Comme une mise à plat de l’histoire, le MuCEM invite à la redécouverte d’un territoire par sa représentation cartographique.
Récit éloquent d’un passé toujours sensible.
Savez-vous lire une carte ? ‘Made in Algeria, généalogie d’un territoire’ ne convoque pas le sens de l’orientation mais invite à lire et découvrir le témoignage édifiant d’une aventure moderne, débutée il y a plus de deux siècles par-delà la Méditerranée et dont les effets continuent de se faire sentir aujourd’hui : la fabrique coloniale d’un territoire.
Mise à plat par la technique de la cartographie dont le développement est étroitement lié à la conquête et à l’expansion française en Algérie, cette aventure se dessine en creux dans les multiples représentations du pays et de sa terre, que le MuCEM a réunies pour la première fois en une exposition d’envergure.
Si la cartographie revient à l’invention d’un territoire, on peut y décrypter, comme en atteste le récit passionnant que fabrique ici le MuCEM, la psychologie, le mode de vie, l’état d’esprit et le passé des habitants. Car, loin d’être réservée aux spécialistes de la topographie ou amateurs de graphisme cartographique, l’exposition aborde très vite la nécessité de documenter la généalogie de cette aventure et rendre compte de la subjectivité politique qu’elle illustre.
Pour la plupart inédites, les oeuvres contemporaines réunies dans ce parcours, décomposé en quatre temps chronologiques, donnent vie à un autre récit de la conquête, participant d’un contrechamp, qui pourrait être celui du peuple algérien, tant la qualité du patrimoine exposé ne peut occulter la charge de ce qu’il a effacé.
Jusqu’au 2 mai 2016
MuCEM, 7, promenade Robert Laffont, Esplanade du J4, niveau 2, 13002 Marseille, 04 84 35 13 13, mucem.org
Horace Vernet, Prise de Bone, 27 mars 1832 © RMN Grand Palais, Château de Versailles, Gérard Blot
Théodore Gudin, Attaque d’Alger, 29 juin 1830, 1831 © RMN Grand Palais, Château de Versailles, Gérard Blot
Katia Kameli, L’oeil se noie, photographie tirée du film Le roman algérien, 2015 © Katia Kameli