BONNES NOUVELLES DU SUD, n°149, 31.03.23
Si mars, dieu de la guerre, a porté son lot récent de violence préoccupante, comptons sur avril pour nous remettre dans le droit fil. Et en particulier, misons sur la journée du 1er pour nous redonner le goût de la farce et de la facétie (vous connaissez notre attachement aux traditions et savoir-faire français). Mais d’où vient le poisson d’avril ? Symbole des premiers temps de la chrétienté ? Bugs des calendriers médiévaux quand la date marquait encore le premier jour de l’année ? Évocation du régime maigre de carême ou de la pêche respectueuse des cycles naturels ? Personne ne saurait jurer de rien. Une chose est sûre, l’heure est au poisson et à l’été depuis samedi dernier. Il faut en profiter.Sinon, réjouissons-nous, c’est la première livraison du printemps et notre site web a fait peau neuve pour notre anniversaire (découvrez-le ici). Le monde d’après méritait bien ça.
Samedi 1er et dimanche 2 avril, vins de Bellet et Toques Brûlées à Nice.
5 domaines de l’AOP Bellet, le vin de Nice, et 10 chefs membres des Toques Brûlées, présidées par l’ineffable David Faure, vous attendent au kiosque à musique du jardin Albert 1er. Dégustations, shopping gourmand et musique live. Entrée gratuite de 11h à 19h. Boisson d’avril ! Les détails ici.
Samedi 1er et dimanche 2 avril, Journées Européennes des Métiers d’Art.
Ce week-end, des dizaines d’ateliers et d’événements vous invitent à fêter les talents, le fait main et l’objet à supplément d’âme. Si à Hyères et Toulon, les ateliers d’Emma Bruschi, designer agricultrice que l’on adore, sont déjà complets, trouvez votre bonheur ici.
Vendredi 7 avril, Olivier Dubuquoy au Télégraphe, Toulon.
Inlassable pourfendeur des boues rouges en Méditerranée, le réalisateur, militant et docteur en géographie Olivier Dubuquoy vient témoigner d’années de lutte environnementale victorieuse. Le talk, dédié à ses aventures (qui ne bassinent personne) est à réserver ici.
Samedi 8 avril, Atelier Simone au Castel, La Ciotat.
D’une ancienne chapelle, Camille Lhomme a fait un loft hyperactif, qui enchaîne ateliers et rencontres créatives au top. Samedi prochain, atelier Indigo et Shibori – version japonaise du tie and dye – avec Laëtitia Costechareyre AKA Atelier Simone. Samedi 22 avril, atelier couronnes de fleurs avec Pauline Adamski de Flowery Feeling. En attendant la venue de la fée du tissage, Julie Robert, samedi 29 avril. Cliquez vite vous inscrire. La Ciotat rocks !
Jusqu’au 13 mai, Perrine de la Bretesche à la galerie Depardieu, Nice.
Poussant la blancheur laiteuse d’un Massimo Vitali par-delà la surexposition, Perrine, ex-DA voyageuse, nous convie dans l’étrangeté d’un univers suspendu, dont la clarté fantomatique confine à l’abstraction. Plus d’info ici.
Jusqu’au 28 mai, (sup)portez le jean 100% français de 1083 sur Ulule.
Il y a 10 ans, Thomas Huriez faisait sur la plateforme de financement participatif Ulule le rêve de relocaliser un projet textile en France, dans la Drôme. Une décennie plus tard, 1083 est un modèle de réussite et lance une campagne anniversaire pour le premier jean 100% made in France, du coton au bouton. Un élan national à retrouver ici.
Le 6 et 7 mars, Le Thor et samedi 8 avril, Vedène, Beatbox Symphony.
On connaissait Les Indes Galantes remixées façon krump par Clément Cogitore, découvrez l’étonnante rencontre d’un répertoire classique (Beethoven, Haydn, Bartok, Rameau) et de Robin Cavaillèz, human beatbox primé. Une proposition des plus sérieuses sous la baguette magique de Debora Waldman, cheffe de l’Orchestre national Avignon Provence, à apprécier en famille. Infos et résa par là.
