Art de vivre

Jamais on n’a vu d’été aussi indien : Arles en mode food, art & design

Été indien(s), cet autre festival arlésien, revient pour une troisième édition avec un thème aussi œcuménique que boulimique : manger ! Un généreux programme mêlant food, art et design, plus inspiré par la tribu Wampanoags que par Marie Laurencin. Explications.

Très loin de Arles, en 1621, la colonie de Plymouth, les célèbres Pères pèlerins, s’emploient à peupler le Massachusetts. Une expansion stoppée net par le scorbut, dû à une carence en vitamine C et dont les effets sont tout aussi désagréables que la sonorité. Ce fléau aurait eu raison de cette communauté sans l’aide précieuse des autochtones, la tribu des Wampanoags, (qui, quant à elle, mérite qu’on s’en souvienne, nonobstant son ethnonyme imprononçable). Les natives, pas rancuniers, initient les colons à la chasse et à la culture du maïs, inspirant, sans le savoir, le fameux proverbe « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson », que Confucius (encore un !) s’appropriera sans vergogne, bien plus tard. Pour saluer ce geste salvateur de la part des indiens, William Bradford, gouverneur de la communauté dûment requinquée instaure trois jours d’action de grâce et organise un grand festin qui scelle l’union de ces deux peuples.

Près de 4 siècles plus tard jour pour jour, le photographe Hervé Hôte, qui connaît sans doute son Wampanoag sur le bout des doigts et par ailleurs initiateur du festival été indiens(s), puise dans les ressources fédératrices et roboratives du festin l’essence d’un bouillonnant festival dont il partage la réalisation avec trois marraines aux doigts de fée et à l’âme d’artiste. Julia Sammut, la fée culinaire, fait chanter nos papilles avec son épicerie “Mangiare“, une ode à la gastronomie italienne, Sonia Sieff, la fée artistique, dévoile sa nouvelle série photographique Bouche à Bouche(s), et Margaux Keller, la fée du design, met en scène sa collection personnelle d’objets artisanaux.

Autour des trois marraines et de leurs espaces se compose un ensemble d’instants délicieux, réjouissants ou étonnants à explorer au gré des ruelles arlésiennes, où déjeuners sauvages, apéritifs et brunchs ponctueront cette déambulation artistique. Si le saumon gravelax et les pancakes à la farine de châtaigne remplacent avantageusement les dindes sauvages et les pigeons de jadis, ce grand festin n’en est pas moins festif et chaleureux. L’action de grâce prononcée par William Bradford trouve ici un écho des plus improbables et réjouissants offrant dix jours d’expériences culinaires et artistiques, de plaisir pour les yeux, le palais et le cœur. Il faut venir explorer les lieux les plus décalés, nichés dans les recoins les plus insoupçonnés – chapelle, galeries, domiciles privés, hôtels, places, restaurants -, et suivre le fil de ce festival qui réunit artistes, artisans, chefs, peintres, musiciens, photographes, épicuriens, philosophes et plasticiens pour célébrer le pouvoir immarcescible de la « table », faire de nous le temps d’une parenthèse utopique d’authentiques indiens.

été indien(s) #3
du jeudi 17 au dimanche 27 septembre 2020 à Arles
eteindiens.com
Programmes à consulter : Programmation Week-end 1 et Programmation Week-end 2