Édition du 08 juillet 2022
08.07.22, n°120
C’est officiel. Depuis mercredi matin, tout le monde est vert. Même le nucléaire (rallumez Tchernobyl) et même le gaz (ce bon vieux fossile non renouvelable). Une fois encore, l’Europe et ses Eurodéputés lavent plus vert et les lobbys sont ravis. Pour sa part, Vladimir pourra continuer d’engranger les milliards pour financer sa sale guerre via ses gazoducs désormais porteurs d’une énergie durable (sorry Volodymyr) et Areva, espérer se renflouer (merci M. le Président) après ses déconvenues (bien renouvelables, elles) avec l’EPR finlandais. Alors, à notre tour aussi d’être vert·e·s, mais de rage, vous l’aurez deviné. Sinon, pour un peu de vrai vert (et finir la lecture du dernier rapport du GIEC, intégral ou résumé in english of course, voire la synthèse de l’incontournable et néanmoins édifiant Thomas Wagner aka Bon Pote), allons faire un tour dans les Jardins du Rayol-Canadel (notre couv), en hommage à Gilles Clément, auquel l’EAC de Mouans-Sartoux consacre une expo (voir ci-dessous). Ou bien du côté de Vars (Hautes-Alpes), dans la réserve naturelle du Val d’Escreins. En priant le ciel pour ne pas y croiser d’Eurodéputé.
Calvin rocks again : De samedi à mardi, la fête, la musique et la danse reprennent leurs droits dans la baie de Calvi pour la 18e édition du festival Calvi on the Rocks qui a propulsé la ville corse au rang de dancefloor balnéaire ultime. Cette année, après les restrictions passées, un profil intimiste qui n’empêche pas une belle programmation. Attention toutefois au reflux de la vague C19 même si, c’est bien connu : Acqua di Balagna Chi leva ogni magagna. (l’eau de Balagne élimine tous les maux).
Ensérune ressort de terre : Dans le Sud, le Centre des Musées Nationaux ne chôme pas et rouvre au public le site remarquable de l’oppidum d’Ensérune dans l’Hérault, avec en prime réaménagement du musée, ajout d’un bâtiment d’accueil et réorganisation du parcours de visite. Cette semaine, the place to be date de 550 avant JC. Si c’est pas du tourisme durable.
Deux fois Mouans-Sartoux :L’Espace de l’Art Concret, en collaboration avec le Domaine du Rayol, Canadel-sur-Mer (83, notre image de couverture) rend hommage à Gilles Clément, le plus célèbre des paysagistes français, le jardinier qui jardine le moins possible, pour dialoguer plus intimement avec la nature. En parallèle, et à ne pas manquer, les Machines Aveugles d’Anne-Valérie Gasc, artiste connue pour son travail de démolition des schémas de l’art comme des certitudes d’une architecture sociale. Vernissage samedi, expos à partir du 10 juillet.
Dilemme à Nice : Si vous n’êtes pas à Mouans-Sartoux, venez nous rejoindre au Dojo à Nice pour le finissage de l’expo You don’t need another plant : l’envie d’aimer, qui servira également de soirée de lancement du nouveau numéro de la revue Turpentine, en présence des artistes qui la réalisent.
Epicène vs anthropocène
Son nom, la tendre marque de vêtements pour enfants Epiko le doit à une étymologie grecque qui signifie « possédé en commun ». En clair, des vêtements conçus comme un patrimoine familial, à partager sans limite de genre ou de génération. Des vêtements qui pensent aussi, au-delà du cercle familial, à ce que nous partageons de plus précieux, à savoir, la planète. Après s’être formée dans de prestigieuses écoles de mode parisiennes puis goûté les joies de la maternité, Sarah Gomez a choisi de s’installer à Vaison-la-Romaine pour puiser ses inspirations créatrices au plus près de la nature. Fabrication locale, matières certifiées, séries courtes, engagement zéro déchet, ses jolis modèles de facture classique s’affranchissent des saisons pour exercer leur charme durablement. Et refabriquer du bien commun.
Les enfants vont aimer faire leur toilette
Vous en voulez, vous, du paraben, du phénoxyéthanol, des phtalates, du formaldéhyde ou toluène, BHT, voire MIT ? Que nenni et Julie, pas plus que vous et nous. Nous avions déjà mis en lumière sa Chouette marque, made in Manosque, toute propre, vegan et kids friendly à la rentrée dernière. Voici qu’elle offre à nos têtes blondes et épidermes délicats un nouveau savon solide et un savon liquide coco karité. En flacon, pas en cornet. On hulule de joie.