Nécessité est mer(e) d’industrie
Pour commencer, Leïla a appris à nager à son chérubin. Ensuite, elle s’est mis en tête de le protéger des vilains rayons du soleil. Vous imaginez la suite. Elle a cherché, n’a pas trouvé et a donc inventé, au prix de 3 ans de recherche et avec un authentique talent, une collection vitaminée de maillots anti-UV pour nager dans le bonheur en toute sécurité. Petits Kiwis, sa marque française de vêtements de bain et d’accessoires pour enfants, utilise des matériaux recyclés, assemblés au sein de deux ateliers bordelais et catalan pour vous assurer une transparence aussi claire que l’eau de la Méditerranée quand on l’a débarrassée (entre autres) des bouteilles plastiques, justement utilisées pour créer le tissu à la base de ses maillots. Pour que les souvenirs de plage ne soient jamais cuisants, chaque pièce assure une protection UPF50+ tout en laissant nos petits kiwis libres de leurs mouvements. Ajoutez une dose de fraîcheur charmante, de jolis imprimés qui appellent les beaux jours, un packaging recyclable ou compostable et vous obtenez le succès de l’été, à découvrir en ligne en attendant de faire plouf.
Crédit photo: © Petits Kiwis
Polaroïds de jeunes filles au bord de la mer
Inspirée par ses souvenirs heureux d’enfance littorale et les images d’un temps où l’instantanéité jaillissait d’un petit boitier trapézoïdal avec un doux chuintement mécanique, Camille Dallacosta a fait un jour le grand plongeon de l’entrepreneuriat pour matérialiser son rêve sous le sirénien label Seadolls. Depuis Marseille, la créatrice signe une panoplie balnéaire atmosphérique, comme dévoilée à travers les verres fumés de solaires aviateur, nimbée de lumière cuivrée et dont l’esprit rétro revisité fait la séduisante modernité. Chaque modèle est confectionné dans son petit atelier provençal, pour préserver le patrimoine immatériel autant qu’immémorial de nos Polaroïds balnéaires et, bien sûr, le savoir-faire local, loin des standards de la fast-fashion. Pour sa nouvelle collection Sea, Seadolls and Sun qui assagit Gainsbourg et nostalgise nos plages, l’azuréenne a choisi des matières douces et texturées, aux couleurs du soleil. Notre coup de cœur ? Le top Gaia, en velours stretch et ajustable pour s’offrir trois styles différents en une seule pièce. Un indispensable au parfum 70s, pour bronzer vintage sous le soleil méditerranéen.
Crédit photo: © Seadolls
Du nouveau sur l’affaire JFK
5 ans après la tragique parade en convertible de son époux présidentiel, Jackie Kennedy troquait, à la surprise générale, le décorum WASP de Cape Cod contre les ors rutilants de yachts néo-hellénistiques en épousant (le non-aristotélicien) Onassis, lui-même en rupture de Callas. Qui aurait parié que cette improbable idylle donnerait un jour naissance à une poissonnerie à manger et à une table cachée quelque part dans Marseille ? Personne sans doute. Sauf Georges Mohammed-Chérif, l’homme par qui le buzz arrive. Depuis le quartier de Malmousque, son imagination fertile a enfanté un lieu hybride où l’on peut se fournir en produits de la mer, extra frais cela va sans dire, mais aussi, privilège exclusif, les consommer. Une arrière-cour intimiste, parfaite pour savourer ses huîtres de Giol, oursins des Goudes, bonite du Frioul, et son verre de blanc à mille lieues de tout Zapruder, mais aussi, plus insolite encore, derrière une porte dérobée et une volée de marches, une taverne un peu secrète où le chef Joffrey Bohaër (passé chez Mory Sacko) s’entend à sublimer une pêche miraculeuse, relevée en 5 escales, de Marseille à Alexandrie. On goûtera donc la poissonnerie Kennedy et la table Onassis. L’embarcadère est au 245, Corniche Président John Fitzgerald Kennedy. Paix à son âme et bon appétit.
Crédit photo: © @agathewhatyouneed
On n’a pas fini de vous tanner avec les projets vertueux.
Lancer une tannerie française de cuirs marins, c’est le projet un peu fou de Benjamin Malatrait, Gauthier Lefébure et Emmanuel Fourault, qui se sont rencontrés sur les bancs des écoles de chimie et d’ingénierie. Depuis Lyon, leur entreprise Ictyos offre au cuir de maroquinerie sa mue vertueuse. Leur secret ? Un procédé végétal unique qui permet de tanner les peaux de poissons issues de l’agroalimentaire, pour obtenir une matière hypoallergénique, à l’odeur légèrement boisée et qui se patine noblement avec le temps. Ok, le cuir de poisson est connu depuis le VIIe siècle au Japon et a été popularisé par le sieur Galluchat dans la France de Louis XV. Mais la force d’Ictyos aujourd’hui est d’exploiter les peaux de poissons les plus diverses, spécialement celles destinées à être jetées, collectées en circuit court pour limiter l’impact carbone. Truite, saumon, les cuirs marins obtenus à partir de ces matières premières courantes s’avèrent résistants malgré leur finesse, offrent une large gamme de couleurs et de finitions, et ouvrent de nouvelles vagues créatives comme en témoignent les déjà nombreuses collab’ de nos tanneurs maritimes. Ainsi Nilau, marque française de haute maroquinerie responsable, consacre toute une collection à leur cuir de saumon. Les horlogers lyonnais TenTimes parent leur collection S du même cuir de saumon Squama. Quant à la marque de chaussures Karl & Max, c’est capital, elle a imaginé une collection de sneakers vertueux, pour marcher d’un pas sûr vers un monde plus égalitaire.
