Il y a 80 ans, l’avant-garde artistique européenne fuyait la guerre pour les États-Unis depuis le port de Marseille. Si ces artistes, pour la plupart surréalistes, contribuèrent à asseoir la prépondérance de l’art américain dès la seconde moitié du XXe siècle, cette exposition rappelle que le surréalisme infusait déjà outre-Atlantique, inspirant une nouvelle génération d’artistes.
Dans les années 1940, Marseille devient pour quelques mois la capitale du surréalisme. Ses représentants, au premier rang desquels son fondateur André Breton, rejoignent la ville en attendant d’embarquer pour les États-Unis et fuir l’Europe nazie. On sait que cet exode marque un point de basculement dans l’histoire de l’art moderne dont l’épicentre sera désormais le nouveau continent. Pourquoi cette exposition du Centre de la Vieille Charité s’avère-t-elle aussi remarquable ? D’abord parce qu’elle met en lumière le fait que la scène artistique américaine est, dès les années 1930, parfaitement au fait du surréalisme, et démontre une grande vitalité, portée par une génération d’artistes inspirés par l’avant-garde européenne mais nourris de leur propre vision et culture. Ainsi, ces influences s’exprimeront sur près d’un demi-siècle et sous des formes très diverses comme en témoigne l’exceptionnelle sélection de pièces présentées dans l’exposition.
Ensuite, autre (re)découverte, qui bouscule elle aussi la vision traditionnelle du surréalisme, les femmes tiennent une place importante dans ce mouvement aux États-Unis, alors qu’on le considère en général pour ses figures masculines. À travers les décennies, l’exposition donne ainsi une place de choix à des artistes telles que Louise Bourgeois, Maya Deren, Eva Hesse ou Carolee Shneemann. Avec près de 180 œuvres et plus de 80 artistes, ce panorama du surréalisme et post-surréalisme aux États-Unis est une exposition historique à voir sans tarder.
Centre de la Vieille Charité
2, rue de la Charité, 13002 Marseille
ouvert du mardi au dimanche, de 9h à 18h
vieille-charite-marseille.com
musees.marseille.fr
Crédits photos :
Photo principale : Photo principale : Yves Tanguy, Les Cinq Étrangers [The Five Strangers], 1941, huile sur toile, Hartford (Ct), Wadsworth Atheneum Museum of Art © Adagp, Paris, 2021 © Allen Phillips\Wadsworth Atheneum.
1. André Masson, Novalis. Mage d’amour – Flamme, Mars, 1941, gouache et crayon sur papier Canson, avec collage de deux flammes, 27,9 x 16,7 cm. France, Marseille, Musée Cantini © Adagp, Paris, 2021 / Photo Ville de Marseille.
2. Jackson Pollock, Direction, 1944, huile sur toile, 80,6 x 55,7 cm, Venise, Collection Peggy Guggenheim © Adagp, Paris, 2021 © Peggy Guggenheim Collection, Venice (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York).
3. Jasper Johns, Pain (Reliefs en plomb) [Bread (Lead Reliefs)], 1969, relief en plomb peint à la main avec de l’huile, 59 x 43,2 cm, New York, Matthew Marks Gallery © 1969 Jasper Johns and Gemini G.E.L. © Jasper Johns / Adagp, Paris, 2021.
4. Maya Deren, Dans les rets de l’après-midi [Meshes of the Afternoon], 1943, film de 14 min sur dvd © Courtesy : Light Cone (Paris).
5. Claes Oldenburg, Genoux de Londres 1966 [London Knees 1966], 1966-1968, multiple, genoux en latex polyuréthane, base acrylique, 2 sacs en feutre cousus, 12 photolithographies dans 3 chemises, étui recouvert de tissu 19 x 43,x 29,5 cm, collection particulière © Courtesy Château de Montsoreau Musée d’art contemporain, photo Philippe Méaill.
6. Louise Bourgeois, Paysage inconscient [Unconscious Landscape], 1967-1968, bronze, patine noire et polie, 30,5 x 55,9 x 61 cm, États-Unis, New York, The Easton Foundation © The Easton Foundation / Adagp, Paris, 2021, Photo Christopher Burke.