Nouvelle tendance mode, la transparence
Rassurez-vous, ce n’est pas vous mais les marques que l’appli Clear Fashion, cofondée à Marseille par Rym et Marguerite, entend mettre à nu. Raison de plus pour la télécharger d’urgence si vous ne l’avez pas encore fait, avec sa nouvelle identité visuelle qui perd en fantaisie ce qu’elle gagne en détermination, pour passer à la question toutes les étiquettes. Histoire de vérifier si elles sont aussi vertueuses qu’elles le prétendent ou plutôt greenwasheuses tendance eurodéputé. De fait, de plus en plus d’entreprises de mode se prêtent au jeu et acceptent d’être évaluées. La voie vers l’empowerment vestimentaire et la fin du consommateur (fashion) victime ? Keep going girls!
Et si l’avenir du monde et des entreprises s’appelait Exil (loin de la rue principale) ?
Poursuivre le profit de même qu’un impact positif, c’est possible. Sans forcément être à mission ou certifiées B Corp, toutes les entreprises peuvent devenir vertueuses. Loin des gourous et des méthodes au parfum de marketing, une société niçoise, s’inspirant de sa propre expérience, lance un programme de transition à l’usage des entrepreneur·e·s. Son nom, Exil. Son credo, effacer les repères pour en trouver de meilleurs. Premier départ, du 18 au 22 juillet, Monastère de Ségriès (04).
Tremblez moustiques, l’Inventrice Européenne de l’année est à Montpellier
On a beaucoup parlé de notre nouveau médaillé Fields mais peu de Claude Grison, lauréate du Prix de l’Inventeur Européen 2022, décerné par l’Office Européen des Brevets à Munich le 21 juin dernier. Et pourtant, les recherches qu’elle mène au CNRS à Montpellier ont permis à son équipe d’exploiter les capacités des plantes à absorber les métaux lourds pour dépolluer les sites miniers et, plus encore, à réutiliser les métaux capturés par ces mêmes plantes comme écocatalyseurs pour produire de nouvelles biomolécules à l’usage de l’industrie chimique, pharmaceutique et cosmétique. Un exemple concret ? BioInspir, la start-up lancée par la chercheuse, également entrepreneure, a conçu un spray anti-moustiques bio, naturel et fabriqué en France à partir de cette méthode d’écocatalyse. Il s’appelle Crusoé et il est efficace non seulement vendredi mais aussi jour et nuit, toute la semaine.
Le Val d’Escreins, une réserve à adopter
Par réserve, il faut entendre discrétion et respect. La seule bonne façon de s’immerger dans cet espace de pure nature, accessible depuis le 4 juillet dans le parc naturel du Queyras, non loin de Vars dans les Hautes-Alpes. Culminer aux 3 385 m du pic de la Font Sancte, remonter le torrent du Rif Bel, arpenter en famille le sentier didactique du Tétras-Lyre, vivre une nuit sous les tipis du refuge de Basse Rua avec dîner ou petit déjeuner traditionnel, en tout 200 km de flore, de faune, de bonheur grand relief à parcourir sur la pointe des pieds, les yeux et le cœur grands ouverts.
La Citadelle, nouveau centre d’art à Villefranche-sur-Mer
Pour inaugurer son ambitieux programme d’expositions, La Citadelle, nouveau centre d’art de Villefranche-sur-Mer, invite Jean-Baptiste Bernadet. Comme la relecture par l’artiste de la Côte d’Azur et des lieux mêmes qui l’invitent, l’exposition crée un dialogue entre le bâtiment et le paysage environnant. Du néon signalétique évoquant les galères qui sillonnaient autrefois ces rivages, au drapeau qui flotte au-dessus des remparts, en passant par une série d’œuvres aux allures de tondo abstrait en lave émaillée ou un mural en hommage à Agnès Martin, la déambulation offre à voir les magnifiques jardins qui surplombent la baie. Jusqu’au 4 décembre.
Plages, cabanes et coquillages, Cannes version Varda
« L’eden existe ». Ce mantra sert d’acmé au merveilleux court métrage Du côté de la côte, commandé en 1958 à Agnès Varda (pas encore palmedorisée à Cannes pour son chef-d’œuvre Cléo de 5 à 7) par l’Office du Tourisme français pour promouvoir la Riviera, et dont on se demande encore comment il a pu être accepté en l’état, tant il stigmatise avec un esprit ravageur les dérives du tourisme de masse et de l’argent roi. Cette ambivalence entre regard joyeux et point de vue critique, voire désabusé se retrouve dans la double expo que le Pôle d’Art Contemporain cannois consacre à la cinéaste, photographe et plasticienne, dont l’univers créatif se déploie entre le Centre d’art La Malmaison et la Villa Domergue. À voir dès aujourd’hui.
Et pour finir, notre bonus musical de la semaine qui vous consolera peut-être de ne pas avoir vu de tétra lyre dans le Val d’Escreins. Enjoy!