Crédit photo: © Ictyos
Poiscaille, la pêche on line
Poiscaille, c’est une vague étonnante qui porte en un clic et jusque dans nos assiettes le meilleur de la mer. Le principe ? Des paniers de poissons et de fruits de mer, sur le modèle déjà bien connu des primeurs, issus d’une pêche durable, sauvage et 100% française. La performance ? Garantissant J-3 maximum du pêcheur au consommateur, la start-up bat des records de fraîcheur en achetant directement « au cul du bateau », supprimant ainsi les intermédiaires pour privilégier la qualité des produits mais aussi une rémunération plus juste des professionnel•les de la pêche (faites-leur coucou ici). L’entreprise a ainsi déjà ramené dans ses filets quelque 22 000 abonné·es qui reçoivent chaque semaine, quinzaine ou mois, un ou plusieurs casiers (chacun équivalant à un repas pour 2 à 3 personnes), livrés à domicile ou en point relais tout près de chez vous. Si vous préférez choisir votre pêche, une sélection à la carte est aussi proposée. Pour surfer sur la pêche en ligne ou tout savoir de la démarche durable de Poiscaille, naviguez sur son site internet. Cerise sur le turbot, la maison Poiscaille nous réserve un petit bonus de circonstance, à découvrir ici.
Crédit photo: © Poiscaille
Bonne pêche dans le Vieux Nice
Addition prometteuse au paysage street-foodique niçois, encore trop souvent dévolu à la socca molle et au bagnat SNCF, le Fish Bar d’Aurora et Diego vient juste de jeter l’ancre dans un angle du Vieux Nice pour y débarquer ses joyeux tapas, exclusivement élaborés à base de produits de la mer. Dans leur épuisette, tataki de thon au sésame sauce yakitori et grenailles, ceviche de dorade, lait de coco, mangue et pickles de légumes, ou encore, signature maison, sardines marinées à l’ancienne sans oublier, les croquetas de la mère, dont on ne saurait séparer le maritime du maternel. On a envie d’aimer leur mouchoir de poche bleu et blanc, où les accords poissonniers et vinicoles se nouent du déjeuner jusqu’au soir en passant par l’afterwork, à se lécher les doigts dans la convivialité et la gourmandise. Bon vent donc aux deux capitaines du frêle esquif Fish Bar amarré 42, rue Droite, puisse-t-il mettre le cap vers notre plaisir durable.
Crédit photo: © Fish Bar
L’écoféminisme a le vent en poupe
Amoureuse de la mer et de sa biodiversité, Nathalie Ille quitte podium et paillettes pour réaliser son rêve : devenir marin. Passionnée de navigation, la Marseillaise fonde en 2011 l’association Women for Sea, avec l’objectif de préserver les écosystèmes marins et côtiers. Pour cela, la capitaine de bord s’entoure de femmes, expertes du nautisme, scientifiques et même artistes, pour concevoir des programmes de sensibilisation à la protection de la mer. Son prochain projet, l’Odyssée des Possibles, expédition d’un mois reliant la Seyne-sur-Mer à Calvi, entend amplifier les voix de ces navigatrices engagées face aux enjeux écologiques et sociaux actuels. Chaque semaine, un nouvel équipage de huit expertes partira sillonner la Méditerranée et le littoral corse. Résolument engagée et féministe, Nathalie Ille s’associe à son amie Deborah Pardo pour créer en 2018 l’association Earthship sisters. Une organisation entièrement féminine visant à révéler le leadership des femmes pour accélérer la transition écologique. Soufflant le bon vent de la sororité, ces éco-ambassadrices venues de tous horizons professionnels, sociaux et géographiques, s’unissent pour vivre une aventure unique, connectées à la nature et sa fragilité. Si vous aussi, vous voulez prendre la vague, candidatez à la prochaine promo. Et si vous êtes avide d’aventures à l’autre bout du monde, suivez l’épopée maritime, The Famous Project, d’Alexia Barrier et son équipage 100% féminin. Skippeuse multirécompensée, l’azuréenne se lance un nouveau défi : battre le record du Trophée Jules Verne en 2025, à bord d’un multicoque Ultim. Un challenge sportif et humain, qu’elle partage sur Instagram, pour inspirer les générations futures en mettant en valeur l’égalité des genres, le dépassement de soi et le travail d’équipe. #lesfemmesàlabarre
Crédit photo: © Elise Ortiou Campion
Vacances, je n’oublie pas tout
Associer légèreté et écoresponsabilité ? C’est le crédo de Virginia Dausque, fondatrice du label marseillais Vaïba. Passionnée de plongée et de fonds marins, la jeune entrepreneuse souhaite redéfinir nos vacances en militant pour un tourisme durable, inscrit dans une démarche éco-participative, soucieuse de l’environnement. Sortie en catamaran, cours de paddle, rencontres avec des personnalités inspirantes, engagées pour les océans… Des séjours initiatiques sur le littoral méditerranéen, parenthèses inédites, qui font rimer déconnexion et préservation de la vie marine. Bientôt, Vaïba proposera des sacs et pochettes éco-conçus en fibre de bouteilles plastiques recyclées, pour mettre vos affaires de plage à l’abri et votre pierre à l’édifice.
