Société

Biodivertissez-vous, c’est la saison

Depuis le 11 mai, votre périmètre vital a été élargi et va désormais au-delà du couloir de la cuisine. Ne nous dites pas ce qui vous manquait le plus, on le sait déjà : de l’espace, de la nature, de l’air pur et de la verdure. Depuis deux week-ends, c’est la ruée vers la campagne et la moyenne montagne. Voici donc quelques pistes pour aller vous mettre au vert en redécouvrant au passage les merveilles de parcs naturels dont notre région est championne. Sans oublier une bonne paire de chaussures et surtout, un sac pour collecter vos déchets. On compte sur vous.

9 parcs naturels à explorer en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Vue en coupe transversale, reproduite sur la brochure des Parcs Naturels Régionaux de Provence-Alpes-Côte d’Azur, la topographie de ces hauts lieux protégés pourrait bien évoquer un genre d’électrocardiogramme. Il faut dire que la découverte de ces 9 espaces uniques a de quoi faire battre le cœur et danser les globules rouges, boostés à l’oxygène. Partant du niveau de la mer, la courbe traverse les étendues infinies de Camargue, pour dessiner successivement les pics des Alpilles, chères à Daudet, de la Sainte Baume, fascinant monolithe hiératique, rejoint ensuite le riche Luberon, les Baronnies Provençales, qui brillent jusqu’en région Rhône-Alpes, et le Mont Ventoux nouvellement labellisé, passe par le gorgeous Verdon et d’un saut atteint les Préalpes d’Azur avant de culminer au sommet du Queyras haut-alpin.

Si vous y ajoutez les 4 Parcs nationaux – des Calanques, Port-Cros, du Mercantour ou des Écrins – dont notre région s’enorgueillit, ces espaces biologiques préservés s’étendent sur près de la moitié du territoire régional. Une couverture qui va jusqu’à 60%, si l’on considère les autres zones naturelles protégées tels le Grand Site de France de la Sainte-Victoire, les Réserves naturelles nationales et régionales – comme le cirque du grand lac des Estaris dans le massif du Champsaur, les coussouls de la Crau aux portes d’Arles ou la plaine des Maures varoise – et autres Espaces naturels sensibles départementaux, Géoparcs UNESCO, sites du Conservatoire du Littoral, du Parc marin de la Côte-Bleue…

Bref, vous l’avez compris, c’est le moment de rendre hommage à notre nature méridionale, la typicité de ses paysages, la richesse de sa faune et de sa flore, miraculeusement rendue à nos yeux par la période du confinement. Une biodiversité unique au monde qu’en l’absence d’un tourisme estival massif, vous pouvez vous réapproprier avec bonheur (et respect).

Le chemin des parcs, à pied ou en selle, tous les bons plans

Pour arpenter ces espaces et entrer en harmonie avec la nature du sud, vous pouvez décider de vous perdre into the wild et vous laisser guider à l’instinct comme par un retour délibéré à l’état sauvage. Vous pouvez aussi, plus sûrement, consulter le site web cheminsdesparcs.fr. Passant en revue les 9 parcs naturels régionaux, le site recense pour chacun d’eux des dizaines de parcours suggérés, classés par type de pratique – pédestre, cycliste et même équestre –, par niveau de difficulté, de l’urbain.e fraîchement déconfiné.e à court de forme jusqu’aux randonneurs les plus chevronnés.

Chaque parcours s’accompagne également d’une foule d’informations précieuses. La longueur de la boucle, sa durée estimée, ses thématiques – eaux et rivières, patrimoine et histoire, savoir-faire, points de vue, produits du terroir, élevage et pastoralisme, géologie, faune, flore, sommets –, la possibilité d’un guide, les points d’information et quelques indications sur des solutions d’hébergement et de restauration.

D’un point de vue pratique, le site offre des cartographies extrêmement détaillées, avec zoom, affichage plein écran, visualisation de l’itinéraire en 3D, histoire de visualiser le dénivelé avant de vous lancer. Enfin, il se double d’une appli que l’on peut télécharger gratuitement pour smartphone iOS ou Androïd.

Pour parfaire votre connaissance des espaces naturels protégés de Provence-Alpes-Côte d’Azur dans un fauteuil (avant d’aller mouiller votre chemise), le site web cheminsdelabiodiversite.com est une mine d’idées et d’information idéale. En plus des sentiers de découverte proposés – plus d’une centaine à ce jour –, vous y trouverez des photos, vidéos, un agenda des sorties à rejoindre, quelques expositions témoignant de la biodiversité régionale, des chantiers nature, ateliers participatifs, et toutes les fêtes et manifestations qui refleurissent autour de vous.

Portée par les membres du Réseau régional des espaces naturels (RREN), animé par l’agence régionale pour la Biodiversité et l’Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur, cette initiative est soutenue par la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), la Région, le Comité régional de Tourisme et un mécène, le réseau Granulat +, représentant la Région Carrières et Matériaux de Méditerranée, un consortium d’entreprises engagées pour une autre production des produits du BTP.

Pélobate cultripède, Minioptère de Schreibers, Hélianthème à feuille de Marum

La disparition de l’homme dans les espaces naturels ces dernières semaines doit nous rappeler que de nombreuses espèces animales ou végétales, présentes dans notre région, sont elles aussi susceptibles de disparaître, sans espoir de retour pour ce qui les concerne. C’est donc sur la pointe des pieds (ou des pédales) que l’on doit partir à la rencontre de ces symboles d’un temps où l’homme et la nature vivaient en harmonie. L’aigle de Bonelli, rapace méditerranéen, dont quatre couples seulement volent encore majestueusement entre les rayons du soleil. Le vautour percnoptère, mis à mal par les réseaux électriques aériens ou les traitements vétérinaires du bétail, pourtant compagnon efficace et fidèle du pastoralisme traditionnel. Le lézard ocellé, emblème du parc des Alpilles et lui aussi bénéficiant d’une protection internationale. Le pélobate cultripède ou le mioptère de Schreibers, respectivement crapeau victime de la circulation ou chauve-souris sans abris, pourtant essentiels à l’équilibre de l’éco-système naturel.

Nivéole d’été, hélianthème à feuille de Marum, grand éphèdre ou ophrys de Provence sont autant d’espèces végétales endémiques qui font l’objet d’une protection ou d’un soin permanent de la part des responsables des parcs. Mais si votre chemin se fait vertueux et attentif, vous serez largement récompensé.e en retour par la beauté et la richesse des rencontres qui vous attendent. Aimez la nature et elle vous aimera. Rappelez-vous, nous venons d’avoir un exemple de ce que ça donne quand elle ne nous aime pas.

Légende Vautour percnoptère © Bruno Berthémy