Mode

Jeanneret. Le fada de la chaussure

Voici le premier mocassin envisagé comme une mini-architecture, dessiné à Bordeaux, façonné en Anjou, cousu avec précision dans le respect de l’artisanat et des belles matières qui ne demandent qu’à être réveillées.

En signant en 1923 son célèbre manifeste Vers une architecture, Le Corbusier mettait en marche le mouvement moderniste. Pensait-il alors qu’à un siècle de distance, l’influence de son « Esprit nouveau » s’exercerait jusque sur nos pieds ? Quelque part à Bordeaux, une marque a pris pour nom le patronyme même du célèbre architecte (aka Charles-Édouard Jeanneret) et entrepris d’appliquer les principes de son esthétique fonctionnelle et visionnaire à l’univers de la chaussure. Premier né de cette révolution à petit pas, le mocassin Tonkin, objet marchant non identifié, est une mini-architecture à porter et activer, un pied devant l’autre. Une ligne audacieuse et assumée, comme tracée en écho aux volumes francs du maître de La-Chaux-de-Fonds.

Chez Jeanneret, le respect des principes du Corbusier va jusqu’à épouser son attachement à l’artisanat, lui qui était issu d’une lignée d’artisans et formé lui-même aux métiers d’art. Chaque paire se voit ainsi confectionnée en Anjou, dans l’atelier familial des Malinge, sabotiers depuis 1889, labellisés Entreprise du Patrimoine Vivant. Le cuir, lui, provient exclusivement des stocks dormants de maisons de luxe, réveillés et mis à disposition des jeunes maisons de maroquinerie par la start-up Adapta. Une garantie de qualité et de confort qui rassurera celles et ceux que la référence au « fada » aurait pu inquiéter. La seule chose qui soit en béton chez Jeanneret, c’est le courage d’oser des lignes nouvelles dans un univers bien conformiste.

© DR

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