Si vous préférez lâcher prise le temps d’une journée, Céline Handy, créatrice de l’agence Ōzyo (« oisiveté » ou « repos » en italien) a imaginé de nouvelles expériences de retraites gourmandes et régénérantes, dans des lieux de charme au cœur de la Provence ou sur le pont d’un fier voilier sous le vent. Au programme : yoga, déjeuner de chef·fe ensoleillé et flânerie ou farniente. Un moment hors du temps, pour faire le vide et se concentrer sur son propre voyage personnel. Pour participer aux prochains séjours Ōzyo, c’est par ici.
Crédit photo: © Vaïba
Pare-battages médiatiques
Après avoir tiré des bords, toutes voiles dehors, dans le webmarketing ou l’immobilier, la très énergique Béatrice Sosna connaît deux escales majeures dans sa circumnavigation personnelle. La première, mémorielle, ravive l’émotion d’une lointaine croisière à bord du bien nommé voilier Butterfly, papillonnant en Méditerranée. La seconde, plus brutale, porte le millésime C19 et éveille en elle tout à la fois le désir de création et la nécessité d’action face à l’urgence environnementale. L’idée lumineuse de son Atelier Poupe naît d’un oxymore qu’elle découvre un jour : les pare-battages ou défenses qui équipent l’extérieur d’un bateau, destinés à le protéger, mettent en péril l’environnement en n’étant pas recyclés mais enfouis ou, pire, brûlés. Pourtant, ces objets portent en eux un potentiel design qui n’échappe pas à la jeune créatrice et qu’elle s’emploie depuis à valoriser avec intelligence dans son atelier marseillais. Mi tatouages, mi moucharabieh, les dessins microperforés qui ajourent la matière même en font de brillants luminaires, à la fois risque tout et pièces uniques, que Béatrice propose même de personnaliser. Variété de formes, liberté des motifs, indoor ou outdoor, le potentiel créatif de cet upcycling assez génial semble illimité. Aussi vaste que les horizons que cette amoureuse de la mer entend bien continuer d’explorer.
Crédit photo: © Atelier Poupe
Rejoignez vite le Paradis en Rose
Sebastian Vogel et son partenaire Simon sont d’authentiques amoureux de l’art et des artistes. Installés au Dojo (notre espace à Nice) jusqu’à demain soir seulement, ils exposent le travail de leur atypique galerie munichoise, qui produit des éditions d’artistes internationaux de très haute qualité, réalisées le plus souvent à exemplaire unique et retravaillé par l’artiste. Dans leur Paradis en Rose, deux travaux nous ont particulièrement frappé·es. Les fascinantes photographies de l’artiste allemande Pola Sieverding (notre image) et surtout, le projet du collectif danois Superflex, série de 30 céramiques originales en dégradé de rose et à l’étrange texture spongieuse, tiré d’une proposition de sculptures immergées pour le port de Copenhague, destinées à restaurer l’écosystème sous-marin. Depuis 30 ans, les artistes de Superflex produisent d’étonnantes œuvres vidéo, des expériences et des œuvres plastiques, en relation avec le monde scientifique, dans une seule optique : faire de l’art pour les poissons. Ou, plutôt, considérer le monde du point de vue d’un poisson. Une pensée inspirante pour l’avenir de la planète. Venez vite voir. Les détails ici.