec vue imprenable sur la baie de Garavan et le grill rougeoyant de Casa Fuego se passe largement de prétexte tant il mérite à lui seul le voyage. Carte d’inspiration italo-argentine, à l’image du maître de la casa, viandes maturées avec une précision d’orfèvre, déco chaleureuse et accueil à l’avenant, voilà le seul feu qui trouve grâce à nos yeux et papilles, histoire d’exorciser le souvenir des flammes de cet été girondin à deux pas d’une maison (le triplement stellaire Mirazur) exemplaire de conscience environnementale.
Crédit photo: © Marion Butet

Sur les traces de Jessica Rabbit au CRAC Occitanie
Saintes ou martyres, vierges ou nymphomanes, putes ou chastes, les femmes qui peuplent les films de l’artiste Pauline Curnier Jardin résistent avec aplomb au chaos du monde, donnant corps à une nouvelle forme de sexualité qui défie le genre et les normes sociales – jusqu’à échafauder une mythologie du temps présent. Humour noir, grand guignol et érotisme y apparaissent non comme le fruit d’un fétichisme factice mais comme révélateurs d’une âpreté sociale dont on ne saurait s’affranchir qu’au travers de célébrations païennes et carnavalesques. L’exposition du CRAC à Sète, qui débute par une installation monumentale, est l’occasion d’une immersion inédite par son ampleur dans l’univers de l’artiste. Pour la peau de Jessica Rabbit, jusqu’au 8 janvier 2023.
Crédit photo: © Pauline Curnier Jardin, vue de l’exposition Pour la peau de Jessica Rabbit, Crac Occitanie, Sète, 2022. Fat to Ashes, Arena-Installation, divers supports dont échafaudages en acier, panneaux de bois, mousse, tissu et paille. © Pauline Curnier Jardin et Ellen de Bruijne Projects. Photo : Aurélien Mole.
Et pour finir, notre bonus musical, qui vous invite à une petite expérience amusante : postez-vous sur le parvis de la Basilique Saint-Michel à Menton, envoyez le son et vous nous direz.
Bel été !